Loi Travail : c'est par où la sortie ?

  • Copié
, modifié à

La presse quotidienne revient une nouvelle fois ce vendredi matin sur la colère sociale qui gronde dans le pays contre la loi Travail.

Ce matin en Une de vos journaux on sent une pointe d’agacement :
Le Parisien : Eh oh, on se calme !
Libération : c’est par où la sortie ?
Mais les Echos douchent tous les espoirs : Loi Travail : Pourquoi le conflit va encore durer ?
Pendant ce temps, l’édition européenne du magazine Politico nous montre un homme en chemise à carreaux et bottes de caoutchouc devant un immense tas de fumier pour nous raconter la destruction de l’agriculture paysanne par la modernité industrielle et son exigence de rentabilité immédiate : la souffrance muette du paysan français.

Conflit CGT gouvernement

On pourrait citer les innombrables conjectures sur la responsabilité de Manuel Valls ou sur l’éventualité d’une réécriture. On pourrait même commenter la tribune hallucinante publiée dans Libération par une cinquantaine d’universitaires pour nous expliquer que le suivisme et la lâcheté médiatique ont permis au ministère de l’intérieur de faire passer pour des casseurs les jeunes gens qui ont attaqué une voiture de police avec, non pas une barre de fer mais un bout de plastique. Mais on s’amusera plutôt des mots de Jacques Juillard dans Marianne: "Le gouvernement déposerait-il un projet de loi sur les migrations des anguilles dans la mer des Sargasses ou sur la conservation des cornichons dans le vinaigre blanc que l’opposition de gauche, avec en-tête des frondeurs devenus des dynamiteurs, s’empresseraient de déposer une motion de censure au nom des vraies valeurs de la gauche bafouées dans la mer des Sargasses". Mais pour comprendre ce qui se joue dans ce divorce, il y a un texte à lire : celui de Coralie Delaume sur le FigaroVox. Elle explique, exemples à l’appui, comment la loi Travail est dictée par les GOPE (Grandes orientations de politique économique) dans le cadre du programme Europe 2020. Et comme le résume Jean Claude Junker (pour qui il n’y a pas de choix démocratique en dehors des traités européens) : "à voir les réactions que suscite la "loi travail", je n'ose pas m'imaginer quelle aurait été la réaction de la rue, à Paris ou à Marseille, si votre pays avait dû appliquer des réformes comme celles qui ont été imposées aux Grecs" "Au sujet du mouvement social actuellement en cours, M. El Khomri a eu ces mots très contestés: "il n'est pas question que l'économie de notre pays soit prise en otage". Ils sont pourtant incontestables: l'économie de notre pays est, depuis longtemps, en situation de captivité. Simplement, "les rançonneurs ne sont pas forcément ceux que l'on croit".

Cantona – Deschamps

Le dernier émoi de la planète football est dans l’Équipe, dans Libération et dans Le Parisien : les citations d’une interview donnée par Eric Cantona au Guardian pour s’étonner que Karim Benzéma et Hatem Ben Arfa selon lui les deux meilleurs joueurs en France, aient été écarté de l’Euro : "Deschamps est peut-être le seul en France à avoir un nom aussi français. Personne ne s’est jamais mélangé avec quiconque dans sa famille. Comme les Mormons en Amérique". Un Français à nom français :louche !

Xavier Niel

Il est le patron qui plaît aux médias. Il est aussi le patron qui possède beaucoup de médias. Xavier Niel a droit à huit pages d’interview dans Society. L’hebdomadaire Politis a consacré il y a deux semaines une enquête au système Free, avec fichages, répression syndicale et licenciements abusifs. Mais le patron sympa répond tranquillement. Avec lui, le libéralisme devient cool, parce qu’il n’y est plus question que de créativité et de salariés qui se donnent totalement pour l’entreprise qu’ils aiment. Il dit putain, se marre, et explique qu’il aime les trucs différents, interdits et dangereux, il évoque sans détour son emprisonnement pour proxénétisme aggravé et son séjour à la Santé, ses séances d’intimidation avec Patrick Le Lay, il aime la loi Travail, et Uber parce que le monde évolue. Il déteste l’establishment, les élites et les grandes écoles et quand l’interview se termine, il conclut par : "attendez, mais je crois que je suis actionnaire de Politis, non ? Il faut que je vérifie". Vu comme ça, c’est sûr, la CGT c’est ringard.

 

Vous ne connaissez pas la République Autonome du Karakalpakstan, capitale Noukous. Le magazine Styliste nous apprend que c’est du côté de l’Ousbékistan et que l’état y a quelques problèmes de trésorerie. Du coup, les enseignants ont été payés en poussins fraîchement éclos. L’an dernier c’était des pommes de terres, des carottes et des citrouilles. En plus, les poussins ont été surévalués. Il faudrait informer Jean Claude Junker. La prochaine fois qu’il se demandera de quoi se plaignent les Français, il aura mieux à leur proposer que la Grèce : l’Ousbékistan.

Les chroniques des jours précédents