La presse quotidienne revient ce jeudi sur "la preuve des vie" des lycéennes enlevées par Boko Haram il y a deux ans.
Ce matin en Une de vos journaux François Hollande a déjà envahi les écrans.
Le Figaro : Hollande : opération survie.
Le Parisien : Lui président, les Français n’y croient plus.
Il faut dire que Le Monde annonce une nouvelle volte-face : le gouvernement renonce à réduire la part de l’énergie nucléaire. Mais il n’y a pas que les Français qui sont déçus.
Même ses plus proches, nous dit L’Opinion, se sentent trahis : le président qui rend fou. Avec un dessin de Kak : Stéphane Le Foll, François Rebsamen et même Jacques Attali faisant la queue pour se faire effacer leur tatouage Hollande forever.
L’émission de ce soir changera-t-elle les choses ?
Libération s’interroge sur l’audiovisuel publique : France Télévisions : une télé sous influence ?
Il y a des évictions en tout cas qui semblent légitimes :
L’Equipe : un choix fort. On ne parle pas du rejet de François Hollande mais de celui de Benzema.
Boko Haram
C’est la Une de La Croix : lycéennes de Chibok, l’interminable attente. Mais c’est surtout le titre de l’éditorial qui est essentiel : ne pas oublier. Parce que, comme nous le rappelle Guillaume Goubert, l’émotion mondiale qui avait suivi l’enlèvement des lycéennes a bien vite laissé place à d’autres informations. Elle aurait même été contreproductive, nous dit-il, dans la mesure où elle a donné du prix à ces jeunes filles. Sur les photos, leurs petits frères et sœurs ont le regard triste de ceux qui portent le deuil. Et l’UNICEF ne peut qu’égrainer les statistiques : "Nous avions relevé quatre enfants kamikazes en 2014. Et 44 en 2015. Sur ces 44, il y a 70% de filles". Certaines ont à peine 8 ans. Dans L’Obs, Sophie Bouillon raconte la vie des 2,5 millions de déplacés, les massacres quotidiens, les enfants terrorisés, le sentiment d’abandon. L’État de Borno, dit un élu de la région, est devenu un musée de l’inhumanité. Le président élu en avril dernier avait promis d’agir. Sa première décision a été d’inviter les troupes tchadiennes à quitter le territoire, assurant que le Nigéria n’avait plus besoin de l’aide militaire de son voisin. En attendant, l’armée ne pénètre même plus dans les zones tenues par les terroristes. "Cinq jours après notre visite dans le camp de Dalori, écrit Sophie Bouillon, les combattants de Boko Haram ont tenté de mener un raid contre les populations déplacées. Ne parvenant pas à s’introduire dans le camp, ils ont attaqué les habitations alentours faisant au moins 86 morts et une centaine de blessés. Selon les témoins présents, on entendait toujours les cris des enfants. Mais cette fois, ils étaient brûlés vifs".
La fabrique du mal
C’est aussi dans L’Obs qu’on trouve un entretien avec le psychiatre Boris Cyrulnik. Une magnifique réflexion sur le mal, sur l’héroïsme et sur le terrorisme. Il cite une phrase de Michelet : "Quand l’État est défaillant, les sorcières apparaissent". Il évoque bien sûr le chaos au Proche-Orient qui fait naître les meneurs d’âmes, ceux qui prétendent avoir la solution. "Dans des conditions dramatiques, un grand nombre de jeunes deviennent ainsi des armes consentantes". Mais il évoque surtout le chaos culturel, ici, en France, qui laisse réapparaître les processus archaïques de socialisation, c’est-à-dire la loi du plus fort. Dans le camp de Calais comme dans les banlieues délaissées. Et, "quand il y a un chaos culturel, il y a un centre organisé et tout autour il y a des gogos. Ce sont des gogos de l’Islam, les Merah, les Coulibaly. Ils se font escroquer comme quand on entre dans une secte. Eux qui se disent révolutionnaires ou bras armés de Dieu ne sont que des pantins déculturés". Il analyse aussi les moteurs de la soumission qui nait de l’absence d’une autorité souveraine pour coordonner nos actions sociales, d’un récit fabuleux qui nous aide à habiter un monde mental de même famille. Sans ce récit, nous sommes vulnérabilisés et nous "acceptons de nous soumettre au point de ne plus supporter la moindre déviance ou la moindre originalité". Retrouver la fierté du prolétariat et le récit commun, quel beau programme politique nous propose Boris Cyrulnik.
François Hollande
On doute que ce soit le programme que nous proposera François Hollande ce soir. Dans les éditoriaux, le ton est sceptique, presque blasé. Entre l’idée d’une émission au Musée de l’Homme qui sent un peu le formol, selon les mots de Denis Daumin dans La Nouvelle République, et les fantasmes sur une télévision qui permettrait de convertir les mécréants, comme ironise Raymond Couraud dans L’Alsace, on sent bien que l’opération est mal enclenchée. D’ailleurs, l’engouement du jour n’est pas pour François Hollande mais pour Emmanuel Macron. Avec une mise en scène digne des meilleures séries télé. Cette fois, c’est la Une de Match. Main dans la main avec Brigitte : Ensemble sur la route du pouvoir. Avec album photos, Emmanuel et Brigitte au ski, Emmanuel donnant le biberon à la petite-fille de Brigitte. Et le récit de la rencontre dans une institution, ça ne s’invente pas, nous dit Caroline Pigozzi, baptisée La Providence. Donc, pour la réflexion politique, on en restera à Boris Cyrulnik dans L’Obs.
Terroir
C’est la Une de Valeurs Actuelles. Une belle Une avec un verre de vin, une grappe de raisins, quelques feuilles rouges d’automne et un peu de fromage : sauvons nos terroirs. Parce que nos terroirs sont menacés par les fous furieux de l’écologie et de la modernité bien-pensante, nous dit le magazine. Bien sûr, les déclarations de Bernard Henri-Lévy en 1981 dans L’Idéologie française expliquant que les patries et leurs cortèges de vieilleries le dégoûtent, que parler patois, danser au rythme des bourrées, marcher au son des bignous, tant d’épaisse sottise l’écœure, tout cela raconte le mépris pour les traditions. Mais pour les écologistes, sont-ils réellement le principal danger pour les terroirs ? Plus que l’uniformisation des goûts par un libéralisme prédateur ? Il est vrai que le journal vient d’embaucher Maud Fontenoy, qui préfère l’extraction des gaz de schistes à la préservation des sols.
20 minutes nous raconte comment un internaute a réussi à obtenir 36.000 retweets avec une phrase tout ce qu’il y a de plus anodine. Parce qu’il a démontré que l’humour pouvait être persévérant. En avril 2009, il poste son premier message : je vais me coucher. Puis plus rien. Jusqu’au 12 avril 2016 avec ce message : putain, je me suis endormi. Pourtant, il n’a pas inventé grand-chose. Chez nous, un humoriste a lancé un message en mai 2012. Et ce soir, il va nous dire à la télé qu’il s’était endormi.