La presse quotidienne revient une nouvelle fois ce jeudi sur l'entre-deux tours des élections régionales.
Ce matin en Une de vos journaux on est encore dans les grandes manœuvres :
Le Figaro : Régionales : les abstentionnistes vont-ils changer la donne ?
Le Monde : l’offensive de Nicolas Sarkozy pour séduire les électeurs du FN.
Libération : le vrai programme du FN.
L’Humanité : Il roule pour les gros contre les petits : opération vérité sur le FN.
L’Humanité qui lance aussi en Une un appel pour sauver les poète palestinien Ashraf Fayad, condamné à la décapitation par une Arabie Saoudite qui juge que ses écrits seraient une insulte à Mahomet. Quant au Parisien, il nous annonce le retour des bons points, avec commentaires de pédagogues expliquant qu’il serait immoraux, punitifs et marginaliseraient les mauvais élèves. Rien que ça…
État islamique
C’est un article de Direct Matin qui reprend une enquête du Guardian. On y trouve en détail les revenus de l’organisation État Islamique. On y découvre que les revenus de l’organisation terroriste viennent principalement de confiscations (44,7 %), de la revente de pétrole et de gaz (27,7 %), de taxes dont doivent s’acquitter les habitants (23,7 %) et de l’électricité (3,9 %), et que le tout est décompté en dollars américains. Une comptabilité tout ce qu’il y a de plus précise qui rejoint les réflexions de Gil Mihaely dans le magazine Causeur. La Une de ce mois-ci : Pas de quartier pour les islamistes, pas d’islamiste dans nos quartiers. Et le journaliste, dans son article, revient sur le choix des dirigeants français de parler de Daech pour nier qu’il s’agirait là d’un état, qui se réclamerait de l’Islam. Une façon de s’aveugler sur la nouveauté radicale que constitue cette entité. "Pour gagner une guerre, c’est l’ennemi qu’il faut tromper et non soi-même". Mais le plus édifiant dans l’article de Direct Matin est la description du commerce généré par les soldats de l’État Islamique. Une manne pour les commerçants qui peuvent proposer au prix fort des barres chocolatées, des hamburgers, des pizzas et du déodorant Axe, tout ce qui plaît à ces combattants pourtant persuadés que l’Occident incarne le mal et la décadence.
Régionales
Pendant ce temps, les journaux sont toujours remplis des mêmes réflexions sur le Front National, sa progression, les moyens d’enrayer sa progression et les coupables qui ont rendu possible sa progression.
Dans Libération, c’est un reportage sur ces jeunes qui, de Lens à Marseille, affichent leur vote frontiste. Pierre, le Marseillais, qui raconte son passage à tabac à l’âge de 18 ans par des jeunes en scooter : "Mes agresseurs ont été libérés parce qu’ils étaient mineurs". Des personnes d’origine maghrébine, dit-il. Il considère aujourd’hui que c’est le vote FN qui est révolutionnaire. Et puis Laurent, 28 ans, qui renchérit : "Il y a de bons candidats ailleurs, mais comme ils font front contre le FN, ça me pousse vers eux". Alors il faut lire dans Le Figaro l’entretien avec le géographe Christophe Guilluy qui évoque cette fracture générationnelle, ces jeunes de la France périphérique touchés par le chômage, la précarité et la fin de l’ascension sociale. Il existe deux jeunesses populaires, dit-il. La réislamisation de la jeunesse de banlieue est parallèle au réveil identitaire des jeunes de milieux populaires de la France périphérique. Le FN, conclut-il, est un baromètre qui mesure l’inaction des partis au pouvoir.
COP21
Pendant ce temps, on se préoccupe toujours du climat. Le Parisien nous décrit les initiatives assez surréalistes comme ces apéros climat où vous pouvez vous retrouver avec quelques amis ou collègues de bureau pour une petite soirée festive pour parler du réchauffement climatique. Par exemple, le jeu des Post-it® sur le front pour découvrir des gestes pour le climat : ne plus utiliser d’eau chaude, boire de l’eau du robinet. On peut aussi chercher dans l’appartement des objets recyclables ou non. Ça fait envie. D’autant que les sympathiques participants sont réunis autour d’une pizza et de chips à tremper dans le guacamole. On apprend même que boire sa bière directement à la bouteille serait plus écolo que de boire du vin qui nécessite de laver le verre. Alors si la perspective d’un apéro climat vous rend dépressif, lisez l’interview du philosophe Olivier Rey dans Causeur. Il démonte la stratégie des multinationales qui rêvent de croissance verte et luttent contre l’interdiction des perturbateurs endocriniens, le discours sur les énergies renouvelables qui ne seraient pas accompagnées d’une réduction drastique de nos besoins en énergie et il prône la relocalisation, le retour à l’échelle humaine.
Photo
C’est tout au contraire ce qu’on pourrait appeler une échelle inhumaine. La photo est dans VSD. Des milliers de gilets de sauvetage. Ils forment des collines oranges et noires sur l’île de Lesbos autrefois chantée par Baudelaire comme la mère des jeux latins et des voluptés grecques. Ils ont été laissés là par les migrants qui savent qu’ils n’auront plus désormais à affronter la mer. En novembre, ils étaient encore plus de 3.000 par jour à débarquer sur l’île. Le Figaro consacre d’ailleurs une page au désarroi des habitants de cette autre île grecque, l’Eros. L’un d’eux exprime sa colère contre les passeurs turcs qui agissent en parfaite impunité : "Du point de vue de ces salopards de trafiquants, quelques cadavres noyés de temps en temps leur assurent que les Européens continueront à accueillir les migrants et que leur commerce continuera". Et les gilets de sauvetage en néoprène s’entasseront encore.
On parle beaucoup du renouveau religieux, mais connaissiez-vous le zuisme ? Une religion sumérienne vieille de plus de 3.000 ans et qui compte désormais 3.100 adeptes en Islande, soit 1% de la population. Une réponse à la nouvelle taxe religieuse dont doivent s’acquitter tous les Islandais, croyants ou athées. Du coup, l’Église zuiste, reconnue par l’État, touche une partie de cette taxe que les fidèles pourront se redistribuer. C’est vrai que notre vieille laïcité, tellement ringarde, nous prive du bonheur de voir le zuisme s’implanter en France.