Ce samedi, Catherine Nay brosse le portrait de Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, qui porte la loi Asile et Immigration.
Bonjour Catherine
Bonjour Wendy, bonjour à tous
Gérard Collomb a présenté mercredi en conseil de ministres son projet de loi Asile et Immigration, un dossier très sensible. Des associations, le défenseur des droits, une partie de son camp jugent qu'il manque trop d'humanité, tandis que côté Républicains, on estime qu'il n'est pas à la hauteur des enjeux et que le projet manque de fermeté. Ce qui augure de débats parlementaires agités à la mi-avril.
Ce sont justement ces feux croisés contradictoires qui permettent au ministre de dire que son texte est équilibré. Gérard Collomb incarne la ligne dure de l'exécutif, la droite de la "macronie". Mais sur ce texte là, le soutien de Jupiter lui est total. "La ligne Collomb, c'est la mienne". Donc pas question de ne pas faire chorus avec ce ministre qui dit en avoir marre de jouer le facho de service et se plaint de ne pas être assez soutenu par la majorité. L'accord entre les deux hommes est total. Et le ministre s'est donné beaucoup de mal pour convaincre les élus En Marche, qu'il a reçus, cajolés. Tous disent que c'était très intéressant mais pas question de se laisser houspiller. Gérard Collomb peut se montrer très autoritaire, même très pète-sec.
Et puis ils savent qu'ils ont l'opinion pour eux
Le service information du gouvernement, le SIG, qui fait ses propres sondages, montre que 80% des Français adhèrent à la loi Asile et Immigration. Vous vous souvenez aussi du tollé dans les association, de certains intellectuels aussi, qu'avait suscité la circulaire Collomb, qui entendait recenser les migrants dans les centres d'hébergement d'urgence. Eh bien, 70% des Français interrogés y sont favorables.
Et puis Emmanuel Macron, grand admirateur d'Angela Merkel au moment où elle ouvrait les portes de l'Allemagne à près d'un million de migrants, voit bien que tous ses problèmes aujourd'hui viennent de là. On saura dans quelques jours si les militants SPD acceptent de faire la grande coalition avec elle. Déjà, ils ont fait savoir qu'ils refuseraient de voter la loi qui facilite le retour des demandeurs d'asile déboutés, en Tunisie, au Maroc ou en Algérie. Mais, de ce fait, ils sont en rupture avec leur électorat ouvrier qui juge qu'on en fait trop pour les migrants. S'ils votent NON, des élections législatives auront lieu, et le plus récent sondage montre que l'AFD, le parti d'extrême-droite, est devant le SPD. Il faut toujours regarder ce qui se passe chez les voisins.
Et puis entre Gérard Collomb et Emmanuel Macron, il y a un lien très particulier
Gérard Collomb n'est pas n'importe qui au sein de la "macronie", puisqu'il a été l'un de ses premiers soutiens, accouru avant même l'officialisation de sa candidature. Il est le premier à avoir mis ses réseaux à sa disposition, assisté à toutes ses réunions. Il est LE baron de la macronie. Vous vous souvenez lors de la cérémonie d'investiture à l'Elysée, on l'avait vu pleurer. Et en passant devant lui, Emmanuel Macron lui avait passé la main sur la joue, un geste affectueux. C'était des larmes de joie. Macron élu, c'était l'arrivée au pouvoir des idées qu'il avait toujours portées. On se souvient des larmes de Mendès en 81. Mais lui, à la différence, il ne pleurait pas de joie de voir Mitterrand à l'Elysée. En fait, il pleurait sur lui-même, sur son destin politique. Lui, il avait raté son rendez-vous avec l'histoire.
Mais si on regarde le projet : il est humain ou au contraire trop ferme ?
Très humain. Par exemple, pour les réfugiés mineurs non accompagnés, qui sont aujourd'hui environ 15.000. Eh bien, ils pourront faire venir leur famille : père, mère, frères et soeurs, au nom de la réunification familiale. Mais ce qui peut créer un incroyable appel d'air. On va vite se donner le mot dans certains pays. Mais ferme aussi. Par exemple, en augmentant la durée de détention dans les centres de rétention, qui va passer de 45 à 90 jours, parce qu'il faut, pour pouvoir renvoyer dans certains pays, des laisser-passer consulaires, ce qui est long à obtenir, mais la plupart des pays européens sont à 180 jours.