Rumeurs d'attentats à Paris : que s'est-il passé ?

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De nombreuses rumeurs d'attentats ont circulé ce week-end, Jérôme Ivanitchtenko nous donne tous les détails.

Le fait média du jour, c’est ces rumeurs d’attentats qui se sont propagées ce week-end sur les réseaux sociaux. De nombreux messages ont circulé pour prévenir d’attaques terroristes imminentes à Paris. Des rumeurs infondées, selon la police, qui ont créé une forme de psychose.

Une rumeur qui a fait son apparition dès jeudi soir.

Des milliers de personnes ont reçu un SMS ou un message sur Facebook, ou sur Twitter, une mise en garde qui ressemblait en substance à ça : "Attention à vous. Forte menace terroriste dans le nord parisien ces prochains jours, autour de la Place de Clichy, des quartiers de l’Opéra et de Pigalle…". Une alerte assortie bien souvent de ce conseil : "Si vous le pouvez, évitez de sortir, restez extrêmement prudents et soyez vigilants". Plusieurs variantes de cet avertissement ont été recensées. Certaines apportaient des précisions sur le lieu, des centres commerciaux, comme les Galeries Lafayette ou mentionnant parfois le nom d’une salle de spectacle, le Casino de Paris notamment.

Le point commun de tous ces messages, c’est le sérieux des sources d’où provient la mise en garde. Des sources plus fiables les unes que les autres : tantôt la Direction générale de la sécurité intérieure, tantôt le 36 quai des Orfèvres, tantôt l’anti gang. Dans le cas qui nous occupe, le problème c’est que ces sources n’ont jamais communiqué en direct, qu’elles n’ont jamais publié la moindre alerte. Ce week-end, ces messages étaient systématiquement rapportés, parfois par un "ami d’ami particulièrement bien informé", ou par le "père d’une relation qui travaille dans les services de renseignements".

Samedi en fin de matinée, le compte Twitter de la Préfecture de Police de Paris coupait court à ces rumeurs en publiant un message sur Twitter, invitant les internautes à ne pas "propager les rumeurs" et à se fier plutôt aux sources d’information officielles. Mais, samedi en fin de matinée, il était déjà trop tard et plusieurs dizaines de milliers de Parisiens avaient déjà reçu ce message.

D’où viennent ces rumeurs ?

D’une mauvaise interprétation d’une note interne publiée la semaine dernière. Une note qui faisait état d’un "renforcement des mesures de sécurité préventives". Cette note, selon une source policière qui répondait samedi à l’AFP, elle aurait donc fuité. Le bouche-à-oreille a ensuite fait le reste jusqu’à se répandre comme une trainée de poudre, diffusant ainsi une forme de psychose chez ceux qui recevaient ce type de messages.

Répétée, amplifiée, déformée, cette rumeur a aussi trouvé une caisse de résonance toute particulière avec un fait avéré cette fois : c’est l’interpellation de quatre jeunes filles, vendredi. Des adolescentes qui communiquaient entre elles sur Facebook et qui projetaient dans leurs messages de s’attaquer à une grande salle de spectacle parisienne, sur un mode opératoire très proche de celui de l’attaque contre le Bataclan, le 13 novembre dernier.

Malgré tout, l’état d’alerte était palpable ce week-end dans le quartier du Casino de Paris.

Ce matin, Le Parisien raconte les coulisses d’un concert qui s’est déroulé samedi dans la salle de spectacle, celui du portugais Tony Carreira placé sous très haute surveillance. Ce soir-là, la circulation était interdite sur le boulevard de Clichy. Un périmètre de sécurité était établi aux abords de la salle, avec des policiers lourdement armés. Le Parisien nous apprend aussi que les démineurs ont passé la salle au peigne fin avant l’entrée en scène de l’artiste. Des mesures préventives impressionnantes, certes, mais rien d’anormal, finalement.

La police explique que la menace terroriste est toujours aussi forte depuis le 13 novembre, qu’elle ne l’est pas plus aujourd’hui qu’hier. En revanche, ce qui a changé depuis le 13 novembre, c’est peut-être notre perception, notre vigilance et c'est sans doute pour cette raison que cette rumeur a trouvé un tel écho ce week-end.

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