Hugo Clément, journaliste dans Quotidien sur TMC, a publié une tribune dénonçant les "discours anti-élites" de certains politiques.
L’info média qui fait la une ce matin, c'est le coup de gueule d'un journaliste de Quotidien. Il s'appelle Hugo Clément et il a publié une longue lettre ouverte où il dénonce le "discours anti-élite" de certaines personnalités politiques françaises.
D’abord, qui est Hugo Clément ?
C’est un jeune journaliste de 27 ans qui vient du sud de la France, de Toulouse, mais il a appris son métier dans le ord. Il a fait ses études à l’École Supérieure de Journalisme de Lille. Il est notamment passé par la rédaction nationale de France 2, avant d'intégrer "la bande à Barthès" la saison dernière sur Canal+, dans Le Petit journal. À la rentrée, il a suivi l’animateur sur TMC, dans Quotidien.
Sa marque de fabrique, c’est d’aller au charbon face à ses interlocuteurs. Sans jamais lâcher prise. On se souvient de sa passe d’armes virulente avec Jean-Yves Le Drian, accusé de cumuler son poste de ministre de la Défense avec son mandat de président du Conseil régional de Bretagne.
Plus récemment, Hugo Clément faisait parler de lui en s'attaquant à Jean-Marie Le Guen, ministre des Relations avec le Parlement, qui voyage "sans raison apparente" dans les bagages de Manuel Valls lors des déplacements à l’étranger du Premier ministre.
Il y a quelques jours, il s’attaquait à la collusion entre les politiques et les médias en s’intéressant au journaliste Nicolas Domenach, "invité" aux frais de l’État, à suivre Manuel Valls lors d’un récent voyage à Abidjan.
Et sur Facebook, il a posté une longue lettre pour dénoncer ce qu’il qualifie de "foutage de gueule".
Oui, et ce foutage de gueule, c’est une posture qui a le vent en poupe en ce moment : c’est la critique systématique des élites par les personnalités politiques.
Dans sa ligne de mire, on retrouve des responsables de tout bord. Hugo Clément tire à vue dans tous les angles de l’échiquier politique.
Contre Nicolas Sarkozy qui "attaque les bien-pensants et l’élite" après avoir coché selon lui "toutes les cases de l’ultra-élite bourgeoise". Contre Marine Le Pen "héritière de l’argent, du pouvoir et du parti de son père" qui n’a de cesse "d’attaquer le système". Contre Florian Philippot, qui dénonce "la caste du pouvoir" tout en ayant suivi "le parcours classique de l’élite technocratique" au point de devenir "le portrait-robot de ceux qui dirigent la France depuis 60 ans". Puis contre Jean-Christophe Cambadélis qui fustige l’oligarchie alors qu’il en est l’incarnation.
Hugo Clément pointe ce paradoxe des élites qui critiquent les élites, qui secouent un système sans jamais le désigner clairement pour laisser le soin à celui qui écoute de mettre ce qu’il veut dedans. Une démarche populiste qui a pour but de flatter les masses.
Un message qui fait écho car en un peu plus de 24 heures, il a déjà été "liké" près de 65.000 fois, partagé près de 20.000 fois et a déclenché plus de 2.000 commentaires.
Pourquoi Hugo Clément publie-t-il cette lettre ouverte aujourd’hui ?
La semaine dernière, Hugo Clément était l’un des envoyés spéciaux de Quotidien, à New York. Il était à Time Square pour rendre compte, en direct, des résultats de l'élection présidentielle américaine.
Comme tous les journalistes du monde entier, il a suivi l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, contre toutes les prévisions des instituts de sondage et contre celles de la majorité des médias. Il a vu Trump se faire élire sur un discours anti-élite avec une posture anti-establishment.
Une sorte de gueule de bois médiatique que le journaliste n’a pas l’intention de revivre. À l’approche de l’élection présidentielle française, Hugo Clément veut adresser cet avertissement : "Quand vous entendrez un homme ou une femme politique attaquer "le système", "les élites", "la caste" ou "les bien-pensants", soyez-en sûrs : on se moque de vous !".
Alors cet avertissement, cette mise en garde, doit-elle venir d’un journaliste ? On est en droit de se poser la question.
En revanche, dénoncer les incohérences dans les discours électoralistes de nos politiques : oui, c’est bel et bien le rôle d’un journaliste.