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SAISON 2018 - 2019, modifié à

Ce samedi, Catherine Nay décrypte la situation de la France, à l'aube de 2019 et de "l'acte 8" des "gilets jaunes".

Bonjour Catherine,

Bonjour Bernard, bonjour à tous et bonne année !

Et ça démarre fort. Ce premier samedi de janvier 2019 sera donc la huitième journée d'action des "gilets jaunes", qui seront dans les rues. Ils continuent de défier le gouvernement qui réclame, lui, le retour à l'ordre. Vous nous dites ce matin, Catherine, votre inquiétude.

Oui, parce que "bonne année", façon de parler. La France aborde 2019 sous un jour noir. Déjà, on peut faire les comptes : l'activité économique du secteur privé s'est contractée en décembre pour la première fois depuis deux ans. Dans les grandes et petites villes, le commerce, les services ont été très pénalisés. On peut donc prévoir des licenciements ou en tout cas le ralentissement des embauches, et des perspectives moroses pour la croissance, qui ne dépassera pas 1,5% pour 2018. Ça, c'est la facture des "gilets jaunes" ! La tentation est grande de désespérer.

Et vous dites : "on en veut à tout le monde" !

D'abord au Président de la République, qui n'a pas senti le désarroi du pays et ses rancœurs, faute d'écouter les maires, les élus locaux qui ont tenté, en vain, de le mettre en garde. Mais Emmanuel Macron a tout de même fini par donner satisfaction à toutes les revendications initiales des "gilets jaunes", sur la baisse des taxes, un geste pour les retraités... Il leur a même écrit qu'ils avaient raison. Mais lors de ses vœux, on a vu un Président remonter sur sa bête : il n'était plus l'homme assis, main posée à plat sur son bureau, qui faisait des mea culpa.

On l'a vu debout, déterminé à réformer la France et qui a fustigé l'inacceptable, c'est-à-dire cette foule haineuse qui s'en prenait aux élus, aux forces de l'ordre, aux homosexuels, aux juifs, aux étrangers, aux journalistes. Devait-il le dire ainsi ? Ça n'a pas plus aux "gilets jaunes". Mais soulignons qu'hier encore, un député En Marche, d'origine africaine, a reçu une lettre qui lui promettait "une balle dans la tête".

On en veut aussi au gouvernement.

Oui, d'allumer inutilement des brûlots. Par exemple : était-il judicieux d'interpeller à grand spectacle et de placer en garde à vue Eric Drouet, qui n'attendait que cela ? Il s'est même vanté d'avoir tendu un piège au gouvernement, qui est tombé dedans… histoire de relancer à son profit le mouvement des gilets jaunes, dont il est devenu le leader. Il s'est réjoui de ce bon coup de com. Etait-il très pertinent, comme l'a fait Benjamin Griveaux à l'issue du conseil des ministres, de dénoncer les "gilets jaunes", en les qualifiant d'agitateurs qui veulent l'insurrection ? La fermeté n'exclut pas l'habileté. Ne valait-il pas mieux rappeler que la loi doit être respectée, que le gouvernement est garant du retour à l'ordre républicain ? Fallait-il sur-réagir ? Dans l'intérêt général, certes pas.

Et on en veut aussi à l'opposition.

Oui, Emmanuel Macron avait à peine terminé ses vœux -beaucoup trop longs avec ses 17 minutes - que l'opposition, de droite, extrême-droite, gauche, extrême gauche tous en chœur lui sont tombés dessus comme une nuée de moustiques ! Comme si leur réaction était écrite à l'avance. Et ce soir-là, ça n'était pas les premiers couteaux qui s'exprimaient. Mais pire : qu'un responsable politique, hier candidat à la présidentielle - Jean-Luc Mélenchon, pour ne pas le nommer - évoque à propos de la garde à vue de quelques heures d'Eric Drouet, une "police politique", est irresponsable.

Et il en a rajouté avec sa fascination pour Eric Drouet, selon lui la réincarnation du sans-culotte de la révolution française qui avait reconnu Louis XVI lors de sa fuite à Varenne. Tout cela est pathétique ! Ce mouvement des "gilets jaunes" lui échappant, il feint d'en être l'organisateur. Mais Drouet, qui accepte le compliment, a fait comprendre qu'il n'entendait pas se faire récupérer par Mélenchon. On verra aujourd'hui si le mouvement des gilets jaunes est en voie d'extinction ou pas.

Et à qui en voulez-vous encore ?

Je vais vous le dire : au Père Noël ! Parce qu'il n'existe pas !