Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
Le débat, sur le plan économique, était assez technique par moment.
Qu'en avez-vous retenu ?
C’était technique parce que sur le fond, il sont tous d'accord.
En gros, il faut travailler plus et baisser les charges des entreprises pour rendre la France plus compétitive.
Ils ne se différencient finalement que sur le rythme.
François Fillon a l'avantage d'être le plus radical et donc, le plus audible. Là où les autres comme Alain Juppé sont dans le raffinement donc plus technique et plus compliqué.
En fait, Hier, il y avait hier, une seule vraiment voix dissonante, celle de Nathalie Ksociusko Morizet qui propose un autre logiciel.
En gros, elle dit que le travail salarié, à vie dans la même entreprise, c'est fini,
Aujourd'hui, avec Uber et les nouvelles technologies, on multiplie les employeurs. On peut même en avoir plusieurs en même temps.
Donc, il faut un système plus simple, plus souple, avec plus de liberté.
C'est pour cela par exemple, qu'en matière de retraite, elle propose de partir quand on veut avec un système à point où l'on part quand on veut, évidement si vous partez tôt, vous avez moins.
Surtout, NKM a parlé d'un taux d'impôt unique à 23,5%, c’est quoi ?
Ça, ce serait une révolution, la fin de l'impôt progressif où les très riches paient 45%. Là, tout le monde paierait la même chose, 23,5 %, que l’on soit riche ou pauvre.
Oui, mais, ce serait très injuste, les plus pauvre seraient taxés comme les plus riches.
Oui, c'est le principe du taux unique et c'est pour cela qu'elle atténue le dispositif, en proposant un revenu universel pour les plus modestes. Pour les plus riches, elle supprime les niches fiscales et maintient l'ISF.
Et ça Existe ? Certains pays ont adopté ce "taux unique" ?
Beaucoup d'ancien pays communiste comme la Russie qui taxe tous ces habitants à hauteur de 13 % mais également l’Estonie, la Lettonie, la Slovaquie ou la Bulgarie.
C’est une approche libérale avec un taux bas, le même pour tout le monde.
L’avantage est simple, il n’y a pas d'évasion fiscale mais, forcément, les plus modestes paient davantage.
Mais en France, vous avez la CSG qui fonctionne sur ce modèle et tout le monde la paie déjà.
Sur la forme ? Quel Jugement ?
François Fillon a l’avantage d'être le plus radical et le plus audible
Alain Juppé a été plus hésitant et beaucoup plus compliqué.
Bruno Le Maire scande le renouveau mais, c'était la Politique à la papa.
Jean-Frédéric Poisson est l’erreur de casting.
Jean-François Copé est combatif, il n’a rien à perdre et a été assez bon.
NKM est ailleurs mais dans un ailleurs rafraichissant.
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
Le vrai faux de l’info a bien entendu regardé le débat et relevé quelques approximations.
Trois extraits révèlent la difficulté de trouver les bons outils contre le chômage. Bruno Le maire par exemple, fait un vrai blocage sur les emplois aidés, qu’il veut supprimer.
Bruno Le Maire: “Est-ce que ces fameux emplois aidés (…) ça permet à ceux qui en bénéficient de rentrer dans le travail, d’avoir une qualification, un métier ? Non“.
Les emplois aidés ne servent à rien, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est faux, même si personne ne prétend qu’ils sont la panacée, que l’on manque de données sur plusieurs années, le ministère de l’Emploi tient des statistiques. Dans le secteur marchand, les contrats aidés sont utiles, surtout s’ils sont couplés à une vraie formation, entre 55 et 65% des salariés qui en ont bénéficié en 2013 avaient un travail six mois plus tard, et à plus long terme, à 2 ans et demi. Les salariés passés par ce type de contrats ont beaucoup plus de chance de décrocher un CDI, 30 points de plus, selon l’Insee. C’est l’inverse en revanche, dans le secteur non-marchand comme la fonction publique, là les jobs ont si peu d’intérêt qu’ils éloignent plutôt, à long terme de l’emploi réel.
C’est pour ça que certains candidats proposent de ne conserver que les contrats aidés dans les entreprises ?
Exactement. Nicolas Sarkozy par exemple, qui a eu hier une sorte de trou noir à ce sujet quand il a affirmé:
Sarkozy : “Les emplois publics aidés… à ma connaissance, Bruno, nous n’en avions pas fait“.
Là on se dit : mon dieu, il est amnésique ! Car des emplois aidés, Nicolas Sarkozy en a fait et beaucoup, 450.000. Un tournant pris en 2008, en pleine crise financière, “car tout est mieux que l’inactivité“ disait-il alors. Et il n’a pas ciblé que le secteur non-marchand, la majorité de ces contrats, les contrats d’accompagnement dans l’emploi, étaient réservés au secteur public.
Un petit problème de mémoire pour Nicolas Sarkozy. Mais Alain Juppé a plutôt convaincu hier soir, si l’on en croit les sondages.
Pourtant lui aussi, dans son désir de nous vendre sa France heureuse, a allègrement peint le réel en rose.
Juppé : “le plein emploi existe, même dans certaines régions françaises où on est a 5 ou 6% de chômage“.
Alors là, c’est un scoop !
Cela peut surprendre et c’est normal. Aucune région n’est au plein emploi, en fait Alain Juppé parle de territoires, de ces zones d’emploi où la plupart des gens travaillent et habitent. L’Insee a découpé la France en 321 zones et dans sept d’entre elles c’est vrai, on est au plein emploi. Sept qui représentent 0,5% de la population active et encore, la moitié s’en sortent mieux parce que ce sont des zones rurales, désertées par les jeunes, ce qui enlève tout leur sens à ces statistiques.