Ce samedi, Catherine Nay dresse le bilan de l'année politique 2017 marquée par l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République.
Après le magazine Time qui avait fait d'Emmanuel Macron l'homme de l'année, c'est au tour du très respecté The Economist de distinguer la France en en faisant le pays de l'année 2017, en saluant la jeunesse de son président, sa capacité à bousculer les systèmes et les vieux partis. Justement, Catherine, l'année 2017 se termine. On fait le bilan ?
Si 1789 fut l'année sans pareille, 2017 est bien une année politique sans pareille. La comparaison avec 1958 ne tient pas. Le Général de Gaulle, qui allait mettre fin à la IVème république, un vieux monde, bénéficiait d'une légitimité historique, d'un compagnonnage issu de la guerre. Il avait dirigé un gouvernement de 44 en 46.
Emmanuel Macron, c'est le candidat jamais élu, que personne ne connaissait deux ans plus tôt, sans parti, qui se hisse à l'Elysée. Victoire couronnée par des législatives qui lui offrent la majorité absolue. Les partis de l'ancien monde sont K.O. C'est du jamais vu ! Après l'élection, on croyait que le mirage se dissiperait vite. Les chiffres étaient éloquents. Crédité en moyenne de 52% d'opinions favorables en juin, fin septembre la moyenne tombait à 40%, 12 points de perte. Donc, on pensait qu'il était condamné à subir la glissade sans fin de ses deux prédécesseurs. Et c'est l'inverse qui se produit ! Emmanuel Macron a repris 12 points, il est redevenu majoritaire dans l'opinion. Ça, c'est du jamais vu !
Et c'est d'autant plus surprenant qu'Edouard Philippe, qui avait connu la même chute que le président dans les sondages, est remonté avec lui...
L'amélioration des perspectives économiques, le retour de la croissance dans une conjoncture européenne et mondiale plus encourageante n'y sont pas pour rien. Mais que dans l'attelage président / Premier ministre, l'un ne progresse pas dans l'opinion au détriment de l'autre, comme par le passé, voilà qui est nouveau. Le Premier ministre existe sans jamais avoir montré la moindre divergence avec le président. Il faut dire qu'il est arrivé à Matignon en homme seul, c'est-à-dire sans troupe. Un choix du président. Il ne peut y avoir entre eux de concurrence, chacun son rôle. Mais d'un autre côté, les ministres de la société civile ne se demandent pas tous les matins comment ils vont prendre la place du Premier ministre, grand classique. Ce qui crée une atmosphère paisible de travail, du jamais vu.
Et un président qui fête ses 40 ans à l'Elysée, c'était jeudi.
Une première. La jeunesse aurait pu être son point faible. Eh bien figurez-vous que malgré la hausse de la CSG, qui va toucher les retraités le 1er janvier, Emmanuel Macron est plébiscité chez les plus de 65 ans. Elu à 39 ans, il a fait de son âge un élément de communication, pour l'optimisme, la volonté, le dynamisme. Et puis la santé. Un bosseur qui dort quatre heures par nuit, en ayant l'air, le matin, d'en avoir dormi 12. C'est une cure de jouvence. Et puis il ose. Devant Donald Trump à Paris, Vladimir Poutine à Versailles, ou les étudiants à Ouagadougou, il rompt avec la langue de bois. Mais à la fois, il restaure une autorité verticale gaullienne, voire monarchique. Vous l'avez entendu devant Laurent Delahousse dire "mon peuple". Même Giscard n'aurait pas osé. Donc, c'est la vieille pratique des institutions dans un corps jeune. Du jamais vu !
Vous voulez dire aussi un mot sur François Bayrou...
Lui, que l'on a connu tellement malveillant, cruel, pendant des années avec Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, se confond aujourd'hui en dithyrambe et admiration pour Emmanuel Macron. "Dans le monde, il est l'un des leaders les plus entraînants", vient-il de dire au congrès du MoDem. Il se dit fier d'être son allié. Il n'en peut plus. Bayrou métamorphosé en bienveillant par Macron, qui l'a pourtant incité à quitter le gouvernement en juin alors que lui voulait y rester. Il a réussi à ne pas s'en faire un ennemi.
Alors, tout baigne ! Mais comment s'annonce 2018 ?
Emmanuel Macron a convaincu les Français d'avoir la patience de lui donner du temps et de le juger sur les résultats. Il reste tant à faire, on va voir. Le gouvernement a promis des baisses d'impôt, mais l'INSEE a calculé qu'on en payerait quatre milliards de plus. Si c'est vrai, on pourra dire : "Ça, on l'a déjà vu." Malgré l'urgence à le faire, les dépenses publiques n'ont pas été réduites autant que ce qui avait été annoncé. Ça aussi, c'est du déjà vu. Et puis si la France va mieux, si les indices se remettent au vert, elle fait quand même moins bien que tous nos voisins de l'Eurogroupe. Encore du déjà vu ! Please, Mister president, make our France great again !