Primaire de la droite : pourquoi les sondeurs n'ont-ils pas vu venir la large domination de François Fillon ?

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Après le premier tour de la primaire de la droite et la large victoire surprise de François Fillon, les sondeurs sont au cœur d'une nouvelle polémique.

François Fillon était présenté comme le troisième homme. Il est finalement le grand vainqueur du premier tour contre toute attente. Un désaveu de plus pour les instituts de sondage qui ne le voyaient pas aussi haut.

En fin de semaine dernière, ils étaient plusieurs à sentir la dynamique positive autour de François Fillon, mais aucun n'avaient envisagé une victoire aussi large de l'ancien Premier ministre. Il était annoncé comme le trouble-fête d'un duel entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ou comme l’arbitre de ce match des favoris, mais pas comme un potentiel vainqueur. Mauvaise inspiration, puisque dimanche soir, c’est bien lui qui l'a emporté haut la main, en déjouant tous les pronostics.

Son score, plus de 44 % des suffrages, c’est 16 points de mieux qu’Alain Juppé, c'est 24 points de mieux que Nicolas Sarkozy. Des écarts qu'aucune étude d'opinion n’est parvenue à anticiper. Dans un sondage pour Le Monde publié vendredi, l'institut IPSOS donnait seulement 30% d’intention de vote à François Fillon, contre 29% à Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

En fin de semaine dernière, pour Sud Radio, l'IFOP cette fois créditait François Fillon de 27 % d'intention de vote, et le situait surtout derrière ses deux principaux adversaires. Des prévisions qui aujourd'hui, semblent bien éloignées de la réalité.

Pourquoi les sondages étaient-ils si loin du compte ? Tout simplement parce que le scrutin de dimanche était survolé par une multitude d’incertitudes. La première, elle concernait le corps électoral, susceptible de se mobiliser ce week-end. Avant de chercher à connaître les intentions de vote, il fallait déjà déterminer le socle d’individus à interroger.

Répondre à cette question, c'était tenter de résoudre une équation impossible. Une équation à une inconnue : la mobilisation de l’électorat des "non sympathisants". Des électeurs de gauche ou d’extrême droite allaient-ils "masquer" leur vote et s’inviter dans un scrutin qui n’était pas le leur. Avec quatre millions de votants, dans la fourchette très haute des prévisions, on se dit que cette variable a joué son rôle.

L'autre paramètre essentiel, c’est la versatilité de l'électorat. Bien sûr, les programmes de chacun des candidats à cette primaire n’étaient pas identiques en tout point, on l’a constaté lors des trois débats de cette campagne, mais ils ont bien sûr de nombreux points communs. Un électeur de droite n’aura pas de difficulté majeure à se retrouver dans tel ou tel candidat. C’est ce qui explique que certains ont pu changer d’avis jusqu'au dernier moment.

Repenser les sondages ? Les médias ont un besoin vital des sondages pour commenter la vie politique. Mais lundi matin, plus que les résultats, c’est notre foi dans les sondages qu'il faut interroger. Il ne faut pas se tromper. Un sondage n'est pas une prémonition, il n’est pas une prédiction mais bien un instantané d’une situation a un temps T, rien de plus.

Et puis, enfin il y a un phénomène qu’il ne faut pas négliger, c’est aussi l’influence des sondages. Depuis plusieurs jours, les instituts parlent d’une "dynamique" et d’une remontée de François Fillon. Le simple fait d’en parler peut avoir un effet sur les votes des uns ou des autres. C’est ce qui s’est produit dimanche. C’est ce qui s’est produit aussi pour Donald Trump, vainqueur surprise de l’élection américaine. En clair, les sondages peuvent eux-mêmes jouer un rôle déterminant dans le scrutin, et parfois se contredire. Un drôle de paradoxe.