Chaque matin, Pierre de Vilno fait le point sur les dernières innovations automobiles.
La fin d’une marque automobile : Saab, c’est fini !
C’est un article des Échos qui l’a annoncé hier matin : l’actionnaire chinois a décidé de ne plus produire les voitures légendaires suédoises sous leur appellation, mais sous son nom propre, NEVS. D’ailleurs, le projet de Saab électrique, qui devait être la reconversion, voire la renaissance de Saab, tombe du coup totalement à l’eau, puisque ce véhicule là sera lui aussi la fierté de NEVS, toujours en nom propre.
Les Saab, ce sont ces voitures un peu arrondies, parfois cabriolet ?
Ce sont des voitures qui sont apparues juste après la Seconde guerre mondiale, lorsqu’on a demandé à ce constructeur d’avions (qui reste un constructeur d’avions et de camions avec sa filiale Saab-Scania) de construire des automobiles pour les particuliers. Le petit clin d’oeil à l’aviation, c'est le contact sur le Saab qui est au milieu, entre la boite de vitesses et le frein à main, exactement comme sur les petits avions.
Autre spécificité, comme le 0 au milieu du nombre chez Peugeot ou comme le E pour toutes les dénominations chez Lotus, chez Saab c'est le chiffre 9. Pourquoi ? Parce que c’est le chiffre ultime, le plus haut. Ainsi, après les Saab 92 des années 1950, la Saab 99 des années 1970, c’est la Saab 900 et notamment son cabriolet qui fit la renommée du constructeur suédois. A tel point qu’au milieu des années 1980, on construisit en partenariat avec Fiat une grande berline statutaire, la Saab 9000, que beaucoup de puristes continuent d’appeler la "fausse" Saab. Quoiqu’il en soit, ce modèle séduisit beaucoup de "nouveaux" clients, notamment des anciens "béhémistes" et "mercedessistes" qui ne savaient pas maîtriser les propulsions et qui voulaient une grande voiture de luxe à traction avant.
De la même façon, tous ceux qui, pour des raisons liées à la Seconde guerre mondiale, ne voulaient pas rouler en grosse allemande, se tournèrent eux aussi vers cette Saab 9000, tout comme vers sa compatriote la Volvo 760, l’anglaise Rover 800 ou l’italienne Lancia Thema, fabriquée sur le même châssis que la Saab 9000.
Mais on avait plusieurs fois annoncé la fin de la Saab ?
Oui, elle est morte à petit feu. Le premier drame eut lieu en 2008 lors de la crise des subprimes, qui a obligé General Motors à se séparer de ses marques de luxe. A l’époque aussi, Ford a vendu en masse Jaguar, Aston-Martin et Volvo, l’autre suédois. S’en sont suivis d’autres investisseurs, notamment le néerlandais Spyker, producteur de supercars de luxe. Là on avait un peu espoir, mais non...
Là, ce délaissement de NEVS fait peur également à Volvo, pour qui le chinois Geely a pour l’instant, été très fair-play. On investit, mais on ne change rien, on accompagne. Mais évidemment là, on s’interroge.
Mais alors que deviennent les actuels propriétaires de Saab?
Comme pour ceux qui possèdent une Rover, autre marque récemment disparue, c'est difficile pour les pièces. A Paris, l’ancienne concession de l’avenue de Suffren, appartenant au Coréen Kia, continue d’assurer l’après-vente. Mais pour combien de temps ?
Saab restera dans la postérité pour ses innovations en matière de sécurité ?
Oui, la ceinture de sécurité dès 1962, les phares qui s’allument tous seuls dès 1969, les pare-chocs auto réparateurs et les protections latérales en 1971-72 mais aussi le filtre à pollen en 1978. En revanche, les premières Saab Turbo, il fallait savoir les maîtriser, le turbo se déclenchant de manière aléatoire, quand il ne se déclenchait pas dans un virage bien glissant.