Tous les dimanches, Xavier Yvon, correspondant d'Europe 1 à New York, nous livre son journal de la semaine.
Notre rendez-vous tous les dimanches matin désormais, « American Breakfast », le journal de la semaine en Amérique. On part prendre notre petit déjeuner à New York avec notre correspondant aux Etats-Unis, Xavier Yvon. Alors aujourd’hui, Xavier, il y aura le film de la campagne électorale, mais pas seulement.
A l’affiche : y a-t-il un candidat dans l’avion, des sioux sur le sentier de la guerre, et un braqueur de banque bien particulier…
Et on commence avec l’affrontement Trump-Clinton. Cette semaine c’était le top départ du sprint final.
Oui, lundi c’était la fin officieuse de l’été en Amérique, avec le jour férié du Labor Day, et en année électorale c’est à ce moment-là que les candidats abordent la dernière ligne droite. Fini les levées de fonds discrètes du mois d’août, place à la campagne, la vraie, avec meeting, débats et images bien calibrées.
Et quoi de mieux qu’une belle séquence « décollage en avion », pour démarrer. Les deux équipes de campagne ont dû lire les mêmes manuels de communication parce qu’on a eu droit aux mêmes images de chaque côté.
Hillary Clinton, a inauguré son tout nouvel avion de campagne, avec slogan sur le fuselage. A bord, elle a accueilli la presse telle une hôtesse de l’air.
" Je suis tellement contente de vous avoir à bord ! "
La candidate tout sourire, a pourtant passé des semaines à éviter les journalistes…
Même décontraction, dans le Boeing tout noir siglé « Trump ». Le milliardaire, assis dans son siège première classe a donné des interviews.
" Bien sûr que j’irai aux débats, sauf s’il y a un ouragan. "
PNC aux portes, désarmement des toboggans, et atterrissage au même endroit pour les deux candidats. A Cleveland, Ohio. On a vu sur le tarmac, les deux avions garés à quelques mètres l’un de l’autre. Un régal évidemment pour les photographes.
Et un symbole des semaines à venir. Trump et Clinton vont sillonner le pays et se croiser dans la dizaine d’Etats décisifs, comme justement l’Ohio.
Et on termine sur la campagne avec « Le moment embarrassant de la semaine ».
Moment qu’on doit à Gary Johnson. Vous ne savez peut-être pas qui sait, mais il est le troisième homme de la campagne , un peu le François Bayrou local. Ancien gouverneur du Nouveau-Mexique il est crédité d’environ 10% dans les sondages, ce qui est beaucoup pour un petit candidat. Oui mais voilà, Gary Johnson a tout gâché en quelques secondes en direct à la télévision. Ecoutez cet échange affolant lorsqu’il est interrogé sur la Syrie.
- Que feriez-vous pour Alep si vous êtes élu
- Pour ?
- Alep
- Et c’est quoi Alep ???
- Vous plaisantez ?
- Non.
- Alep c’est en Syrie… c’est l’épicentre de la crise des réfugiés…
- Ah ok, oui, ça y est je vois.
C’est terrible. Depuis les medias, et les réseaux sociaux se déchainent. « C’est quoi Alep ? », la chaine NBC a répondu avec une photo d’enfants syriens dans les ruines : « Alep, c’est ça, Monsieur Johnson ».
On quitte la campagne électorale pour plonger dans les grandes prairies du nord du pays. L’histoire de la semaine ressemble à un western.
Oui, les Sioux sont à nouveau sur le sentier de la guerre. Ça se passe dans le Dakota du Nord, près du Canada. C’est là, sur les terres ancestrales des Indiens de la région, que se construit un immense pipeline. Un projet à près de 4 milliards de dollars. L’oléoduc doit servir à acheminer du pétrole à travers 4 Etats. Et il doit passer à quelques centaines de mètres de la réserve des Sioux de Standing Rock (du Rocher Debout). Les travaux menacent selon eux, des sites sacrés et des tombes anciennes.
D’une poignée de protestataires il y a quelques mois, le mouvement a pris de l’ampleur : des milliers de manifestants venus de centaines de tribus indiennes différentes. Ils campent désormais près du site. Entre tipis traditionnels et camping-cars. Selon un militant, c’est le plus grand rassemblement d’Indiens depuis la fameuse bataille de Little Big Horn il y a 140 ans.
La tension est montée il y a quelques jours quand les bulldozers ont commencé à creuser. Les manifestants, parfois à cheval, disent qu’ils ont été gazés et attaqués par des chiens des agents de sécurité du chantier.
Inquiet, le gouvernement fédéral a demandé vendredi le gel des travaux dans la zone contestée.
Les Indiens d’Amérique veulent faire de ce combat un totem : ils entendent réaffirmer leur identité et défendre les territoires de leurs réserves, sans cesse grignotés au gré des besoins économiques.
Et comme chaque dimanche, on termine notre American Breakfast avec la séquence « le pays où tout est possible ». L’histoire d’un braqueur de banque pas comme les autres.
Oui il s’appelle Lawrence Ripple, il a 70 ans, et vendredi, il est entré dans une banque de Kansas City avec une grande détermination. Il a glissé un mot au guichetier disant qu’il avait une arme et qu’il voulait de l’argent. Le vieil homme s’est fait remettre 3000 dollars et puis, il s’est assis dans l’agence, pour attendre la police. Qui est arrivée bien vite puisque le commissariat est à côté de la banque. Notre retraité a expliqué aux policiers qu’il souhaitait aller en prison. Pourquoi ? Parce qu’il ne supporte plus sa femme !
Ce jour-là ils se sont disputés, et il lui a dit : « Je préfère la prison à la maison ! » Vœu exaucé, puisqu’il est aujourd’hui derrière les barreaux.