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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Chaque candidat s'est targué d'avoir marqué des points. Mais y voit-on vraiment plus clair après ce débat très musclé ?

Le second débat de la primaire de la droite et du centre a été suivi par plus de 2 millions de téléspectateurs. Chaque candidat s'est félicité d'avoir "marqué des points."

Le débat a été plus incisif que le précédent, l'occasion pour tous les candidats de se lâcher, de s'envoyer des vannes entre amis, ou plutôt "ex-amis". Ce qui est complètement inédit était la présence sur le plateau d'un ex-président de la République, Nicolas Sarkozy, entouré de son ancien gouvernement. François Fillon, son Premier ministre, Alain Juppé, son ministre des Affaires étrangères, Nathalie Kosciusko-Morizet, sa ministre de l'Environnement, Bruno Le Maire, son ministre de l'Agriculture et bien sûr Jean-François Copé qui présidait le groupe de la majorité à l'Assemblée nationale. Il y avait sur le plateau une ambiance proche du règlement de comptes, voire un côté "tous contre lui". NKM étant la plus "griffeuse" et Bruno Le Maire le "redresseur de tords". Nicolas Sarkozy a répondu en patron, en les mouchant tout en gardant le sourire. En général dans une compétition, tous les concurrents se liguent contre celui qui a des chances de l'emporter. Or personne n'a agressé Alain Juppé, qui a d'ailleurs continué son chemin tranquille hors des mesquineries. François Fillon lui-même, très habile a su prendre sa part du bilan du précédent quinquennat, mais pour prôner une politique radicalement différente... 

Que faut-il retenir du débat ?

Il y a entre eux quelques nuances de fond, mais ils sont tout de même dans le même camp. Ce qui veut dire que demain ils pourraient très bien gouverner ensemble. Ce qui est intéressant est le choc des personnalités. Là-dessus il y a vraiment une hiérarchie qui s'est imposée. On donne la prime à l'expérience, incarnée par un ancien président de la République, et deux anciens Premiers ministres. Eux sont devant la génération du renouveau.

Nicolas Sarkozy n'est pas le mieux placé mais demeure celui qui mobilise le plus. D'ailleurs les sondages de fin d'émission étaient très intéressants : Alain Juppé donné gagnant mais Nicolas Sarkozy en tête dans l'électorat de droite. Et puis François Fillon qui lentement mais sûrement grignote du terrain. 

On a beaucoup parlé du centre, la faute à Sarkozy qui semble obsédé par Bayrou ?

Pour Nicolas Sarkozy, François Bayrou n'est pas fiable, puisqu'il a refusé la réforme des retraites en 2010, il a voté la motion de censure contre François Fillon, il était contre l'interdiction du voile. "Son projet est aux antipodes de celui que je défends" s'est expliqué Nicolas Sarkozy. Il est donc évidemment contre l'alliance formée par Alain Juppé et François Bayrou. "Je ne veux pas que la future majorité soit demain l'otage de François Bayrou". "Mais je ne lui ai rien promis, il ne m'a rien demandé" se défend Alain Juppé. Mais Nicolas Sarkozy n'est pas le seul à qui cette alliance fait grincer des dents. Jean-Frédéric Poisson a demandé à Alain Juppé de faire pression pour que Bayrou ne se présente pas à l'élection.

Comment peut-on comprendre cette insistance du clan sarkozyste à l'encontre de François Bayrou ?

Électoralement c'est intéressant. Prononcez le nom "Bayrou" dans un meeting de Sarkozy c'est la garantie d'entendre des huées, comme un révulsif. François Bayrou est depuis 20 ans l'ennemi le plus tenace de Nicolas Sarkozy. Il a sabordé son parti en 2007 après l'élection de Nicolas Sarkozy pour créer le Modem qui devait être "le" parti d'opposition à Sarkozy, allant jusqu'à s'allier au cas par cas à la gauche pour le contrer. En 2008 il a écrit un pamphlet (Abus de pouvoir) qui recensait les dérives du quinquennat de Sarkozy. En vérité c'est un centriste qui ne croit pas à une alliance figée avec la droite. C'est pour ça que Nicolas Sarkozy dit à Alain Juppé "attention c'est un homme peu fiable. Ce n'est pas quelqu'un avec qui on partirait à la chasse au tigre."