Sur la question du travail dominical, la loi est très complexe. "Pourquoi ne pas laisser chaque entreprise décider entre employeurs et syndicats de salariés ?" s'interroge Agnès Verdier-Molinié.
Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFRAP)
Ses principales déclarations :
"Résumer simplement la loi sur le travail le dimanche ? Très compliqué ! La source du problème est l'article L.3132-3 du Code du Travail qui stipule que le repos hebdomadaire du salarié doit être donné le dimanche, tout part de là ! Ensuite, si on veut des dérogations, on doit demander au Préfet, etc. Mais les commerçants non salariés ne sont pas concernés, par exemple. Il y a des dérogations permanentes de droit, pour une liste assez restreinte. Les entreprises peuvent aussi demander une dérogation au Préfet ou à la mairie... Il y aussi les PUCE, ça complique tout, nous sommes dans le mille feuilles ! C'est extrêmement complexe, personne ne peut s'y retrouver."
"Nous avons estimé qu'ouvrir le dimanche, et on parlait aussi de 24h/24 7j/7, pourrait créer 200.000 emplois potentiels, et 11 milliards de recettes nouvelles pour les caisses sociales. Mais ça veut dire s'en remettre aux accords d'entreprises ! Pourquoi demander aux Préfets, aux communautés de commune, à la mairie, à la métropole ? C'est Kafkaïen. Pourquoi ne pas laisser chaque entreprise décider entre employeurs et syndicats de salariés ?"
Le pouvoir d'achat n'est pas extensible : ce qui sera dépensé le dimanche ne sera pas dépensé en semaine...
"C'est un faux débat ! Aurait-on pensé que les Français dépenseraient tant sur internet ? Et puis il y a les touristes qui sont très contents d'aller dans les grands magasins des Grands Boulevards. Il y a tout un pouvoir d'achat pas forcément franco-français... Moi-même jeune maman, si c'était ouvert le dimanche, je pourrais aller acheter des chaussures pour mes enfants, ce que je n'ai pas le temps de faire la semaine... On veut protéger les salariés un peu contre eux-mêmes mais ceux qui consomment sont aussi souvent des salariés, qui veulent pouvoir consommer le jour où ils sont libres."
"Avec cette polémique, on se rend compte que les salariés veulent travailler le dimanche ! Ce sont souvent aussi des étudiants, des jeunes pour qui c'est un appoint non négligeable..."