Le nouveau Concorde de Richard Branson et le fichier chinois des cyberdonnées de chaque individu : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

Richard Branson veut ressusciter Le Concorde.
Le milliardaire britannique promet des vols vers New-York en un peu plus de trois heures.

Hier a été présenté, un prototype de ce futur concorde. Un avion supersonique, capable de voler à plus de Mach 2 soit environ 2.300 km/h.
Les premiers tests interviendront fin 2017.
C'est une start-up américaine qui est à la manœuvre, financée en partie par Richard Branson.
Et Richard Branson prévoit d'ouvrir une ligne commercial, à deux fois la vitesse du son en 2023, 20 ans après l'arrêt du Concorde.
Londres- New-York devrait pouvoir s’effectuer en 3h15 soit deux fois plus vite qu'aujourd'hui.

Mais à quel Prix ? Parce qu'on se souvient que le Concorde était un gouffre financier.

Une nouvelle technologie et de nouveaux matériaux permettent d'envisager des billets à moins de 5.000 euros, soit le prix d'un billet en classe Business.
Et le constructeur se justifie : "qu'est-ce que vous préférez du champagne gratuit en business ou voler à Mach 2, comme au temps du Concorde ?"
Dans l'aérien, tout le monde est nostalgique du Concorde.

On a l'impression qu'il n'y a plus que les milliardaires pour porter ainsi des projets un peu fou.

Airbus a aussi un projet d'avion supersonique mais c'est vrai que les milliardaires sont très conquérants.
Elon Musk, qui veut aller sur Mars, nous promet un train magnétique à plus de 1.000 km/h, l’hyperloop.
Jeff Bezos, patron d’Amazon, veut construire la plus grosse fusée du monde.
Larry Page, de Google, investi dans des voitures volantes.

Écoutez, ça fait rêver et même si ces projets n'aboutissent pas, ça fait progresser la technologie.

 

Sophie Larmoyer, experte international

Alors que la Chine organise en ce moment sa troisième "Conférence mondiale de l’Internet", on découvre un projet gouvernemental, qui serait dans les cartons et qui s’apparente à Big brother.

Voilà l’idée : mettre en place, d’ici 2020, une sorte de carnet de note pour chaque citoyen, en compilant toutes ses données personnelles présentes sur internet, ce qu’on appelle les "data". Un peu comme lorsque vous vendez un objet sur un site : l’acheteur peut vous noter et évaluer votre fiabilité. C’est la même idée, mais à l’échelle de 700 millions d’internautes chinois. Et en croisant tous les domaines, en exploitant les registres des tribunaux, de la police, des banques, des employeurs et les informations fournies par les smartphones, les médias sociaux et les sites de commerce en ligne.

Et qu’est-ce qu’on en fait, de toutes ces données personnelles ?

En fonction de la confiance que chaque citoyen inspire, des "crédits sociaux" qu’il a obtenus, il pourrait être plus ou moins aidé par l’État ou à l’inverse, être sanctionné. Les sanctions évoquées vont de l’interdiction de fréquenter les grands hôtels par exemple ou de voyager en 1ère, à l’interdiction de mettre ses enfants dans les meilleures écoles, mais également l’impossibilité d’exercer certains métiers ou encore d’être membre du Parti communiste, ce qui ferme beaucoup de portes.

Tout ça est présenté comme une démarche positive, pour lutter contre la corruption et construire une "société socialiste harmonieuse" où règnerait "confiance" et "sincérité sociale". En fait, bien-sûr, il s’agit plus que jamais de garder le contrôle.

C’est vraiment en train de se faire ou c’est un projet ?

Pour la collecte massive des données, c’est déjà en cours, les spécialistes de la Chine et d’internet n’ont aucun doute. Ça se fait avec la collaboration des grands opérateurs chinois du web, qui sont des entreprises privées, mais contrôlées par la sécurité publique chinoise (Alibaba, Baidu, Tencent).

L’attribution de notes aux citoyens, c’est beaucoup plus compliqué et couteux. Il faudrait d’énormes moyens pour traiter les données, beaucoup plus que les plus de deux millions de policiers du net déjà à l’œuvre. Donc c’est à l’expérimentation dans certaines municipalités pilotes. Un peu comme un galop d’essai aussi, pour voir si ça fait débat. L’idée plait beaucoup à Pékin, qui y va pas à pas.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai-Faux de l’Info avec le candidat du Made in France à la primaire de la gauche.

Arnaud Montebourg, plus que jamais inspiré plus par le succès des thèmes protectionnistes aux États-Unis et en guerre contre une europe ultra-libérale incapable de défendre son industrie.

Arnaud Montebourg : "Les USA viennent de prendre 500% de droits de douane sur l'acier chinois. L'Europe est incapable de dépasser 20 à 50%".

500% de taxes sur l’acier chinois aux États-Unis, 20% seulement en Europe, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est vrai. La différence est énorme et elle illustre l’impuissance de l’Europe à de défendre quand des intérêts divergents la paralysent.

Arnaud Montebourg a raison, le cas de l’acier est emblématique. 

La chine en produit trop, environ 800 millions de tonnes par an alors que sa demande intérieure a baissé. Pour écouler le surplus, elle inonde les marchés européens et américains de produits à prix cassés. C’est ce qu’on appelle le dumping, c’est interdit par les règles du Commerce international. Les conséquences sont très concrètes : 12.000 emplois perdus dans les aciéries aux États-Unis, des licenciements, du chômage partiel en Europe. Par exemple sur l’acier laminé, qui est utilisé dans l’automobile ou l’électroménager, la Chine a multiplié par quatre sa part de marché en Europe, en écrasant les prix, c’est autant de perdu pour notre sidérurgie.

Et l’Europe ne se défend pas ?

Pas aussi bien que les États-Unis qui ont imposé au printemps une taxe et des droits de douanes stratosphériques sur certains produits représentant environ 522% à la fois pour dumping et subventions. L’industrie de l’acier est portée par le gouvernement en chine. En fait, il y a une vraie différence d’approche. Aux États-Unis, les barrières douanières ont aussi valeur de sanction. Alors qu’en Europe, où l’on a aussi pris des mesures contre le dumping chinois, on se contente d’essayer de rétablir une légère distorsion, après des mois d’enquêtes. Depuis le mois d’août, les aciers laminés en provenance de Chine sont taxés à 22%. La taxe la plus élevée vise certains tubes et tuyaux sans soudure, venant de certaines usines, est de 81%.

Comment s’explique cette impuissance ?

L’Europe est tiraillée par des intérêts contraires. La France, avec d’autres, veut relever les droits de douane mais la Grande-Bretagne et les pays du nord s’y opposent. Ils ne veulent pas froisser le géant chinois, qui d’ailleurs souffre aussi de ses propres excès. En réduisant sa production, Pékin a déjà accepter de perdre 500.000 emplois dans ses aciéries.