Jean Jouzel affirme que les intempéries subies en France cette année constituent une exception mondiale.
Les principales déclarations de Jean Jouzel, climatologue :
L'année 2013 fera cas d'école ?
"Probablement pour ce qui concerne l'Europe de l'Ouest, la France. Nous avons des conditions exceptionnelles. Les données du printemps viennent de tomber : le printemps n'a jamais été aussi froid depuis 1987, 30% de moins de soleil, 30% de plus de précipitations... Ça nous donne une image extrêmement négative de ce printemps. Ce n'est pas vrai à l'échelle mondiale ! Ces trois sont dans les mois les plus chauds... Il faut voir ce contraste."
"Orages, grêle, tornades, on a du mal à expliquer cette suite de phénomènes exceptionnels. Dans 50 ans, on regardera cette année 2013 comme étant un peu spéciale. Globalement, nous allons vers un réchauffement climatique avec normalement une intensification des phénomènes extrêmes."
Ce que l'on vit a donc un lien avec le réchauffement climatique ?
"Je ne dirais pas cela. Il est exact que dans un climat plus chaud nous allons vers des précipitations plus intenses, des cyclones plus intenses... L'intensification des extrêmes est une des caractéristiques d'un réchauffement climatique vers lequel nous allons à cause de nos activités, c'est très clair..."
Ce que l'on vit comme exceptionnel peut dans les décennies à venir devenir plus classique ?
"C'est exact"
Nos habitudes estivales vont être touchées ?
"La prédiction saisonnière est extrêmement difficile. Mais ce printemps pourri ne présage pas d'un été caniculaire, c'est très clair. Je ne suis pas météorologue mais on peut écarter l'idée d'un été caniculaire comme 2003..."
Votre métier a changé ?
"Oui, je suis avant tout chercheur mais je passe beaucoup de temps à discuter de la transition énergétique. En préparant cette réunion de 2015 que la France va organiser sur le changement climatique. Je passe aussi plus de temps avec les médias, les décideurs politiques, ça fait partie de nos missions."
Vous ressentez l'inquiétude ?
"J'ai regardé toutes ces images, toute la France a été touchée par des phénomènes divers, extrêmes. Nous partageons tous ces craintes, j'ai été très choqué par les images que l'on a vu. On comprend que le changement climatique met en exergue cette difficulté que nous aurons à l'affronter si nous ne sommes pas préparés, si on ne fait pas tout pour le limiter..."
Cela doit-il accélérer une prise de conscience politique ?
"Je l'espère. Elle est extrêmement bonne : nous sommes très engagés dans la transition énergétique, dans la conférence 2015, je crois que ce sont des signes très clairs d'un engagement politique. Au delà de l'engagement, c'est une loi qui doit venir dans la transition énergétique, votée en début d'année prochaine. Il faut concrétiser au-delà des discussions que nous avons actuellement..."