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La tournée africaine d'Emmanuel Macron

La Carte blanche de Catherine Nay
02 décembre 2017 Épisode · Politique
Description

Ce samedi, Catherine Nay décrypte la tournée africaine d'Emmanuel Macron, notamment son discours à l'université de Ouagadougou.


Bonjour Catherine,

Bonjour Wendy, bonjour à tous.

Le Président Macron est rentré d'une tournée de trois jours en Afrique. Son discours à l'université de Ouagadougou a été le moment clé de son voyage, a même suscité des polémiques. Alors est-ce un succès ? On fait le point.

A Ouagadougou, Emmanuel Macron a fait du Macron. Il a brisé des lignes, marqué des ruptures, imprimé un nouveau ton. C'est la première fois qu'un Président français choisissait le Burkina Faso comme première étape. Pays qui a fait son printemps africain en virant du pouvoir, et sans violence, le Président Campaoré, qui était là depuis 37 ans. Bref, qui a secoué le cocotier comme il l'a fait en France. Il était un jeune qui venait parler aux jeunes, par-dessus la tête de son homologue, un vieux.

Mais un public pas forcément acquis. Dans une université marxiste, très politisée. Ils étaient 800 étudiants, évidemment triés sur le volet. Mais à l'extérieur, il y avait des manifestations, des cris. Ambiance. "Je ne suis pas d'une génération qui vient dire à l'Afrique ce qu'elle doit faire. Il n'y a plus de politique africaine de la France.". Ayant proclamé cela, il a exprimé toutes les idées qu'il avait pour elle. Bref, la relation continue comme avant. Mais il a parlé comme si rien n'avait existé avant lui.

Un discours très riche sur le fond.

Oui. Il n'a fait l'impasse sur aucun des périls qui menace le continent africain, à commencer par cet immense défi humanitaire, politique, logistique créé par ces centaines de milliers de jeunes Africains prisonniers en Libye, vendus comme des esclaves. "Un crime contre l'humanité", dit-il. Autres périls : l'obscurantisme, l'empire des extrémismes religieux et aussi la lutte contre le terrorisme. S'il salue la décision de François Hollande d'intervenir au Mali, il fait comprendre que les soldats français n'ont pas vocation à y rester éternellement, et que c'est aux frères d'armes africains de prendre la relève. Il souhaite également développer l'éducation. ça n'est pas les hommes qui doivent dire aux femmes ce qui est bon pour elles.

Et puis l'autre péril, la démographie galopante.

Oui, Emmanuel Macron a parlé de ces familles où il y a 7, 8, 9 enfants. C'est courant. Alors, il interroge l'assistance : "êtes-vous sûr que c'est le choix de cette jeune d'avoir tant d'enfants, alors qu'elle pourrait continuer ses études ?". Là, c'est un raisonnement d'Européen. En Afrique, avoir beaucoup d'enfants est un investissement. On espère que sur les 8 ou 9, il y en a toujours un qui réussira et qui rapportera l'argent à la famille. Et c'est pour ça d'ailleurs, que les familles payent le voyage à celui qui veut partir rejoindre l'Europe pour tenter sa chance, au risque de sa vie. Parce que s'il réussit à passer, eh bien il enverra de l'argent à la famille.

Il faisait chaud et une étudiante a interrogé Emmanuel Macron sur les coupures d'électricité qui affectent la climatisation de l'université.

Et là, ça a été le happening. Pris par l'ambiance, Emmanuel Macron a répliqué que ce n'était pas à lui à s'occuper de l'électricité. "C'est le travail du Président du Burkina Faso", a-t-il dit. Lequel, jusque-là assis sur l'estrade, s'est levé pour partir. "Du coup, il s'en va. Reste là..." a commenté, hilare, Emmanuel Macron. La salle a éclaté de rire, lui avec. "Du coup, il est parti réparer la climatisation", a-t-il ajouté sur un ton incroyablement désinvolte. Et puis ce tutoiement. Beaucoup d'Africains ont jugé qu'il y avait là un manque de respect. Mais ils le disent aussi : c'est le style Macron, on va s'y habituer. Renseignements pris, le Président Kaboré n'était pas fâché, juste un besoin pressant. Juste à ce moment. La faute à la clim, quoi. Mais là Emmanuel Macron en a un peu trop fait. Et il est coutumier du fait : une sortie, un dérapage. C'était de l'humour, a-t-il dit.

Alors, incident vite oublié ?

Oui. Il n'a pas eu l'impact défavorable qu'avait eu la phrase de Nicolas Sarkozy parlant à Dakar, devant un parterre choisi d'universitaires de "l'homme africain qui n'était pas entré dans l'histoire".

Que va-t-il rester de ce discours de Ouagadougou ?

Le lendemain au Sénégal, il n'y avait pas un seul journal qui le reprenait à la Une. L'impact Macron, c'est lui. Pour les jeunes Africains, il est un jeune type de 39 ans qui est arrivé au pouvoir. Et son élection donne des idées à une armada de trentenaires et de quadras sur tout le continent, qui en ont marre des vieux qui s'incrustent. Beaucoup seront candidats aux prochaines élections dans leurs pays respectifs.

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