Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
La France : championne d'Europe de l'espérance de vie selon le tout dernier classement Eurostat.
Évidemment, cela a des nombreuses conséquences sur l'économie du pays.
Eurostat s'est intéressé à l'espérance de vie des séniors.
À l’âge de 80 ans, quelle est votre espérance de vie ? Combien de temps, il vous reste pour dire les choses crument ?
Si vous arrivez à l’âge de 80 ans, l'espérance de vie pour les hommes est de près de 10 ans soit 90 ans et pour les femmes 12 ans, soit 92 ans.
Il s’agit là du record d'Europe, devant l'Espagne, le Luxembourg et l'Italie
Mieux que ça, la France creuse l'écart car en seulement dix ans, les Français ont gagné 1,5 an tandis que les Européens ne gagnaient qu’un an.
Cela relativise tout ce que l'on dit sur l'impact mortifère de la pollution, des produits chimiques, pesticides ou des perturbateurs endocriniens.
Les plus de 80 ans représentent aujourd’hui 6% de la population et ce chiffre va augmenter.
Quelles sont les conséquences sur l’économie ?
On n'a pas fini de repousser l’âge de départ à la retraite, sachant que la France est déjà le pays où l'on passe le plus de temps à le retraire. 27 ans, en moyenne, pour une femme, c'est un record du mondial.
Deuxième conséquence économique. Cette augmentation de l’espérance de vie signifie plus de logement, plus d'aide à domicile et plus de maison de retraites. C'est tout ce qu'on appelle, la "silver économie " ou "économie des séniors". La France y est d'ailleurs, plutôt en pointe.
C'est peu connu, mais on a en France, les deux leaders européens des maisons de retraite, Korian à la première place comme en Allemagne, en Italie et en Belgique. Suivi par Orpéa, qui est le numéro deux Européen et qui se développe en Chine à Nankin qui est très intéressée par cette expertise française.
Tout cela est une chance. La France est championne d'Europe pour l'Espérance de Vie, championne pour les naissance. Si on considère que la vie est ce qu'il y a de plus précieux, on a de quoi être heureux.
Sophie Larmoyer, experte internationale
Les Hongrois votent ce dimanche, ils se prononcent par référendum sur le programme de relocalisation des migrants décidée il y a un an par l’Union européenne. L’idée étant d’être solidaire avec la Grèce et l’Italie où arrivent les réfugiés et de les soulager. Mais le populiste Premier ministre, Viktor Orban, n’a pas du tout l’intention de participer à l’effort collectif.
Non, et on le comprend tout de suite en lisant la question qui sera posée après-demain aux électeurs : "Voulez-vous que l'Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l'approbation du Parlement hongrois ?".
C’est "un peu" orienté, comme formulation ?
Oui, tout comme cette formule qui vous accueille sur un site dédié au référendum : "Un immigré arrive toutes les 12 secondes". Selon un journal hongrois, le gouvernement aurait dépensé près de 13 millions d’euros pour financer une énorme campagne de propagande appelée "campagne d’information" avec des films et un site où l’on peut découvrir notamment les centaines de "No Go zone" où il est dangereux d’aller en Europe parce qu’il y a trop d’immigrés. Partout aussi, il y a des affiches dont les slogans disent : "Saviez-vous que les attentats de Paris ont été commis par des migrants ?" ou encore "Saviez-vous que Bruxelles veut installer l'équivalent d'une petite ville d'immigrés illégaux en Hongrie ? Amis Hongrois, répondez librement".
Et la "petite ville", en l’occurrence, c’est plutôt un village puisque l’Europe a demandé à la Hongrie de prendre en charge un quota de 1.294 réfugiés, ce qu’elle refuse depuis un an.
C’est du populisme, de la xénophobie ?
Oui absolument. Victor Orban instrumentalise le sujet de l’immigration qui devient le "péril migratoire". Il fait en sorte que l’on ne parle que de ça, alors que ce n’est pas un problème en Hongrie aujourd’hui. Comme ça, il monopolise le terrain politique et assoit un peu plus son pouvoir. Souvenez-vous ce qu’il avait dit, déjà en juillet 2015, il y a plus d’un an : "Si la gauche hongroise était au pouvoir, en un ou deux ans on ne reconnaitrait plus la Hongrie. Ce serait comme un grand camp de réfugié". Il avait ajouté : "une sorte de Marseille d’Europe Centrale". Il fait de la politique interne en jouant sur la crispation identitaire.
Ce qui est paradoxal, dans ce refus absolu de l’immigration, c’est que la Hongrie a cruellement besoin de main d’œuvre.
oui, l’équivalent du Medef hongrois estimait au printemps qu’au moins un quart des entreprises, là-bas, manquaient de main d’œuvre et notamment de techniciens qualifiés en mécanique ou en électronique.
Il faut dire qu’il y a 10% de la population active qui est partie travailler en Europe de l’Ouest soit 400.000 Hongrois notamment pour trouver de meilleurs salaires qui sont très bas en Hongrie.
Si vous ajoutez à ça la crise démographique terrible que subit le pays, le ministre de l’Économie, lui-même, reconnait que la Hongrie doit faire appel à la main d’œuvre étrangère. Mais comme c’est tabou, il précise qu’il faudrait que ce soit des ressortissants "de mêmes traditions culturelles que les Hongrois !".
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
Le vrai-faux de l’Info avec Jean-Marc Ayrault qui était l’invité d’Europe 1 hier.
Le ministre des Affaires étrangères accuse la Russie et le régime de Bachar el-assad d’être engagés dans une guerre totale à Alep. Il dénonce des crimes de guerre et appelle Vladimir Poutine à prendre ses responsabilités comme la Russie a su le faire, affirme-t-il, dans le passé.
Jean-Marc Ayrault : "En 2013, il y avait eu par le régime de Damas usage des armes chimiques, qui avait été condamné par toute la communauté internationale, y compris les Russes"
Les russes ont condamné l’usage d’armes chimiques par Damas en 2013, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est absolument faux, jamais la Russie n’a condamné l’utilisation de ces armes, tout simplement parce qu’elle n’a jamais admis que la Syrie y avait vraiment eu recours.
De quoi parle Jean-Marc Ayrault ? Du bombardement de la Ghouta, banlieue agricole de Damas, le 21 août 2013 et où du gaz sarin avait été employé, ce qui avait fait dire à Obama que Bachar el-Assad avait franchi la ligne rouge. On a parlé d’intervention, Obama finalement, a lâché François Hollande en rase campagne. La russie en a profité, rappelez-vous, pour proposer le démantèlement de l’arsenal chimique Syrien. Bref, l’occident s’est offert du temps, mais dans les faits, la responsabilité de Damas pour cette attaque chimique n’a jamais été totalement prouvée à 100%. L’ONU a rassemblé des preuves contre le régime, mais un autre rapport, du très sérieux MIT, a contredit ses conclusions. Depuis les experts se bagarrent et un faisceau de preuves, mêmes accablantes, ne fait pas une certitude.
Mais depuis, il y a eu d’autres attaques à l’armes chimiques.
C’est vrai, en 2014 et 2015, et cette fois l’ONU en est sûr : Damas est responsable d’au moins deux de ces attaques au chlore. Un groupe rebelle est l’auteur d’une troisième à l’ypérite mais Moscou conteste ces conclusions en rappelant que les crimes de guerre, sont aussi le fait, en Syrie, de ceux qu’on appelle les rebelles. L’ONU les documente d’ailleurs, et Amnesty international s’est alarmée cet été des massacres et des tortures commis par les milices djihadistes à d’Alep. Ces milices échappent à tout contrôle et certaines sont soutenues par Riyad, l’Arabie Saoudite, voire armées par la coalition. Cela Jean-Marc Ayrault évite d’en parler, évidemment. La France donne de la voix, exige une résolution a l’ONU mais pour quelle solution, quelle transition politique ? La réalité c’est que sans renseignement, sans aucun contact avec ceux qui sont vraiment sur le terrain, elle n’a pas le début d’une réponse.