Croissance, la France antépénultième en Europe et le bilan d'Obama avec l'Europe : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

Axel de Tarlé, expert économie

La France est la quasi lanterne-rouge de la croissance en Europe.
On parle de "reprise économique" mais en réalité, celle-ci reste bien timide.

C'est l'avantage d'être en Europe, on peut se comparer avec nos voisins.
En tous les cas, Eurostat le fait et hier, elle a publié le bulletin de note des Européens en matière de croissance.
Sur 21 pays analysés, nous sommes 19e. Quasiment tout le monde est devant nous, même la Grèce fait mieux.
Sur un an, la Croissance française s'établi à 1,1 %, seules, la Lettonie et l'Italie font moins bien.

Comment l'expliquer ? Ça veut dire que la politique de "compétitivité" du gouvernement a échoué ?

Le problème, c'est ce que tout le monde en Europe mène des politiques de compétitivité.
Et à ce petit jeu-là, les Espagnols le font plus franchement, avec un coût du travail, aujourd'hui, en Espagne, inférieur de 40% à celui de la France.
Résultat, l'Espagne affiche une croissance de plus de 3%.

Les pays d'Europe du Nord ont réussi, eux, à davantage monter en gamme. Ce sont des machines-outils allemandes et des robots qui s'exportent dans le monde entier,
Mais même l'agriculture, vous avez des fermes-usines ultra compétitives.
Résultat, la croissance en Allemagne augmente de 1,7% et celle des Pays-Bas de 2,4%.

Donc, ce sera le chantier du prochain quinquennat, mener plus franchement une politique de compétitivité. En jouant sur la baisse des coûts et l'investissement pour monter en gamme.

La bonne nouvelle, c'est que le constat est partagé. Droite et gauche militent pour ces politiques de compétitivité.

 

Sophie Larmoyer, experte international

Dernier voyage de Barak Obama en Europe comme président des États-Unis. Il est arrivé hier en Grèce, sera demain et vendredi en Allemagne, où il verra Angela Merkel bien-sûr, mais aussi François Hollande, Theresa May et Matteo Renzi. Une tournée d’adieu qui est l’occasion de faire un petit bilan de la relation entre Obama et l’Europe.

Ce qui est très frappant, c’est la popularité incontestée de Barak Obama en Europe. Si vous regardez les études de l’institut américain Pew Research Center, le taux de confiance dans son action internationale dépassait les 80% dans certains pays, dont la France et l’Allemagne. Une confiance des Européens qui est d’ailleurs restée constante et forte pendant ses deux mandats. Là où son prédécesseur, George Bush, avait de très mauvais scores. Quant à Trump, avant son élection, il n’affichait que 9% de confiance.

Pourtant au début de son mandat, on pouvait se demander si l’Europe intéressait Obama.

Oui, il était même absent au 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin et puis souvenez-vous, Obama avait décidé de se tourner vers le Pacifique, le fameux "pivot vers l’Asie". Il voulait réorienter la politique américaine, sécuritaire et économique.

Et puis lui aussi, comme Donald Trump aujourd’hui, suggérait aux Européens de se prendre un peu plus en charge, c’est-à-dire de payer plus pour l’Otan, pour leur défense.

Et finalement le président américain était là dans les moments importants, ces huit dernières années.

On pense au conflit ukrainien, démarré il y a trois ans, l’annexion de la Crimée par la Russie, l’insurrection pro-russe dans l’est de l’Ukraine. Les Américains, avec les Européens, décident de sanctions contre la Russie et Obama fait revenir leurs chars sur le continent, pour rassurer la Pologne et les Pays Baltes, face à ce qui est appelé "l’agression russe". Depuis deux ans, l’Otan renforce sa présence armée dans ces pays, avec les Américains en 1ère ligne.

Sur le plan économique, Europe-États-Unis ça reste la plus grande relation commerciale du monde : 54% du commerce mondial.

Et puis sur le plan politique, Barak Obama a redécouvert l’importance d’une Europe unie et forte. Il est venu plaider, encore au printemps dernier pour mettre en garde contre la montée des populismes, contre le Brexit. Rappeler que l’intégration européenne est "l’une des plus grandes réalisations politique et économique des Temps modernes".

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le vrai-faux de l’info avec l’écologiste François de Rugy.

Alors que la Justice vient de valider le début des travaux à Notre-Dame-Des-Landes, l’écologiste s'affole : l’urbanisation de la France serait frénétique.

François de Rugy : "Tous les sept ans, l'équivalent de la surface d'un département français disparaît, mangé par l'urbanisation, mangé par les projets d'infrastructure".

Tous les sept ans, l’équivalent d’un département français disparaît, mangé par l’urbanisation, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est faux. Ce serait même plutôt le contraire, l’urbanisation stagne en France, voire régresse. Le taux de croissance démographique des territoires ruraux est supérieur à celui des villes et les espaces naturels, les bois et les prairies se sont un peu étendus depuis 10 ans. Ils représentent aujourd’hui 40% du territoire français. 

En fait, la statistique que cite Francois de Rugy, est issue d’une étude, très sérieuse publiée en 2010 par le ministère de l’Agriculture, qui mesure tous les ans la part de territoire affectées aux trois grands types d’occupation : l’agriculture, la nature et le reste que l’on appelle les espaces artificialisés. En 2010 donc, le ministère s’alarmait en indiquant que la surface de ces sols artificialisés venait de fortement augmenter pendant deux ans et il donnait cette image "à ce rythme cela représente un département tous les sept ans". Sauf que ce rythme depuis s’est nettement ralentit et les dernières études montrent que ces sols artificialisés ont progressé de 60.000 hectares en moyenne chaque année. Soit, pour reprendre la même image, un département tous les 11 ans. Ils recouvrent aujourd’hui 9,3% du territoire français. 

Donc l’urbanisation progresse. Moins vite, peut-être, mais il a raison ?

Cela dépend de quoi on parle. Les sols artificialisés, qu’est-ce que c’est ? Ce sont les routes, les parkings, les villes évidemment, mais aussi les chemins agricoles, les cours dans les fermes, les parcs et jardins. Tout ce qui n’est pas agricole ou la nature sauvage. Or les jardins et les espaces verts, ont représenté 40% des nouveaux espaces artificialisés ces 10 dernières années, les maisons individuelles 14% et les projets d’infrastructure qu’évoque Monsieur de Rugy, une part beaucoup moins importante de seulement 16% pour les routes et 12% pour les zones commerciales et industrielles. C’est important, c’est réel mais à relativiser. D’autant plus que la population de la France a augmenté de 2,2 millions pendant ces années et que les habitudes ont changé, on veut être dans une maison, on veut des services, des routes pour aller en ville plutôt que d’urbanisation, il faudrait parler de Rurbanisation.

Au détriment des terres agricoles ?

Voilà. Elles n’occupent plus que 51% du territoire national, c’était 60% dans les années 60.