La presse quotidienne revient ce mercredi sur l'espoir d'une sortie de crise dans les transports à deux jours du début de l'Euro.
Ce matin en Une de vos journaux on guette la fin :
Le Monde : Une sortie de crise s’esquisse à la SNCF après 7 jours de grève.
Pas assez rapide pour le Figaro : SNCF : la réforme est enterrée mais la grève continue.
Alors on attend l’euro pour se changer les idées.
Les réticents iront lire Le 1 pour se laisser convaincre : le sport, école de la vie.
Les autres pointeront les arrières pensées politiques :
Le Canard enchainé : le chef de l’État compte sur l’euro pour redorer son blason : le hollandisme sera-t-il sauvé par le goalisme ?
Pesticides
Évidemment, le sujet ne passionne pas les foules, mais ce qui se joue actuellement à Bruxelles aura un impact direct sur notre vie. Alors, La Croix ose une Une pédagogique : Glyphosate, le vrai du faux. Depuis plusieurs mois, la commission européenne veut prolonger l’autorisation de commercialisation de ce pesticide qui intervient dans la composition de 2.000 produits en Europe et qui est actuellement le plus utilisé par les agriculteurs. Mais les pays de l’Union s’y refusent où, comme la France, préfèrent s’abstenir pour ne fâcher personne. Entre lobbying, instrumentalisation de données scientifiques et pressions des syndicats agricoles, l’éditorial du Monde nous rappelle que, de 1974 à 2014, les tonnages épandus ont été multipliés par 260. C’est tout un modèle agricole qui s’appuie sur le recours massif au glyphosate. Et quand bien même il finirait par être interdit par défaut, il risquerait d’être remplacé par une substance tout aussi nocive. Parce que les agriculteurs qui peinent à imaginer l’alternative autrement qu’avec une autre molécule et ont abandonné depuis beaucoup trop longtemps l’agronomie, c’est-à-dire le travail du sol, l’alternance du labour et du non labour, la rotation des cultures. "Le glyphosate, écrit le Monde, ne cessera d’être utilisé sans une évolution majeure du modèle agricole dominant". Encore faut-il une volonté politique. Et pas seulement celle d’un ministre de l’Agriculture isolé dans son camp et dont certains attendent le départ pour relancer l’épandage massif.
Primaire à droite
On se souvient de la phrase : "l’environnement, ça commence à bien faire" disait Nicolas Sarkozy. Mais il est plutôt question de son programme culturel dans Libération. Un article légèrement narquois sur cet art tout sarkozien de fustiger les sociologues et d’évoquer la prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon. Dans le Parisien, il est aussi combatif. Mais bien sûr, il n’est pas encore candidat et le journal nous parle de l’agacement de ses rivaux qui attendent la clarification. Preuve que la machine se met en route : la Une de l’Opinion : Alain Juppé peut-il perdre ? En cause ? Cette idée qu’il ne s’adresserait pas suffisamment au cœur de la droite. Et cette anecdote qui réjouit dans les couloirs de l’assemblée : "Il y a quelques mois, raconte une députée LR, Alain Juppé est allé en Côte d’Or. Un de mes collègues a passé la journée avec lui. Il l’a même emmené dans sa propre voiture. Deux jours plus tard, Juppé le recroise. Il ne l’a pas reconnu". Le genre d’anecdote qu’on adore pour faire coller l’homme à son image mais le piège est sans doute à côté. Dans l’interview de Marine Le Pen expliquant qu’il serait "sain" qu’elle se retrouve au second tour face à Alain Juppé car leur visions sont opposées. "Nicolas Sarkozy ajoute-t-elle, c’est Barbapapa : il peut se transformer en patriote, en centriste, en immigrationniste ou en opposant à l’immigration". Bref, il n’arrête pas de changer.
Hollande
Pendant ce temps, il y en a un autre qui n’est pas candidat : Le Parisien s’amuse de cette façon dont François Hollande distribue les médailles. 273 décorations en quatre ans. Et le rythme s’accélère. Près de 80 récipients d’air de la légion d’honneur attendent leur médaille. Un véritable embouteillage. Il a même ressorti du placard une breloque quasi disparue : la médaille d’honneur des PTT. Sur le site Causeur, on s’amuse aussi de sa réponse à deux journalistes venus l’interroger sur la fameuse inversion de la courbe du chômage qui justifierait une candidature : "Ce sera une tendance, ce sera une ambiance. Plus une ambiance qu’une tendance d’ailleurs. Il y aura toujours des gens au chômage, mais il faut qu’ils aient le sentiment qu’ils ne le seront plus longtemps". Tout ne serait qu’affaire de sentiment, comme au tournant des années 2000 on parlait à gauche de sentiment d’insécurité. Le président de la République en agent d’ambiance.
ISF
C’est un tableau dans le Canard enchainé, un tableau à plusieurs colonnes qui nous donne, pour les 50 plus gros contribuables français, le montant de l’ISF avant plafonnement et après plafonnement. Dans ce palmarès secret des artistes du bouclier fiscal, Liliane Bettencourt arrive en tête : montant de l’ISF avant plafonnement 61.312.871 millions. Après plafonnement : zéro. Bernard Arnaud ne passe que de huit à deux millions. Et le Canard de citer Dominique Strauss Khan en 1997 : "l’ISF embête les millionnaires sans gêner les milliardaires".
L’article incontournable aujourd’hui est dans Le Monde. Parce qu’on lit les deux pages d’interview de Zlatan Ibrahimovic dans le Monde sans jamais cesser de se demander s’il est sérieux ou s’il a décidé de se payer la tête d’un journaliste qui éprouve le besoin de l’interroger sur les attentats, l’extrême droite, les migrants et le prix Nobel. On a glosé à l’envie sur la phrase : " je peux rendre François Hollande populaire si je veux. Mais je ne sais pas si j’en ai envie". Il y a aussi "La mode n’est pas ma passion. Je préfère les blasters. Ce sont les fusils allemands pour la chasse". Mais le plus drôle est sans doute de lire l’éditorial de l’Opinion pour voir Nicolas Beytout se pâmer devant un sportif qui répond sans complexe que son salaire se décide en fonction du marché et conclut en parlant des impôts qu’il paye "quel genre de président est François Hollande ? J’aide ce pays plus qu’il ne l’aide". Alors, il faudrait que tous les patrons s’exclament "Je suis Zlatan", estime le patron de l’Opinion. La loi du marché sans la morale, mais avec le plafonnement de l’ISF. Parce qu’on veut bien aider le pays, mais il y a des limites.