Dans une interview accordée au Point, l'écrivain Charles Consigny s'en prend au Petit Journal qu'il accuse de désinformation.
Le fait média du jour, c’est ce coup de gueule de Charles Consigny contre Le Petit Journal de Canal+. Dans le Point, l’éditorialiste accuse l’émission de Yann Barthes de pratiquer la "désinformation".
Un coup de gueule très virulent
Le chroniqueur Charles Consigny est vent debout contre les méthodes du Petit Journal contre sa manière de présenter l’information, et en l’occurrence, de la déformer selon lui. C’est ce qu’il exprime dans un billet publié ce matin sur le site internet du Point où il s’attaque à une forme d’angélisme qui serait pratiquée par l’émission de Canal+. Pour lui, Le Petit Journal est devenu un "autel audiovisuel" depuis lequel Yann Barthes, investi d’un "rôle messianique" se livrerait à un "prêche idéologique" quotidien.
Charles Consigny appuie son raisonnement sur une séquence diffusée jeudi dernier. Nous sommes 48 heures après les attentats de Bruxelles et l’envoyé spécial du Petit Journal, Hugo Clément, est en duplex depuis la capitale belge.
Dans un reportage, il part à la rencontre des habitants de Molenbeek, ce quartier de la ville considéré comme la base-arrière des terroristes à l’origine des attentats de Paris du 13 novembre, et de ceux de Bruxelles, la semaine dernière.
C’est notamment la présentation de ce quartier qui gêne particulièrement l’éditorialiste.
Dans cette séquence, le reporter déambule dans les allées d’un marché, il donne la parole à des passants. Il les interroge sur un propos tenu par le candidat à la Maison Blanche Donald Trump, qui estimait, la semaine dernière, que Molenbeek était une véritable zone de non-droit. Dans le reportage du Petit Journal, les habitants ne sont pas tous de cet avis.
Si on en croit ces témoignages, "il ferait donc bon vivre" à Molenbeek : c’est l’analyse que fait Charles Consigny de cette séquence, mais pour lui, c’est aux antipodes de la réalité.
Un peu plus tard, Yann Barthes et son reporter vont tenter de tempérer un peu cette impression.
Cette nuance apportée par le reporter ne trouve pas grâce aux yeux de l’éditorialiste du Point qui considère que cette présentation de Molenbeek n’est pas conforme à ce qui s’y passe réellement et qu’elle ne montre à aucun moment un lieu où la "communauté musulmane se dissocie du reste de la population pour se radicaliser dans la religion".
Pour lui, cette séquence est révélatrice de ce risque, de cette tendance qu’on appelle "l’infotainment", ce mélange entre l’information et le divertissement où des sujets très sérieux côtoient des reportages beaucoup plus légers.
Ce matin, Le Petit Journal répond à ces accusations.
Nous avons réussi à joindre un membre de l’équipe de l’émission de Canal+. Pour Le Petit Journal, la séquence diffusée jeudi dernier "n'était pas une enquête sur Molenbeek" mais seulement "un éclairage pour répondre aux propos de Donald Trump". On nous rappelle aussi qu’au mois de novembre, une journaliste avait passé trois jours à Molenbeek, qu’elle avait déjà rencontré des habitants du quartier et que ce reportage était "sans angélisme particulier".
Ce matin, pas sûr que cette réponse soit suffisante pour Charles Consigny qui s’étonne, dans sa tribune, de ce qui ressemble à un véritable parti pris de la part du Petit Journal.
Ça l’étonne d’autant plus que l’émission a construit sa réputation sur la déconstruction des discours officiels et sur la dénonciation de la propagande.
Visiblement, selon l’éditorialiste, avec le Petit Journal, c’est "faites ce que j’dis, faites pas c’que j’fais" !