Après avoir désacralisé la fonction présidentielle, François Hollande la décrédibilise par les propos relayés dans Un président ne devrait pas dire ça.
Tremblements au PS après la publication de Un président ne devrait pas dire ça. Pour la première fois les ténors du parti socialiste ne sont plus si sûrs de l'évidence de la candidature de François Hollande.
Nous avons vécu une semaine où l'on sent comme une accélération de l'Histoire. Pourtant il y a encore trois jours on pouvait répondre "oui" à la question, "est-ce que François Hollande va se représenter ?" Il avait accordé une interview à l'Obs dans laquelle il déclarait "je suis prêt." Comprenez, "à y aller". Interview dans laquelle il dressait un bilan positif rose vif, lâchant au passage quelques approximations que ses opposants auraient pu contester, mais on n'en a pas eu le temps.
Oui on est passé très vite à autre chose avec la publication de ce livre de deux confrères.
François Hollande a toujours aimé les journalistes, c'est peut-être même le métier qu'il aurait aimé faire. Il vivait avec eux lorsqu'il était dans l'opposition. Il avait lâché dans un dîner qu'il "en avait manipulé plus d'un, même les plus grands", car il avait toujours une "phrase choc" pour alimenter leurs papiers. François Hollande a toujours été un commentateur. Le mystère c'est qu'il ait ouvert ses portes à deux journalistes d'investigation travaillant au Monde. Il ne les connaissait pas, mais ils avaient la réputation d'être anti-sarkozystes, ce qu'il a sans doute cru être un atout. Il a accepté leurs conditions sans broncher, devenant le commentateur de lui-même et dévoilant une phase ténébreuse, peu généreuse envers son prochain, ses amis, sa compagne. Un homme cynique sans affect. Comme si l'image de président jovial n'était qu'un masque.
François Hollande a crée une véritable intimité voire complicité avec les deux journalistes ?
Les deux journalistes racontent cette chose inouïe : en mai dernier François Hollande leur suggère : "il faudrait quand même se mettre d'accord sur les citations." Preuve qu'il est lucide et qu'il craignait quand même de leur en avoir trop dit. La plupart des personnalités politiques exigent de relire pour être cités, mais "nous on a répondu non, on ne fait pas relire. Et le président, c'est tout à son honneur, n'a pas insisté." Son honneur ? Mais c'est quand même le président ! Parlons plutôt d'irresponsabilité ou de manque d'autorité. Maîtriser sa communication est le BABA de la politique. Ne pas le faire c'est organiser son suicide politique. Mais mieux que ça, alors qu'il s'était emporté devant eux, le président revient sur ses propos : "ah mais un président ne devrait pas dire ça, je suis enregistré." Il n'aurait pas du dire ça, "mais nous, nous devons l'écrire", ce qui explique le titre mais pose tout de même un problème déontologique.
François Hollande a attaqué la magistrature au bazooka !
Il a raillé cette "engeance", cette institution de "lâcheté", alors qu'il déclarait il y a huit jours devant des centaines de magistrats, "qu'il n'y a pas d'Etat de droit si l'autorité justicière n'est pas respectée." Devant le tollé, il a du s'aplatir, battre sa coulpe, préciser que ce n'est pas "sa pensée." C'est assez minable et même les fidèles prennent leurs distances : Cambadélis, Bartolone ou Valls expriment leurs doutes.
Ces sorties de route inquiètent et en font un président "anormal". Oui, quelque chose ne tourne plus rond chez François Hollande !