Jérôme Ivanichtchenko décrypte chaque jour les programmes des candidats en matière d'audiovisuel. Ce mercredi, Emmanuel Macron.
Place au décryptage média de notre expert, Jérôme Ivanichtchenko. On poursuit notre tour des programmes des candidats à la présidentielle. Ce matin, vous vous intéressez aux propositions d’Emmanuel Macron
Dans l’entourage du candidat d’En Marche, on trouve plusieurs personnalités habituées du petit écran : on pense à Laurence Haïm, l’ancienne correspondante d’i-Télé aux Etats-Unis, mais surtout à Marc Schwartz. Il est en charge du programme culturel d’Emmanuel Macron, mais il a surtout été directeur financier et directeur général adjoint de France Télévisions pendant plusieurs années Pas étonnant que la réforme de l’audiovisuel public figure en bonne place dans le programme du candidat Macron. Il souhaite d’abord modifier la manière de désigner ses dirigeants. Ce ne sera plus au CSA de nommer les présidents de France Télé ou de Radio France, mais aux conseils d’administration des groupes.
Et puis il veut surtout donner une plus grande efficacité pour l’audiovisuel public. Cette efficacité, elle passe d’abord par un rapprochement des groupes publics, France Télévisions, Radio France et France Médias Monde. Une proposition qui va dans le sens de la démarche initiée par Delphine Ernotte, lors de la création de la chaîne d’info en continu "Franceinfo".
Deuxième axe de réflexion : "concentrer les moyens sur des chaînes moins nombreuses". Pour Emmanuel Macron, le modèle économique de France Télé n’est plus pertinent, il n’est pas adapté à un environnement ouvert et concurrentiel. En clair, ça signifie qu’il souhaite réduire le périmètre actuel de France Télé et sans doute supprimer des chaînes France 4, souvent pointée du doigt pour ses faibles audiences pourrait en faire les frais
L’ancien ministre de l’Economie souhaite aussi une libéralisation du secteur des médias
Oui, il veut assouplir les règles du financement publicitaire. Pour France Télévisions, Emmanuel Macron estime qu’il faut savoir faire preuve de "pragmatisme" de "réalisme". Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il laisse la porte ouverte à un retour de la publicité après 20 heures, sur les chaînes de France Télévisions.
Il en va de même pour les médias privés. Le candidat d’En Marche veut simplifier la réglementation en matière de financement et de diffusion. Pour lui, il faut donc permettre aux groupes de diffuser plus de publicité. Une condition sine qua non pour assurer leur développement et leur croissance.
Poser la question du financement des médias, c’est aussi poser celle de leurs propriétaires. Sur ce point, Emmanuel Macron appelle à la création d’un nouveau statut des entreprises de presse. Pour lui, la présence d’actionnaires industriels et financiers au capital de groupes de médias est nécessaire, elle est le moyen le plus efficace pour surmonter les difficultés économiques du secteur. En revanche, elle peut aussi faire naître des soupçons de conflits d’intérêts. C’est ce risque qu’Emmanuel Macron veut éviter en inscrivant des garanties d’indépendance éditoriale et journalistique dans le nouveau statut des entreprises de presse qu’il appelle de ses vœux.
Les médias, la télévision, Emmanuel Macron s’y intéresse de près. Mais que regarde-t-il ?
Alors, ce n’est pas un grand fan de séries télé. Pour une raison très simple, il l’expliquait dernièrement au Journal du Dimanche : il a tout simplement peur de tomber trop vite accroc et il se méfie du risque d’addiction
En revanche, il n’a rien contre une petite soirée en famille devant "The Voice" ou devant "La Grande librairie" de François Busnel
Au réveil, il ne manque pas William Leymergie et "Télématin". Mais quand TV Mag lui demande le week-end dernier quelle est son émission politique favorite, Emmanuel Macron ne cite pas les débats organisés sur le service public ou les magazines qui fleurissent sur les grilles de toutes les chaînes. Non, il désigne "Secrets d’histoire", le magazine de Stéphane Bern diffusé sur France 2. Une manière pour le candidat d’En Marche de rappeler sa passion pour l’histoire.
Demain, François Asselineau.