Chaque matin, Nicolas Barré décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.
C’est l’euphorie à Wall Street. La Bourse américaine bat des records. Mais que se passe-t-il ?
Et bien le patron de la banque centrale américaine, Jerome Powell, la bête noire de Donald Trump - il n’arrête pas de le critiquer - planchait hier devant le Congrès des Etats-Unis. Et ce sont ses déclarations qui ont enflammé Wall Street. Powell a en effet annoncé une baisse prochaine des taux d’intérêt, ce qui est bon pour les actions. Du coup l’indice S&P 500, qui est le plus représentatif de la Bourse américaine, a franchi les 3.000 points pour la première fois de son histoire. Pour une fois, Donald Trump, qui suit avec ferveur les yoyos de la Bourse, peut être content du patron de la Réserve fédérale.
Cela dit, cette baisse annoncée du loyer de l’argent n’est pas le signe d’une bonne santé de l’économie
C’est tout le paradoxe, vous avez raison. Pourquoi la banque centrale américaine envisage-t-elle de baisser ses taux d’intérêt ? Pour soutenir l’économie, parce qu’elle voit des nuages arriver, parce que les risques s’accumulent. C’est ce qu’a expliqué le patron de la banque centrale devant les élus du Congrès en dessinant le paysage de l’économie mondiale tel qu’il le voit évoluer dans les prochains mois. Ce qu’il voit, il l’a dit, c’est d’abord un ralentissement des grandes économies partenaires des Etats-Unis.
Hier, par exemple, la Commission européenne a publié ses propres prévisions : 1,2% de croissance attendue cette année dans la zone euro, contre 1,9% l’an dernier et 2,4% l’année encore avant. C’est donc un net ralentissement. Même chose en Chine, l’autre grand partenaire commercial des Etats-Unis. Enfin le patron de la banque centrale américaine a cité deux autres vents contraires : la guerre commerciale et le Brexit. Bref, dans ce contexte, l’économie américaine a besoin de soutien.
C’est donc ce que va apporter la banque centrale. Mais du coup, pourquoi Donald Trump est-il si sévère à son égard ?
Parce qu’il estime que le patron de la banque centrale n’en fait pas assez pour piloter l’économie à son avantage. Trump n’a qu’une date en tête : le 3 novembre 2020, jour qu’il espère être celui de sa réélection. Or l’histoire présidentielle américaine montre que le président sortant est presque toujours réélu si l’économie est en bonne forme l’année de l’élection. Les deux facteurs qui comptent le plus sont les créations d’emploi - elles sont plutôt bien orientées en ce moment, 225.000 emplois créés en juin, le meilleur mois depuis le début de l’année - et le prix du gallon d’essence.
C’est pour cette raison qu’il est obsédé par les cours du pétrole. Trump attend du patron de la Réserve fédérale qu’il pilote la première économie mondiale en fonction de ce calendrier politique. Ce n’est bien sûr pas son rôle mais bien sûr Trump s’en moque. Il vise la réélection à tout prix. Objectivement, la baisse programmée des taux d’intérêt va jouer en sa faveur. Si ce scénario se confirme, il a de bonnes chances de faire un deuxième mandat.