Les otages de l'Hyper Cacher ont retiré leur plainte contre BFM TV. Ils estimaient que la chaine les avait mis en danger en indiquant à l'antenne qu'une personne était cachée dans une chambre froide au sous-sol alors même qu'Amedy Coulibaly semait la terreur dans le magasin.
Le fait média du jour, c’est les ex-otages de l’Hyper Cacher qui retirent leur plainte contre BFM TV. Ils avaient engagé des poursuites contre la chaîne info pour "mise en danger de la vie d’autrui", mais un accord a été trouvé vendredi.
Pourquoi les anciens otages de l’Hyper Cacher avaient déposé plainte contre BFM TV ?
Ils reprochaient à la chaîne d’info en continu son traitement des attentats survenus à Paris en janvier 2015 et notamment un épisode pendant la prise d’otages à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. Comme de nombreux médias, BFM TV suivait alors, en temps réel, l’évolution de la situation, alors qu’Amédy Coulibaly était toujours retranché dans l’épicerie avec 26 otages. Ce 9 janvier 2015, il est précisément 14h58, lorsque le spécialiste police-justice de BFM TV, Dominique Rizet, prend la parole et livre une information extrêmement sensible sur ce qui est en train de se passer à l’intérieur de l’Hyper Cacher. Dominique Rizet donne, en direct, une information dont le preneur d’otages, lui-même, n’a pas connaissance.
Pour beaucoup, le fait de divulguer cette information constituait un acte grave. On se souvient que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel avait d’ailleurs adressé une mise en demeure à la chaîne info suite à cet épisode. Le 27 mars dernier, il avait donc conduit d’anciens otages à se réunir pour mener une action judiciaire contre BFM TV, au titre de la "mise en danger de la vie d’autrui".
Concrètement, que réclamaient les plaignants ?
Pour le comprendre, il faut se pencher sur l’intitulé de la plainte. Si la plainte visait BFM TV, il s’agissait toutefois d’une plainte "contre X". Ça signifie que l’objectif des plaignants était d’établir précisément, au sein de la chaîne, les responsabilités qui ont conduit à la révélation de cette information. C’est donc le traitement médiatique dans son ensemble qui est en cause. Avec cette procédure, les plaignants voulaient établir la reconnaissance d’une erreur qui aurait pu leur coûter la vie.
Par la voix de leur avocat, ils invoquaient "le respect de la dignité de la personne humaine" et "l’obligation à ne pas troubler l’ordre public". La nécessité aussi d’établir un cadre juridique, une jurisprudence, autour des chaînes d’info en continu et de leur travail dans des contextes aussi dramatiques.
Maître Patrick Klugman, avocat des ex-otages de l’Hyper Cacher, a accepté de dévoiler au micro de Jean-Marc Morandini les raisons du retrait de cette plainte.
Les ex-otages ont donc, selon lui, retiré leur plainte "dans un souci d’apaisement" car un accord avec BFM TV a été trouvé. Tout d'abord la chaine d'informations a procédé à des excuses publiques puis à travers une charte interne, a fait en sorte que la situation ne puisse pas se renouveler. Pour finir, BFM TV versera la somme de 60.000 euros au Fond social juif unifié pour le soutien des victimes de terrorisme.