Un ancien otage de l'Hyper Casher et un de ses amis auraient tenté d'escroquer des éditeurs parisiens afin de récolter un maximum d'argent puis de fuir en Israël.
Le fait média du jour, c’est cet ancien otage de l’Hyper Casher qui aurait tenté d’arnaquer plusieurs maisons d’édition parisiennes.
Une incroyable histoire révélée hier par Le Point.
Une histoire qui débute le 9 janvier 2015, porte de Vincennes, dans l’est parisien. Ce jour-là, 48 heures après la tuerie de Charlie Hebdo, Amédy Coulibaly pénètre dans l’Hyper Cacher et tue à quatre reprises avant de prendre en otage 26 personnes. Parmi ces 26 otages, il y a cet homme, on l’appellera Jo. C’est le prénom que lui attribue le magazine Le Point afin de masquer son identité réelle. Jo passe plusieurs heures dans l’Hyper Cacher, avant le dénouement final et l’assaut des forces d’intervention. Il sort indemne de ce tragique événement, mais traumatisé. Quelques semaines plus tard, ce traumatisme, il veut le raconter. Il sait que son témoignage est important. Il a aussi le sentiment que le récit d’un rescapé est très attendu par le public, par les médias, mais aussi par des éditeurs.
Il décide alors de faire le tour de plusieurs maisons d’éditions parisiennes.
Accompagné de "Patrick T.", là encore, il s’agit du nom que lui donne Le Point, qui ne dévoile pas l’identité des protagonistes de cette affaire. Il se lance dans une tournée des directeurs de collection. Il tente de vendre son témoignage au plus offrant, et visiblement, il trouve des oreilles plutôt attentives. D’après le magazine, les propositions affluent. Plusieurs éditeurs manifestent leur intérêt : 15.000 euros de la part de l’un ; 20.000 euros de la part d’un autre ; 30.000 euros de la part d’un troisième. Les enchères montent...
Jo, et celui qui se présente comme son intermédiaire, se prennent au jeu. A tel point qu’ils vont aller jusqu’à signer simultanément deux contrats avec deux maisons d’éditions distinctes. Distinctes, oui, mais deux maisons d’éditions qui appartiennent au même propriétaire. Et c’est ce hasard ou cette méconnaissance du milieu littéraire de la part du rescapé de l’Hyper Cacher qui permettra au pot-au-rose d’être découvert. Les deux directeurs d’éditions s’aperçoivent rapidement qu’ils ont signé le même témoignage, avec les mêmes interlocuteurs. Ils demandent donc des comptes à Jo et, surtout à Patrick T., qui jouait les intermédiaires avec eux.
Selon Le Point, l’homme avoue rapidement.
Par des messages envoyés aux différents éditeurs qu’ils avaient contactés, Patrick T. reconnait une tentative d’arnaque. Le Point cite un e-mail dans lequel l’homme dit "avoir été très con" dans cette affaire, avant d’ajouter qu’il a honte aujourd’hui de ses agissements. Dans son enquête, le magazine nous en apprend un peu plus aussi sur les motivations des deux hommes. Cette fois, c’est un éditeur qui raconte : "l’intermédiaire nous a confié qu’il voulait faire signer un maximum de contrats à son auteur". Puis il explique que le rescapé de l’Hyper Cacher et son associé avaient un plan encore plus précis : "ils voulaient empocher les virements avant de fuir en Israël". Une destination qui n’était pas choisie au hasard : puisque selon eux "il n’y a pas d’accord d’extradition entre la France et Israël".
Mais on l’a vu, le plan des deux hommes ne s’est pas vraiment déroulé comme prévu. Reste que Jo a bel et bien publié son témoignage dans une petite maison d’édition, nous apprend Le Point. En revanche, cette fois, l’histoire n’en dit pas plus sur le montant du contrat.