De plus en plus de films français sont tournés à l'étranger à cause de la législation fiscale française sur le crédit d'impôts.
Le fait média du jour, c’est les films français qui se tournent de moins en moins en France. Depuis le début de l’année, plus d’un film français sur trois s’est tourné à l’étranger.
D’abord cette question très simple : pourquoi ne tourne-t-on plus de films français en France ?
C’est une histoire de gros sous, une histoire d’impôts…
Si la France fait fuir ses propres producteurs, c’est à cause de sa législation fiscale. Explications : lorsque vous tournez un film, vous investissez beaucoup d’argent, vous faites travailler énormément de monde, vous créez de la richesse… C’est pour cette raison qu’existent des aides, comme celles qu’accordent le CNC ou certaines régions. Et c’est aussi pour ça qu’il existe un crédit d’impôt, une ristourne sur les charges salariales par exemple, histoire d’alléger un peu la facture.
Oui, mais voilà, le hic, c’est qu’en France, ses aides fiscales sont largement inférieures à celles pratiquées chez nos voisins.
D’abord, la France privilégie les films à petits budgets inférieurs à quatre millions d’euros. Elle plafonne ses aides fiscales à 20% du budget pour les plus grosses productions contrairement à d’autres comme le Royaume-Uni par exemple qui lui ne pose aucune limites.
Enfin, pour pouvoir bénéficier de ce coup de pouce fiscal, un film français doit être tourné en langue française. Sur ce point, c’est d’ailleurs ce qui semble le plus surprenant : vous aurez plus de bénéfices si vous êtes un producteur étranger et que vous tournez en anglais que si vous être un producteur français et que vous tournez en allemand.
Résultat, ce dispositif mis en place en 2003 ne rend pas la France suffisamment attractive. Les producteurs vont chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas ici. Ils se rabattent sur d’autres pays : La Belgique, la Hongrie, la Bulgarie, la République Tchèque…
Ce matin, Le Parisien cite l’exemple du film de Jean-Marie Poiré et des Visiteurs 3 qui sortira en salle au mois d’avril 2016. Le tournage s’est déroulé en Belgique et en République Tchèque. Pour la partie belge du tournage la production a réalisé une économie de cinq millions d’euros. Si elle avait tourné ces mêmes séquences en France, elle aurait économisé moitié moins.
Le gouvernement a décidé d’agir pour changer la situation
On l’a appris dans le récent projet de loi de finances, celui qui définit le budget de l’Etat pour 2016. A partir du 1er janvier, ses aides fiscales atteindront 30 % des frais de tournage comme les charges salariales ou les dépenses techniques...
Il n’y aura plus de distinctions entre petits et gros budgets. Tout le monde sera soumis aux mêmes règles y compris d’ailleurs si vous êtes un producteur français et que vous tournez en langue étrangère.
La ministre de la culture Fleur Pellerin a milité pour cet assouplissement. Il en va de l’image de la France d’abord, mais pas seulement.
Bien sûr, les aides fiscales accordées au cinéma coûtent de l’argent à l’État (plus de 400 millions d’euros en 10 ans). Mais il en rapporte aussi beaucoup. Tourner un film, ça crée de l’emploi, ça dynamise les régions de France qui accueillent ces tournages.
En clair, ce qu’on donne d’une main, on le récupère de l’autre. Avec une jolie plus-value au passage.
Alors, cette nouvelle législation ne va pas changer la vie des producteurs, mais au moins, elle permet à la France de s’aligner avec ses voisins européens et de rester dans la course.
Ce matin, c’est une victoire pour un homme : Luc Besson
Il y a plusieurs mois, le réalisateur de Nikita ou du Grand Bleu s’est lancé dans un bras de fer avec le gouvernement. Une véritable croisade même…
Luc Besson prépare actuellement le tournage de son prochain film, une adaptation de la célèbre bande dessinée Valérian. Une grosse production dont le budget doit atteindre la somme pharaonique de 170 millions d’euros.
Luc Besson l’a dit à de nombreuses reprises : si la France ne lui tend pas la main, il ira tourner son film à l’étranger, en Hongrie.
Aujourd’hui, avec cet assouplissement du dispositif fiscal, le voilà qui revient au pays.
Le tournage débutera au mois de janvier dans les studios de la Cité du Cinéma à Saint-Denis. Il mobilisera 1000 personnes, pendant huit mois.
Déjà un premier bénéfice en terme d’emploi.