Le candidat d'En Marche, qui engrange les soutiens de tous bords, se présente comme le seul candidat solide.
Bonjour Catherine,
Bonjour Wendy, bonjour à tous...
On est à six semaines du premier tour de l'élection présidentielle... Et soudain, le ton a changé... Les candidats lâchent leurs coups... Vieille technique : démolir l'autre pour rallier le maximum d'électeurs...
C'était flagrant jeudi soir... Invité de l'émission politique de France 2, Benoit Hamon, candidat du parti socialiste, a réservé ses piques les plus rudes à Emmanuel Macron, qui vient d'engranger les soutiens de Claude Bartolone et de Bertrand Delanoé... On sait aussi que François Hollande a demandé à ses ministres de différer leur arrivée dans le camp macroniste... Le ralliement de Jean-Yves Le Drian serait une question de jours... Alors Benoît Hamon balance et cible l'instabilité, l'immaturité, l'impréparation de fond de l'ancien ministre de l'économie... "Je ne le crois pas prêt à affronter les grands défis qui sont ceux du Chef de l'Etat face à la question européenne, face à Trump, à Poutine, et surtout à son propre peuple", a-t-il asséné sans convaincre que lui-même serait taillé pour affronter ces défis-là...
"Il prépare une France ingouvernable... Comment pourrait-il y arriver avec des gens aussi disparates que Robert Hue et Alain Madelin ?"... "Alors que moi, j'ai un projet clair, limpide, identifiable"... A l'en croire, le vote Macron accélère la montée du Front National. Bref, pour Benoit Hamon, Emmanuel Macron est un homme dangereux qui a tout faux.
Emmanuel Macron, qui lui aussi n'est pas en reste avec ses rivaux... Et il se présente comme le seul candidat solide...
Et voilà ce qu'il dit dans ses meetings : "Ne croyez pas une seule seconde que le candidat d'une gauche qui se déchire, qui chaque jour subit des hémorragies, pourra constituer une majorité en mesure de gouverner... Et pan sur Hamon...
"Ne pensez pas que le triste candidat de la droite, qui marrie les réactionnaires et les opportunistes puisse construire quoi que ce soit... Il ne partage pas les mêmes valeurs, et ces soutiens-là fileraient au moindre coup de vent du prochain quinquennat... Et pan sur Fillon...
Et même chose contre Marine Le Pen, qui ne représente, dit-il, qu'une partie de la France, joue sur les haines et les peurs... "Ne pensez pas qu'elle puisse construire une vraie majorité"... Comprenez : lui seul, avec son rassemblement gauche et droite, pourrait y réussir...
Il y a les critiques mais aussi les amabilités... Lors d'un meeting à Talence, près de Bordeaux, Emmanuel Macron a rendu un vibrant hommage à Alain Juppé...
Oui, il l'a fait applaudir, en le décrivant comme un grand responsable politique français, un maire respecté qui a transformé sa ville... En octobre dernier, quand les sondages portaient le maire de Bordeaux au zénith et le destinaient grand vainqueur de la primaire à droite, Emmanuel Macron mettait en doute sa probité... Ce qui avait provoqué la colère des juppéistes... Et cela, parce qu'il le gênait... ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, puisque Alain Juppé a définitivement renoncé à la course présidentielle... Et l'on voit bien que cet éloge en terre juppéiste est opportuniste... Emmanuel Macron aimerait bien rallier quelques apôtres de ce côté-là pour rééquilibrer son arche de Noé qui penche de plus en plus à gauche, avec les ralliements déjà engrangés et à venir des éléphants du PS et d'une kyrielle de ministres hollandais qui le font apparaitre comme un continuateur du quinquennat... une critique récurrente à droite, dont il se défend : "Je n'aurais pas fait tout ce chemin, si j'étais convaincu de la continuité"...
Le jour même, Alain Juppé a envoyé son parrainage à François Fillon...
"Car il ne quitte pas le navire dans la tempête", explique-t-il... Façon de recommander aux siens de faire pareil et de ne pas rallier Macron, dont il dénonçait il y a six mois la déloyauté...
Tandis qu'Emmanuel Macron saluait Alain Juppé, François Fillon, en meeting à Besançon, rendait hommage à Jean-Pierre Chevènement...
C'est vrai que les deux hommes ont toujours eu une réelle considération l'un pour l'autre... Et ces temps-ci, l'ancien maire de Belfort a été l'un des rares responsables politiques à s'inquiéter de l'immixtion dangereuse de la justice dans le calendrier de la présidentielle... Il est aussi très sévère avec Emmanuel Macron... Il est clair qu'un soutien de sa part serait bienvenu !