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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Ce week-end, dans la plaine de la Limagne, les opposants aux " bassines” de stockage d’eau ont manifesté, comme à sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, il y a quelques mois.

Ce sont les mêmes, venus lutter contre cette notion fantasque de “l’accaparement de l’eau” par l’agriculture. Comme si l’eau restait stockée dans les plantes et les animaux pour ne jamais être rendue à l’environnement. Comme si, l’agriculture n’était pas faite pour tous, comme si nous ne finissions pas par nous alimenter de ce qui a poussé grâce à cette eau.

Il y a deux retenues envisagées dans le Puy de Dôme. Elles pourraient stocker 0,12% du volume annuel moyen de l’Allier. L’équivalent de 17 heures de débit. L'idée est de prélever de l'eau en hiver dans l'Allier, quand elle abonde et part vers la mer sans être utilisée. Cela permet de limiter la pression sur la ressource en été. La France ne manque pas d’eau. Le changement climatique créée des extrêmes de sécheresse et de précipitations. Il semble logique et intelligent de gérer cette ressource. D’en faire provision.

Pourquoi cette opposition aux mégabassines ?

 Il est important de dire que ce n’est pas ce projet précisément qui pose problème. C’est la simple idée qu’on puisse stocker l’eau à grande échelle.

Les antibassines disent  leur opposition à un modèle agricole

Pour eux, les “ ultramégabassine”, c’est un truc de gros céréaliers de l’agrobusiness, qui font cracher la terre, pour exporter. Caricatural et malhonnête pour qui s’est réellement intéressé aux dossiers. Dans les deux Sèvres, les projets rassemblaient des agriculteurs très différents, dont des maraichers bio. En Auvergne,  les porteurs du projet sont pour certains des cultivateurs de maïs. Et alors ? Depuis quand c’est une honte de cultiver du maïs sur une des terres les plus fertiles de France ? Mais il y a aussi de petits éleveurs. Les opposants s’attribuent le droit de décider quelles fermes ont le droit de vivre selon leurs critères anticapitalistes et leur vision archaïque de l’agriculture.

Mais il y a aussi ce que vous appelez un dogme.

Une opposition religieuse, avec un double discours permanent. Les opposants somment l’agriculture de s’adapter au changement climatique, mais grâce à la magie, car aucun des outils ne sont à leur goût. Le présupposé irrationnel est qu’il ne faut pas “ perturber la course de l’eau”,  comme si elle était d’essence divine. l’idée en transparence, vous l’avez compris, c’est que l’homme est un parasite. La simple idée qu’il puisse “ gérer l’eau” horrifie, parce qu’ils ont une idée fantasmée de la nature. Il touche à leur Dieu païen.

Vive les mégabassines, alors ?

Je vais vous surprendre, mais non. Ce serait être aussi dogmatique que les manifestants des Soulèvements de la terre et de bassine non merci.

Personne ne dit que les stockages d’eau sont des solutions universelles et uniques. Tout est fonction de la ressource, du terrain géologique. Ca n’a pas de sens de vouloir en creuser partout... Mais ça n’a pas plus de sens d’y être systématiquement opposé.