Toutes les prévisions du gouvernement ont-elles été tenues depuis 2012 ?

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Bruno Le Roux affirme que depuis 2012, toutes les prévisions du gouvernement ont été tenues, voire dépassées.

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le vrai faux de l’Info, avec l’indécrottable optimiste, Bruno Le Roux.

Le président du groupe socialiste à l’Assemblée, fervent soutient de François Hollande, s’est retrouvé bien embêté hier pour commenter les mauvais chiffres du chômage du mois d’août. D’accord, il admet que la promesse d’une inversion de la courbe d’ici la fin de l’année, était une formule malheureuse, mais pour le reste :

Bruno Le Roux : "Vous dîtes toujours qu'on est optimistes mais depuis 2012, à part cette formule sur le chômage, toutes les prévisions du gouvernement ont été tenues, voire dépassées"

Toutes les prévisions du gouvernement ont été tenues depuis 2012, c’est vrai, ou c’est faux ?

Évidemment, c’est faux. Il y a même de quoi se pincer quand on reprend les documents budgétaires adopté par ce gouvernement. Premier projet de loi de Finances pour 2013, le budget est alors construit sur une prévision très optimiste, 0,8%. Pierre Moscovici, ministre des Finances, nous promet alors que le déficit va repasser sous la barre des 3% dès l’année suivante, il sera à 2,2% du PIB, dit-il, et les dépenses de l’État ne bougeront pas. En réalité, elles vont progresser de 10 milliards, la dette et le déficit se creuser et la croissance va stagner à 0,3%.

Voyons l’année suivante, le projet de loi de Finances 2014. Le gouvernement prévoit toujours alors une croissance confortable, de 0,9% avec un déficit à 3,6% du PIB et même un léger recul du taux de prélèvements obligatoire. Or cette année-là, les impôts atteignent des sommets, la dette publique explose et le déficit se creuse à 4% du PIB, bien loin donc des 2,2% promis au début du quinquennat.

Le gouvernement s’est trompé, mais a-t-il rectifié le tir ?

C’est vrai et c’est peut-être ce qui explique la perte de mémoire de Bruno Le Roux. Face aux critiques des économistes, le gouvernement a pu ajuster ses prévisions dans les lois de Finances rectificatives et modérer un peu son optimisme. Et puis en 2015, il change complètement de braquet. Cette année-là c’est vrai, il adopte des prévisions dans la ligne ou même en dessous-de ce qu’attendent les économistes avec une croissance à 1% et un déficit énorme à 4,3% du PIB, ce qui lui permet quand le vrai chiffre tombe, 3,5% de dire "on a fait beaucoup mieux qu’attendu !". Une stratégie intelligente, il faut le reconnaître, qui a le double avantage de rassurer Bruxelles. On montre que l’on fait des effort aux électeurs et à l’opinion publique.
 
Donc les prévisions ont bien été tenues, mais seulement depuis deux ans ?

Et ça ne va pas durer. Le ministre de l’Économie va présenter tout a l’heure son projet de loi de Finances pour 2017 qui est jugé peu réaliste puisqu’il prévoit une croissance d’1,5% et un déficit public ramené à 2,7% dès l’année prochaine. Personne n’y croit mais vous savez, tout redevient possible, avant une présidentielle.