Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
Finalement, et contre toute attente, la Bourse a bien réagi à l'élection de Donald Trump.
Wall Street a d’ailleurs terminé en hausse de 1,4 % et la Bourse de Paris a gagné 1,5%.
Comment ça s'explique ? Est-ce le discours de Trump hier qui a notamment parlé d’investir dans les infrastructures ?
Donald Trump a prononcé un discours rassembleur.
Il a repris l'idée la plus consensuelle de son programme, les infrastructures. Très vite, pour son premier discours, Donald Trump a lancé, "nous allons rénover les centre-ville, reconstruire les autoroutes, les ponts, les tunnels, les aéroports, les écoles et les hôpitaux".
C’est un excellent choix parce qu’investir dans les infrastructures, c'est doublement positif.
À court terme, vous créez de l'activité ce qui relance l'économie et à long terme, un pays où les autoroutes et les aéroports fonctionnent, c'est un pays plus compétitif.
Les infrastructures américaines sont en si mauvais état ?
Oui, 59.000 ponts, c'est la distance qui sépare New-York à Miami soit 2.000 kilomètres, sont jugés déficients. C'est à dire, qu'il faut régulièrement les fermer, ou bien limiter la vitesse. Interdire, les bus et les poids lourds, ce qui pénalise l'économie et créé des bouchons.
Vous avez un système ferroviaire, à l'abandon sachant que les Américains dépensent deux fois moins que les Européens, en matière d'infrastructures.
Le Vice-Président, Joe Biden, a choqué tout le monde, il y a 2 ans, en qualifiant l'aéroport new-yorkais de la Guardia d'aéroport du tiers monde.
Il ne faut pas exagérer non plus car si l’on regarde le classement établi par le World Economic Forum, en matière d'infrastructure, les États-Unis, arrivent à la 11e place mondiale.
Et la France ?
On est 7e et donc devant les États-Unis.
C’est donc une bonne initiative que de moderniser ces infrastructures. Barack Obama voulait le faire mais il se heurtait à la résistance du congrès Républicain, qui ne voulait pas financer ces grands travaux.
La véritable question est de savoir comment Donald Trump compte financer ces travaux d'infrastructures sans augmenter les impôts.
Sophie Larmoyer, experte internationale
Pour beaucoup dans le monde, la victoire de Donald Trump, c’est un peu un saut dans l’inconnu. Il est toujours resté très vague sur sa politique étrangère. Mais hier, au fil de la journée, on devinait le sentiment dominant dans certains pays à leurs réactions. Il y a ceux "qui rient" et ceux "qui pleurent".
Et on pourrait multiplier les exemples mais en voici deux, ce matin.
Imaginez un hémicycle où les députés se mettent à applaudir à l’annonce qu’Hillary Clinton a reconnu sa défaite. C’est un indice certain : ils sont contents ! Et c’est exactement ce qui s’est passé hier matin à la Douma, la chambre basse du Parlement russe. Deuxième indice : Vladimir Poutine a réagi tout de suite en envoyant un télégramme à Trump, alors que pour la réélection d’Obama en 2012, le chef de l’État russe avait attendu 24h.
Et son message au nouveau président américain est plutôt positif.
Oui, il se veut constructif. Le président Poutine propose de restaurer la relation américano-russe et s’occuper ensemble de la sécurité globale. Si on se rappelle aussi les amabilités lancées à plusieurs reprises par Trump pendant la campagne, on se dit que ces deux-là vont très bien s’entendre.
"Oui mais", les tensions entre Washington et Moscou n’étaient pas fondées sur du vent : l’annexion de la Crimée, les troupes russes en appui des rebelles en Ukraine. Ces velléités expansionnistes inquiètent aussi beaucoup la Pologne, les Pays Baltes d’où les sanctions prises conjointement par les États-Unis et l’Europe !
Et on, sait quelle est la position de Donald Trump sur ces questions ?
Interrogé pendant la campagne, sur la Crimée il avait répondu que "d’après ce qu’on lui avait dit, c’était le peuple" qui voulait rejoindre la Russie. Sous-entendu, y’a pas de problème. D’ailleurs il avait aussi estimé que l’Ukraine, c’était le bazar. Quant aux sanctions il avait répondu qu’il pourrait envisager de les lever s’il était élu.
Le pays qui rit c’est donc la Russie et celui qui pleure c’est l’Ukraine ?
Gagné ! Les Ukrainiens se rappellent qu’un proche de Donald Trump, son ancien directeur de campagne, avait été un conseiller du camp pro-russe à Kiev… Aujourd’hui ils craignent vraiment de perdre le soutien des Américains et celui des Européens qui ont d’autres soucis à gérer chez eux en ce moment. Certains pensent qu’il faut se préparer à résister seul face aux Russes. Et puis d’autres espèrent que le nouveau président américain ne fera pas ce qu’il a dit, qu’il avait improvisé ses réponses sur l’Ukraine.
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
On a entendu beaucoup de choses sur le programme de Donald Trump, dont certaines propositions ont choqué le monde entier. Le président a la majorité au Congrès, on imagine qu’il pourra les mettre en œuvre.
Pas toutes et même très loin de là. Il faut comprendre que le président, aux États-Unis, a beaucoup moins de pouvoir que le président français. Les pères fondateurs ont pris soin d’éviter toute dérive vers le despotisme, et la constitution sépare strictement les pouvoirs. Le Congrès et lui-seul, a l’initiative législative, c’est-à-dire que le président ne peut pas imposer un texte de loi. Ce qu’il peut, c’est refuser un projet qui lui déplaît, mais même ce veto peut être brisé, dans certaines conditions. Il ne peut pas non plus dissoudre la chambre, dénoncer un traiter, ou même déployer des troupes au-delà de 60 jours, sans l’accord du congrès. Or ce congrès Thomas, même républicain, lui est hostile. Son parti s’est opposé pendant toute sa campagne à ses propositions les plus polémiques.
Comme celle de renégocier les traités commerciaux. Est-ce qu’il peut le faire ?
Le traité Transpacifique, ne sera pas signé, c’est clair. Mais la remise en cause de l’accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada, ce sera difficile car il faudrait que le Congrès le dénonce. Les élus vont s’y opposer, peu de chances également qu’ils acceptent de voter une taxe de 35% sur les produits importés. Donc Trump ne pourra pas tuer ce traité, harceler les entreprises ou leur rendre le commerce difficile. En fait, il devra être inventif.
Et interdire aux musulmans étrangers l’entrée sur le territoire, c’est possible ?
Non. Là le blocage serait juridique, discriminer quelqu’un sur la basse de sa religion, c’est anticonstitutionnel, et c’est contraire au droit international. Il est revenu d’ailleurs, sur cette idée folle comme sur sa promesse d’expulser 11 millions de clandestins. Concrètement, il propose maintenant d’expulser d’abord ceux qui ont un casier judiciaire, ce que fait déjà le gouvernement d’Obama. Et on peut dérouler comme ça son programme : beaucoup de propos d’estrades irréalisables. Il ne pourra pas supprimer le mariage gay par exemple, la Cour Suprême en a fait un droit fondamental. Certains de ses projets, seront négociés et ceux vraiment mis en œuvre devront faire consensus au sein du parti. Il abrogera donc certainement la réforme de la santé de Barack Obama, le fameux Obamacare.