Nicolas Sarkozy était le premier invité de l'émission de France 2, "L'émission politique". Ses propos ont convaincu de nombreux sympathisants Les Républicains.
WB : Nicolas Sarkozy était le premier invité du nouveau rendez-vous politique de France 2, baptisé "L'émission politique", présenté en binôme par David Pujadas et Léa Salamé. Vous l'avez regardée. Comment l'avez-vous trouvé en cette rentrée ?
CN : C'est vrai qu'il a un peu changé. Il y a quelques filets argentés dans sa chevelure, toujours épaisse comme un tapis brosse. Le regard est presque doux. Il le dit : "Les épreuves de la vie m'ont changé. Je suis moins binaire."
Mais ce qui demeure, c'est cette énergie intacte. Il est toujours celui qui est le plus impliqué, qui en veut le plus. Un fauve ne devient jamais végétarien. Son appétit politique est toujours pantagruélique. Il entre en scène. Et l'on voit bien que c'est le mâle dominant qui s'installe. Une façon de s'asseoir, de humer l'assistance. Pas un papier devant lui. On sent comme une électricité. Et ça n'est pas Léa Salamé qui a fait baisser le voltage.
Vous vous souvenez de son "Mais vous plaisantez !", à l'adresse de François Hollande ? On s'était dit : cette fille n'a pas froid aux yeux. Avec Nicolas Sarkozy, on sentait une pugnacité hostile, qu'elle avait envie de mordre. Ça a beaucoup réagi sur les réseaux sociaux, mais ça a beaucoup servi Nicolas Sarkozy, parce qu'elle horripile ses partisans.
"Ça n'a pas été trop Che Guevera ?", l'a-t-elle interrogé à la fin de l'émission. "Ça aurait pu être pire", a-t-il rétorqué en riant.
WB : Mais à part ce show, que faut-il retenir de cette émission ?
CN : Le résultat réalisé en direct. 78% des sympathisants des Républicains qui l'ont regardé se sont déclarés convaincus par ses propos. Ce qui est un avantage pour la primaire. Les autres candidats ont été les grands oubliés de la soirée.
Depuis plusieurs semaines, Nicolas Sarkozy impose toutes les thématiques de la campagne, obligeant les autres à se positionner vis-à-vis de lui.
Il n'a pas cédé d'un pouce sur ses propositions qui font polémique : l'adaptation de la constitution et de notre Etat de droit, la création d'un parquet anti-terroriste indépendant, la mise en rétention administrative de certains fichés S, changer les règles européennes en matière de sécurité, de frontières et sur les travailleurs détachés, un service militaire obligatoire pour les décrocheurs scolaires. Et il n'a pas cédé un pouce sur ses déclarations, minorant le rôle de l'homme dans le réchauffement climatique. Sur l'affaire Bygmalion, il se dit lavé de toute accusation mettant en cause sa probité.
WB : Vous le sentez sûr de lui pour la suite ?
CN : Il dit sentir une dynamique très puissante. "Ai-je gagné pour autant ? C'est une longue course." Mais il répond aussi à Léa Salamé qui lui demande ce qu'il fera s'il est battu : "Je vous dirai cela dans 8 mois." Preuve qu'il est confiant pour la primaire, laquelle est à deux tours. Et il lui faut absolument arriver en tête au premier tour en devançant largement le second. Une situation déjà curieusement admise par les proches d'Alain Juppé. Oui, Nicolas Sarkozy devrait être en tête au premier tour de la primaire, ce qui ne veut pas dire que le second est gagné. Mais il l'a promis, il ira chercher les électeurs un à un. Et il poursuit sa campagne à un rythme d'enfer.
WB : Lors de son discours Salle Wagram, François Hollande lui a réservé ses piques, comme s'il était déjà le seul adversaire à combattre...
CN : Nicolas Sarkozy lui rend bien la politesse. Parce que François Hollande a reçu son lot de tacles. Un Hollande qu'il présente comme un homme sectaire, sans colonne vertébrale. Quand il dit : "Moi, je ne serai pas le Président de l'impuissance." Mais ce que l'on sent, c'est que des deux côtés, les deux hommes rêvent de refaire le match. "Je n’ai pas de revanche, pas d’amertume", dit Nicolas Sarkozy. Il a tout de même un peu envie de revanche…