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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Une décision surprenante de la mairie écologiste de Strasbourg. Elle vient de renouveler pour 9 ans les baux de chasse dans les forêts de l’intercommunalité,  aux portes de la ville.

Une mairie verte, réputée pour ses politiques animalistes. Elle ne veut plus d’animaux sauvages du zoo de la ville. Et elle prône une approche non létale de la lutte contre les animaux liminaires, rats ou punaises de lit. Une mansuétude qui ne s'applique pas aux sangliers. A Strasbourg comme ailleurs en France, ils prolifèrent. Pas parce qu'on les nourrit, comme on peut lire parfois, mais parce qu’ ils n'ont pas de prédateurs, que la ville s'est rapprochée de leur habitat. Et puis que le réchauffement climatique favorise leur reproduction. On a pu voir des sangliers se balader dans le centre de Strasbourg ces derniers mois.

Et donc, à Strasbourg, on se résout à continuer à réguler les sangliers par la chasse.

Contraint et forcé... Les sangliers provoquent énormément de dégâts. Chez les agriculteurs autour de la ville. Dans les forêts. Les techniques alternative, le piégeage, ne suffisent pas. Le conseil municipal concède donc des baux communaux aux sociétés de chasseurs, charge à eux de limiter la prolifération des suidés.

« Je respecte les positions qui contestent le recours à la chasse, mais, en tant que responsable de la biodiversité, nous sommes dans [l’obligation] de mettre en œuvre des techniques de chasse, de régulation d’animal en surdensité, cette il exerce une pression sur les milieux naturels qui n’est plus acceptable pour nous », c'est ce qu'a expliqué à la presse local  l’ adjoint à la maire de Strasbourg en charge de la transformation écologique du territoire.

Derrière tout ça , Il y a une particularité réglementaire de l’Alsace -Moselle.

Comme pour le droit du travail, ou la laïcité. Un héritage. Le droit de la chasse relève d’un texte local de 1881. Le gibier n’a pas le même statut qu’ailleurs en France. Il n’est pas une chose sans maître, mais un patrimoine à gérer.

Je vais essayer de faire simple. Partout en France, la facture des dégâts du gros gibier incombe aux chasseurs, ou, éventuellement, au propriétaire d’un territoire qui refuserait qu’on chasse sur son domaine. En gros, si le boulot de régulation n’est pas fait dans les règles, ils dédommagent les agriculteurs, ou les personnes victimes des ravages.

Mais pas en Alsace Moselle !

Ce sont les mairies qui ont la main sur le droit de chasse et qui doivent le louer, pour elles mêmes, ou pour les propriétaires de la commune. Si elles ne le font pas, parce que le maire serait contre la chasse, par ex... ce sont ELLES qui deviennent responsable financièrement des déprédations causées par le gibier. Avec l’argent public, l’argent des électeurs.

Or la facture est lourde... Pour le seul département du Bas-Rhin, un million d’euros de dégats causés par les sangliers en 2022, 1.4 millions en 2021... Ca contribue à un certain retour au pragmatisme.