Géraldine WOESSNERLe vrai-faux de l'info

 

Nos hôpitaux pourraient-ils fonctionner sans médecins étrangers ?

  • Copié

François Fillon affirme que nos hôpitaux ne fonctionneraient plus s’il n’y avait pas de médecins étrangers.

Le Vrai Faux de l’info avec les approximations médicales de François Fillon.

Le candidat républicain a défendu hier sur Europe 1 son idée de quotas pour l’immigration. Il serait ridicule de suspendre toute entrée, dit-il, mais l,exemple qu’il choisit est-il vraiment le bon ?

François Fillon : "Nos hôpitaux ne fonctionneraient plus s'il n'y avait pas des médecins étrangers"

Nos hôpitaux ne fonctionneraient plus s’il n’y avait pas de médecins étrangers, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est faux car contrairement à ce qu’il laisse entendre, ce n’est pas une pénurie de médecins qui met l’hôpital public sous tension, mais une mauvaise organisation. Le nombre de médecins pour 100.000 habitants se situe en France, dans la moyenne européenne. Depuis 30 ans le nombre de médecins en activité a quasiment doublé. Ils sont aujourd’hui, d’après le répertoire partagé des professionnels de santé, un peu plus de 220.000. Mais curieusement répartis puisque presque autant de spécialistes, que de généralistes. Certaines régions peu attractives et certaines spécialités ingrates sont toutefois effectivement délaissées. D’où l’appel à des médecins étrangers dont les hôpitaux, en théorie, pourraient se passer.

Mais dans les faits, combien sont-ils ces médecins étrangers ?

Ils représentent aujourd’hui un peu moins de 10% des médecins en activité, mais on parle là des diplômes obtenus à l’étranger, pas de nationalité car la plupart sont devenus français. 9.000 ont un diplôme européen et 13.000 d’un autre pays souvent l’Algérie ou le Maroc. À l’hôpital, ils sont plus nombreux mais pas parce qu’on ne peut pas faire autrement pour des questions de budget. Un praticien hospitalier gagne environ 5.000 euros à temps plein. Il peut doubler ou même tripler ce salaire s’il exerce en plus en libéral. C’est l’une des raisons qui explique que les hôpitaux publics aient du mal à recruter. Les médecins étrangers acceptent ces salaires dans des spécialités difficiles par exemple 30% des gériatres sont étrangers. Ils sont aussi recrutés faisant fonction d’internes. Ces années avant que leurs diplômes soient reconnus, ils travaillent, comme médecins pour 1.500 euros bruts. Or ce mal fondamental, celui de l’écart de rémunération entre médecine publique et libérale, aucun des candidats ne l’a vraiment abordé.

Les chroniques des jours précédents