Beaucoup de spécialistes font le parallèle entre la manifestation d'hier et un épisode de la série Baron noir diffusé sur Canal+.
Le fait média du jour, c’est ce parallèle entre la manifestation organisée hier contre la loi travail et la série Baron noir diffusée ces dernières semaines sur Canal+.
Un rapprochement pour le moins surprenant.
On dit souvent que la fiction dépasse la réalité que les scénaristes vont parfois trop loin mais l’actualité est en train de nous montrer que l’inverse se produit peut-être sous nos yeux. C’est la mobilisation menée hier contre la "loi travail" El-Khomri qui nous en apporte la preuve. Hier, des dizaines de milliers de personnes manifestaient dans les rues de plusieurs villes en France. Des rassemblements organisés à l’appel d’organisations étudiantes et lycéennes. Une fronde menée par la jeunesse de gauche, contre un gouvernement de gauche.
Mais voilà à l’Élysée, on estime que ce mouvement n’est en rien le résultat d’une volonté étudiante, mais que le mot d’ordre viendrait d’ailleurs. Que cette montée de fièvre serait orchestrée par des députés rebelles, par des frondeurs, issus des rangs même du parti socialiste. Selon plusieurs sources citées dans la presse, il y aurait ce qu’on appelle un "baron noir", un grand ordonnateur, qui manipulerait les syndicats étudiants pour désavouer la politique du gouvernement, jugée par certains comme beaucoup trop à droite.
Ce matin, de nombreux observateurs voient une analogie avec un épisode de la série Baron noir.
L’épisode 4 de cette série politique. Un épisode diffusé le 15 février dernier sur Canal+ où le député rebelle Philippe Rickwaert, joué par Kad Mérad, entretient des relations orageuses avec le président de la république Francis Laugier, incarné par Niels Arestrup, pourtant issu de la même formation politique que lui. Cet épisode cherche à rallier à sa cause le leader d’une organisation lycéenne contre un "plan éducation" voulu par le gouvernement. Le député Rickweart instille dans l’esprit du leader lycéen l’idée d’une lutte à engager et qui s’organise progressivement dans laquelle il joue, dans l’ombre, un rôle majeur. Arrivé à ses fins, le personnage joué par Kad Mérad peut enfin récupérer la mobilisation de la jeunesse à son compte. Cette fois, c’est la session des questions au gouvernement. Ces manifestations qu’il a lui-même organisées, les braises sur lesquelles il a lui-même soufflé, lui permettent ce coup d’éclat devant les députés. Il s’appuie sur les manifestations lycéennes pour faire passer son message et s’opposer frontalement au gouvernement.
La question c’est : qui est le "Baron noir" de la vraie vie qui se cacherait derrière la mobilisation d’hier ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord savoir si la série s’inspire de faits passés, ou si elle est totalement visionnaire. Une personnalité politique s’est revendiquée d’être celui qui a inspiré le personnage du député Rickwaert : c’est Julien Dray. Il fait référence à la mobilisation contre le gouvernement Rocard, en 1990, dont il était à l’origine. En revanche, si la série est visionnaire, certains y voient aujourd’hui des similitudes avec des frondeurs du PS : comme Benoît Hamon ou Pouria Amirshahi.
Selon une indiscrétion du Parisien, la série Baron noir n’a pas beaucoup plu à l’Élysée. En privé, François Hollande l’aurait jugé "pas mal faite" mais trop "caricaturale". Pire, elle ne donne pas forcément une "bonne image de la politique". Peut-être parce qu’elle cette fiction lui rappelle un peu trop la réalité des désaccords qui divisent son propre parti.