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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Ce lundi matin, vous nous parlez d’art. D’art mal compris.

Attention, je ne vais pas vous parler de la situation institutionnelle de la France. Le personnel politique de ce pays se surpasse, le burlesque est partout, il a envahi notre quotidien, c’est une forme d’art, effectivement, qu’on ne comprend plus très bien. Mais rien à voir.

 Je vous raconte ce matin l’histoire d’un sculpteur, François Alix, relatée par France 3 Nouvelle Aquitaine. Il est installé dans la Vienne. C’est là qu’il a créé un jardin de métal, Hortus Magicus, il fait de ponts, de pergolas, de treillis de métal recyclé où poussent des fleurs de ferraille colorées. Une installation surprenante, assez poétique (mais c’est sans doute une question de goût).

Question de goût. L’art de François Alix laisse en tous cas insensible l’administration.

Le 6 mai dernier, il a eu une mauvaise surprise. Il a été sommé par les services de l’Etat de déclarer son terrain comme une déchetterie, et donc, de déposer tous les dossiers pour devenir une installation classée spécialisée dans le retraitement des déchets, et aussi de tout mettre aux normes du recyclage professionnel. Soit il se plie à la règle, soit il doit arrêter son activité.

Qu’est-ce qu’on lui reproche exactement ?

De stocker la matière première de ses sculptures. Les services de la Dreal, la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement de la Vienne ont constaté la "présence de plusieurs véhicules hors d’usage" ainsi que des “déchets de métaux" sur son terrain, en trop grande quantité. Avec des risques de pollution des sols à la rouille. Le sculpteur ne comprend pas : “Normal, que je stocke de la ferraille. Ma matière première artistique, c'est de la ferraille, comme si j’étais tailleur de pierre et que j’utilisais de la pierre "

 

Le sculpteur le prend très mal...

Que son travail soit assimilé à des détritus, c’en est trop. Il s’insurge : "Je trouve ça d’une injustice crasse. Je ne fais de mal à personne, je fais de l’art. On me parle de risques de pollution, je tombe des nues. Je fais extrêmement attention, je n'ai pas le moindre bidon d'huile, les moteurs des voitures sont enlevés... Je ne fais pas n'importe quoi !"

 

L’administration ne comprend rien à l’art et à la poésie ?

 

"Le problème, explique son avocat, c'est que l'administration plaque la réglementation sur la situation particulière de M. Alix. On considère qu'il ne correspond pas à la lettre au code de l'environnement, qui est fait pour les ferrailleurs, les professionnels. Rien n’existe pour les particuliers comme lui, ou pour les artistes. Il y a un flou juridique, une ambiguïté, qui peut profiter à l'Etat.

 

Le sculpteur veut bien enlever les carcasses de voiture, mais pas démonter son jardin."C'est totalement inconcevable et je n'en ai aucune envie. Ce qu’ils me demandent ne me concerne pas, je ne considère vraiment pas que ce sont des déchets”

De l’art ou des cochonneries ça va se régler au tribunal, le sculpteur a l’intention de contester la mise en demeure devant le tribunal administratif.