Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
Orange s’apprête à lancer sa banque "Orange Bank". Elle sera opérationnelle en janvier prochain.
Le N°1 français des télécoms vise deux millions de clients.
C'est beaucoup non ?
Oh oui c'est beaucoup, pour vous donner une idée, la Société générale, banque vieille de 150 ans, compte huit millions de clients particuliers.
Donc, deux millions, pour un nouveau venu qui n'est pas une banque mais un opérateur télécom, c'est beaucoup.
Orange mise beaucoup, sur la nouvelle loi Macron, qui à partir de février prochain, va totalement changer la donne dans le secteur. Puisqu'il deviendra très facile de changer de banque.
Aujourd’hui on est tétanisé, à l'idée de changer de banque.
À partir de février prochain, ce sera très simple car c’est votre nouvelle banque qui s'occupera de tout comme :
- D'assurer la bonne transaction de tous vos virements en cours, prélèvements et chèques non débités.
- Elle assurera elle-même la bascule de tous vos ribs à EDF, gaz telecom ou encore Canal+ vers votre nouveau compte, sans rupture.
Cette loi pourrait donc débloquer le marché et doubler le nombre de Français qui changent de banque. Aujourd'hui, c'est très faible. Seuls 4% des particuliers changent de banque chaque année. Dans les télécoms, c'est 15%.
Mais pourquoi prendre un compte chez Orange qui est un opérateur télécom ?
C'est un métier quand même la banque ! On n'est pas prêt à confier notre argent à n'importe qui !
Détrompez-vous, les supermarchés proposent de la banque depuis des années.
Et même les bar-tabac maintent, avec le compte Nickel. 400.000 particuliers ont ouvert un compte Nickel, au café du coin.
Orange a un avantage, il va pouvoir taper dans son énorme fichier clients de 29 Millions d'abonnés mobile avec une offre bancaire 100% en ligne et une offre Mobile où la pour le coup Orange est très légitime.
C'est peut-etre le début des ennuis pour les banques, un secteur qui jusqu'à présent a été épargné. On est tous resté fidèle aux banques traditionnelles.
Si vous regardez en Afrique, continent bien plus avancé en la matière, Orange compte 15 Millions d'abonnés à son offre bancaire, oronge Money.
Sophie Larmoyer, experte internationale
L’ouragan Matthew s’est abattu hier et cette nuit sur Haïti, c’est le plus violent de ces dernières décennies avec des pluies torrentielles et des vents à 230 kms/h. C’est un peu tôt pour faire un bilan précis mais de toute façon, on sait que ça va être très dur pour Haïti, encore plus que pour Cuba ou les Bahamas vers qui Matthew a poursuivi sa route.
Haïti est plus fragile et n’était pas prêt à faire face à cet ouragan. Ce week-end, quand Haïti disait avoir mis à l’abri plus de 9.000 personnes, Cuba évacuait dans l’Est de l’île 316.000 personnes. Et puis beaucoup d’Haïtiens n’ont pas reçu "l’alerte ouragan" parce qu’ils n’ont pas internet, parfois même pas l’électricité et donc pas de télé ou de radio.
Alors, on n’a pas beaucoup d’information à ce stade, mais les côtes de la péninsule Sud ont pris l’ouragan de plein fouet. Cette région est d’ailleurs coupée du reste du pays à cause d’un pont écroulé sur la seule route qui vient de Port-au-Prince, la capitale. Les toits des maisons se sont envolés, un responsable d’ONG parle d’entreprises littéralement embarquées. Et puis surtout, toutes les petites exploitations agricoles sont détruites et les animaux d’élevage morts. Cette destruction de l’économie rurale, c’est une catastrophe car beaucoup de familles subsistent grâce à cela.
Parce qu’il faut rappeler qu’Haïti est le pays le plus pauvre du contient.
Oui et même l’un des plus pauvres de la planète avec près de 60% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de 2,5 dollars par jour. Les Haïtiens sont très jeunes, 43% ont moins de 18 ans, les deux tiers de la population est touchée par le chômage ou le sous-emploi. Les familles s’en sortent parfois grâce à la diaspora qui envoie de l’argent. Les transferts des Haïtiens de l’étranger représentent entre un quart et un tiers du PIB du pays. Et puis Haïti est totalement dépendant de l’aide internationale.
D’autant plus depuis le terrible séisme de janvier 2010, qui avait fait 230.000 morts avait déjà considérablement affaibli le pays.
Et Haïti n’a pas fini de se relever de cette catastrophe puisque plus de 60.000 personnes vivent encore dans des camps, malgré les 10 milliards de dollars d’aide qui avaient été promis et qui correspondaient à la facture des dégâts.
D’abord, il faut le dire, une partie de l’aide a profité aux entreprises privées des pays donateurs qui étaient venus participer à la reconstruction. Et puis comme toujours, il y a eu des gaspillages et des détournements qui ont alimenté la crise politique permanente en Haïti.
Justement, il devait y avoir un premier tour d’élection présidentielle dimanche prochain.
Oui, on ne sait pas s’il aura lieu. Mais là encore, c’est la précarité. En Haïti, il n’y a plus de président depuis février dernier. Un précédent scrutin a été annulé pour fraudes donc c’est un "président provisoire" qui gère, depuis, les affaires courantes.
Mais la préoccupation immédiate et urgente des Haïtiens est plutôt sanitaire, après le passage de l’ouragan Matthew. On craint beaucoup là-bas une recrudescence de l’épidémie de choléra, qui a fait 10.000 morts depuis le séisme de 2010. Le choléra dont la bactérie avait été importée il y a six ans par un contingent de casques bleus venu du Népal, comme si Haïti avait besoin de ça en plus.
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
Le vrai faux de l’Info avec Christian Estrosi passe sous son radar.
Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur est indigné qu’on ne l’ait pas prévenu de plusieurs arrestations cet été à Nice, de personnes soupçonnées de préparer des attentats. Il affirme que c’est illégal.
Christian Estrosi : "La loi impose au gouvernement, lorsqu'il y a une menace sur leur territoire, de prévenir les élus locaux responsables" (...) "Est-ce que vous trouvez normal que les élus locaux qui ont en charge la collectivité ne soient jamais informés de l'état de la menace par le gouvernement"
La loi impose au gouvernement de prévenir les élus locaux, c’est vrai, ça ?
C’est faux. Christian Estrosi s’appuie sur un article du code général des collectivités territoriales qui dit que le maire doit être informé, sans délai, des infractions commises sur sa commune, si elles peuvent causer un trouble à l’ordre public. En clair, un incendie, un meurtre même dans un quartier sensible qui peut dégénérer, alors là oui, on prévient le maire mais pas dans le cadre d’un simple soupçon ou de quelqu’un qui consulte chez lui un site djihadiste. Il n’y a pas de trouble immédiat à l’ordre public, donc, aucune obligation. D’ailleurs ni la justice, ni le préfet n’ont le droit de communiquer sur des affaires en cours, des affaires couvertes parfois par le secret de la défense nationale. Ce serait eux, alors, qui se mettraient hors la loi.
Mais on peut se demander, avec Christian Estrosi, s’il est normal que les élus restent dans le noir.
Alors ce n’est pas vrai, ils ne sont pas dans le noir. À Nice au contraire, ils sont même particulièrement informés, puisqu’une cellule spéciale se réunit chaque vendredi avec tous les acteurs, pour prévenir la radicalisation. Là, on parle de cas très concrets. Telle famille a été signalée, comment on peut l’aider, tel jeune veut partir en syrie, est-ce que le proviseur est au courant. Aujourd’hui à Nice, 622 personnes sont signalées radicalisées ou en voie de radicalisation, si le maire ne les connait pas toutes, de nombreux cas lui sont présentés. Donc à Nice, les élus ne savent pas tout mais, par rapport à d’autres territoires, ils en savent beaucoup.
Est-ce qu’ils connaissent par exemple, l’identité des fichés S ?
Non et cela reste le plus gros point de crispation chez les maires, dans toute la France d’ailleurs. L’un d’eux se confiant hier : "comment voulez-vous que je sache, quand j’embauche un animateur pour les jeunes, s’il n’est pas radicalisé ?". Il ne peut pas le savoir, sauf à échanger des infos, en sous-mains, avec la police. C’est un vrai problème, dont le ministre de l’Intérieur est conscient. Un groupe de travail vient d’être lancé pour trouver le moyen de concilier ce besoin d’information et la présomption d’innocence. Des pistes sont attendues d’ici la fin de l’année.