En prenant rendez-vous avec sa comptable, Anne Cazaubon s'est retrouvée à devoir faire du troc de compétences.
Hier soir, j'avais rendez-vous avec mon comptable. Oui parce qu'à un moment donné, il faut parler concret, que l’argent c’est une énergie, et que c’est aussi en vivant le développement personnel au quotidien, dans la matière, (et pas que dans la tête, dans mes pensées, en planant à 10.000 !) que je peux vivre la meilleure des vies possible.
Pour être tout à fait franche, (et parce qu’on se dit tout) je prends régulièrement rendez-vous chez ma comptable dans un cadre presque thérapeutique. Pour m’aider à soigner une forte tendance à l’anxiété qui m’a causé bien du trouble jadis, et qui tend à croître et à me faire monter dans les tours de l’angoisse suprême, généralement à l’approche d’une déclaration de revenus à remplir, de quelques cases à cocher sur un formulaire E46, de beaucoup trop d’astérisques à lire en bas de page… Oui, sous mes airs de femme forte, je suis une petite chose fragile face à la machine administrative. Fragile mais plus maso. C’est pour ça que plutôt que de me faire des nœuds à l’estomac et des nuits blanches à répétition, je me fais désormais aider en choisissant d’être accompagnée et je débarque donc régulièrement chez ma comptable.
Parfois pour trois fois rien pour qu’elle valide ce que j’ai fait, pour qu’elle me confirme que j’ai signé au bon endroit. Oui, pour qu’elle me dise que le compte est bon ! Ça fait plusieurs fois que j’y vais pour trois ou cinq minutes maximum et qu’elle me dit que je ne lui dois rien, que c’est juste une relecture de rien du tout. Alors hier, je lui ai proposé que tous ces mini-rendez-vous soient rassemblés en un gros rendez-vous et que je la paye. C’est alors, qu’elle m’a regardé avec un grand sourire…en me disant : "Je ne travaille pas comme ça. Ce n'est pas professionnel, il y a des règles."
"La transaction était juste"
Non ! Elle aurait pu, elle avait le choix. Sauf qu’elle a préféré me dire : "J’ai une bien meilleure idée ! Je vous propose de faire un troc de compétences. Je vous ai consacré un peu de temps, un peu d’énergie et un peu de mes compétences professionnelles et vous, vous avez quelque chose qui peut m’aider. Vos compétences en développement personnel. Je lui ai alors demandé de préciser sa demande et c’est là qu’elle m’a dit : "Prendre un essor en terme de mieux. Aller de l’avant." Mais avant d’aller de l’avant, ma comptable se laissa plutôt aller à la confidence : "En fait, pour tout vous dire, je ne sais pas si je suis très heureuse, à mon poste de comptable, expliqua-t-elle. Il y a 15 ans déjà, j’ai traversé une crise existentielle professionnelle. J’ai lancé un projet culturel autour du devoir de mémoire mais comme ça n’a pas marché, comme le public n’était pas vraiment au rendez-vous, j’ai repris la compta. Ça m’a sécurisée. Sauf qu’aujourd’hui, à nouveau, je sens l’appel en moi, je sens que mon chemin est ailleurs. Le boomerang de mes aspirations profondes me revient en pleine figure."
Alors pendant une heure, devant ma déclaration de revenus et grâce à ma comptable, la vie m’a invité à mesurer mes richesses intérieures qui elles, ne se mesuraient pas en quotients ou parts fiscales, mais visiblement en quelque chose d’impalpable, d’immatériel, qui avait en tout cas ravivé une petite flamme chez cette femme. Cette femme, qui pour moi, avait des compétences extrêmement importantes, de rigueur, de calcul, de logique. Oui, pendant une heure donc, j’ai partagé avec elle mon expérience, notamment en psycho-généalogie (puisqu’elle était visiblement appelée par le devoir de mémoire, c’est qu’il y avait peut-être à chercher par là), mais aussi les références des livres qui m’avaient remise sur les rails, les contacts de thérapeutes qui m’avaient accompagnée sur ce chemin, ces parts d’ombre que j’étais allée éclairer et qui aujourd’hui, inspiraient cette femme. Et comme chacune est repartie sur son chemin, rassurée et rassasiée, c’est que la transaction était juste !