Laurent Wauquiez affirme qu'une sourate dit qu’un musulman doit s’adapter aux us et coutumes du pays d’accueil.
Laurent Wauquiez, le président par intérim des Républicains incarne la ligne dure du parti face à l'Islamisme. Il soutient l’interdiction du Burkini, la fin des menus de substitution dans les cantines et pour justifier ses positions il a invoqué le Coran hier, sur LCI.
"Il y a une sourate du Coran que j'aimerais bien qu'on n'oublie pas. Cette sourate dit que, quand un musulman exerce sa foi dans un pays qui n'est pas un pays musulman, il doit adapter sa foi à ce qu'est l'état du pays".
Une sourate du Coran soutient cela, vraiment ?
C’est faux. Nous ne l'avons pas trouvée parmi les 6.236 versets qui composent les 114 sourates du Coran, et les imams, les spécialistes que nous avons consultés sont formels : elle n'existe pas. Laurent Wauquiez, qui se définit lui-même pourtant, dans cette interview, comme "spécialiste de l’Islam", l’a simplement inventée.
En fait, Monsieur Wauquiez confond les textes sacrés, le Coran, Les paroles du prophète, avec les interprétations qu'en ont faites à travers les âges, ceux que les musulmans appellent les savants de l’islam, et dont les fatwas, les avis, éclairent des points restés flous. Est-ce que l'on peut commercer avec des non-croyants, à quel âge marier sa fille... Il y en a des dizaines, des centaines de milliers de ces avis, et certains, c’est vrai, ont invité parfois les fidèles à se plier aux coutumes en vigueur dans le pays où ils se trouvaient, pour les questions relatives à la vie quotidienne, à l’éthique, mais jamais pour le dogme, ou la pratique du culte.
Et ce ne sont pas des commandements ?
Et non, ce sont des décrets juridiques, délivrés, dans un contexte précis, à un moment de l’histoire, par ces conseils religieux. Le problème, c’est que tous appartiennent à différentes écoles de pensée. La plus progressiste, l’école Hanafite, considère qu’un musulman peut ultimement s’en remettre à sa propre raison pour résoudre ses dilemmes, donc abandonner le voile dans une société qui ne le porte pas par exemple. Mais il en existe de plus rigoristes et les salafistes, eux, prétendent revenir à une application stricte du coran et de la parole des prophètes, qui par définition ne peuvent pas s’adapter à la modernité.