Jean-Michel Fauvergue affirme que certains prêches se font en latin.
Vrai-Faux : Un nouvel attentat ravive les mêmes questions.
L'opposition étrille l'inaction du gouvernement, après l'attaque qui a fait une victime samedi. Le terroriste était fiché pour ses liens avec la mouvance radicale, comme la plupart des auteurs d’attentats perpétrés en France depuis 2012. La vice-présidente des Républicains Virginie Calmels a réclamé, hier, des actes forts, face à l'ancien patron du RAID Jean-Michel Fauvergue, devenu député En Marche.
Virginie Calmels : "Les prêches en Français, ça peut être imposé".
Jean-Michel Fauvergue : "Il y a des prêches qui se font en latin".
Virginie Calmels : "Ça n’a rien de comparable !"
Il y a des prêches qui se font en latin, affirme Jean-Michel Fauvergue. Vrai ou Faux ?
C’est faux. Il n’y a pas de prêches en Latin en France, ils ont disparu, en gros, depuis l’an 800, quand le concile de Tours a décrété, en 813, que les évêques devraient traduire leurs sermons en « langue rustique romane », ou en allemand, pour que tout le monde les comprenne. La décision, à l’époque, autorise ce qui se pratiquait déjà : le latin est mort, en France, entre le 7eme et le 10eme siècle. Et si la liturgie (ce qui est propre au rite : les chants, psaumes, les prières…) va continuer à se faire en latin jusqu’au Concile Vatican II, en 1965, ce n'est pas le cas des prêches qui se prononcent en langue vernaculaire, celle que comprennent les fidèles : quand on explique l’évangile ou qu’on éclaire la morale, la doctrine chrétienne pour l’assemblée, cela se fait en français, ou en patois. C’est toujours le cas aujourd’hui, dans les 230 lieux de culte où la messe est dite en latin (et qui représentent moins de 2% des églises).
Contrairement à ce qui se pratique dans les mosquées, où les prêches sont souvent en arabe. Faut-il les interdire ?
La proposition séduit, à droite, parce qu'elle renvoie aux influences étrangères. Dans les 2.500 lieux de culte musulmans que compte la France aujourd'hui, environ 300 imams sont étrangers, détachés par leurs pays d’origine, qui les paient, pays avec lesquels la France a des accords : l’Algérie, la Turquie, le Maroc. 300 autres prédicateurs vont venir les renforcer pendant le ramadan : la plupart ne parlent pas français. De nombreux imams bénévoles parlent aussi en arabe, ou en turc. Mais pas pour dissimuler une violence de discours. Simplement parce que leur communauté, parfois migrante, doit les comprendre… Et selon les experts que le Sénat a auditionné il y a deux ans, interdire ces prêches en arabe ne changerait pas grand-chose : ce n’est pas la langue qui pose un problème, c'est l'idéologie, le fond du discours. Or des prêches violents, il y en a aussi en Français. C’est surtout la formation des imams, qu’il faut organiser. Aujourd’hui, aucune certification n’existe. Or souvent, c’est à l’étranger que vont se former les jeunes français qui veulent devenir savants. En Algérie, en Égypte. En Arabie Saoudite, même : cette année, l’université Islamique de Médine, berceau du Wahhabisme, qui enseigne la Charia, accueille une quarantaine de nouveaux étudiants français, dès leur sortie de bac Pro pour certains. Et l'Arabie Saoudite est très accueillante : s’ils sont bons musulmans et n’ont pas de casier judiciaire, explique l’université, elle finance leur visa, leur hébergement sur place, en vase clos. A leur retour, ils pourront prêcher. En Français donc, mais imprégnés de valeurs qu'on peut interroger, sur l’antisémitisme, l’égalité hommes-femmes, l’homophobie. La langue est un faux problème, pour les auteurs de ce rapport sénatorial, mais la formation sur le sol français, une priorité.