Chaque jour, Axel de Tarlé fait un point sur l'économie.
Bonjour Axel, la mobilisation des fonctionnaires était faible hier, malgré un appel unitaire à la grève.
Que ce soit le nombre des grévistes ou le nombre de manifestants, les chiffres sont en net recul par rapport à la dernière journée d'action du 22 mars.
A peine 10 % de grévistes hier, dans la fonction publique, c'est deux points de moins. Coté manifestants, les chiffres sont carrément divisés par deux. Alors, que tous les syndicats avaient appelé à manifester ! Du jamais vu depuis 2010, depuis les manifestations contre la réforme des retraites de Sarkozy qui avaient attiré, à l'époque, plus d'un millions de manifestants ! Là, c'est dix fois moins ! On le voit, la convergence des luttes ne prend pas. A la SNCF, aussi, la grève s'effiloche : à peine 15 % de grévistes, le week-end dernier.
Pourtant, le malaise est réel, aussi bien dans la fonction publique qu'à la SNCF
C'est vrai. D'ailleurs, le vot'action à la SNCF - le référendum interne - même si les conditions de vote étaient loin d'être parfaites va montrer un fort très rejet de le réforme chez les cheminots. Il n'empêche ce malaise ne suffit plus à mobiliser. C'est d'ailleurs un problème pour les syndicats, notamment pour la CGT qui a lancé toute ses forces dans la bataille.
Qu'est ce qui a changé ? Pourquoi la protestation n'arrive plus à mobiliser les foules ?
Deux choses :
D'abord, parce que depuis 2006 et le retrait du CPE, les gouvernements ne reculent plus face à la rue. Donc, on peut manifester, faire grève, protester autant qu'on veut ça ne change rien : la réforme passe quand même.
Et puis l'autre raison fondamentale, c'est l'opinion publique qui ne prend plus fait et cause pour les manifestants. C'est d'ailleurs la grande différence avec 95, ou la France entière avait soutenu les cheminots.
Selon un sondage dévoilé hier par Le Monde : 75 % des clients de la SNCF soutiennent la réforme. De même, selon un sondage Viavoice, une majorité de Français étaient contre la journée d'actions des fonctionnaires. Alors, attention, les Français sont toujours très attachés, aux services publics et à la SNCF. Simplement, ils ne font plus un lien automatique, entre défense des services publiques et défense des fonctionnaires. Au contraire, on se dit que pour assurer la pérennité de nos services publiques, il faut accepter de bouger un peu les choses dans son fonctionnement (sur la mobilité des agents, la rémunération au mérite, le temps de travail). Or, ces mouvements de protestation donnent l'impression de défendre le statu-quo, un statu-quo dont plus personne ne voit qu'il est durable.