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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Une histoire nantaise ce matin. Celle du projet de la Cité de l’imaginaire que la ville voudrait ouvrir en 2028 : un musée en l’honneur de Jules Verne. Il suscite déjà des cris d’horreur.

Une histoire racontée par Ouest France et par le Figaro. La Ville de Nantes voudrait honorer la mémoire deJules Verne, qui y est né, y a grandi et puisé une partie de son inspiration. La municipalité a prévu d’ouvrir un grand musée Jules Verne pour remplacer celui qui existe et qui est un peu désuet.

Elle a choisi pour cela une ancienne minoterie, dans une friche industrielle. Que n’avait-elle pas fait... Voilà qu’une association locale, le collectif de la Commune de Chantenay, se déchaîne. Il dénonce un “ héritage toxique” que celui de Jules Verne.

Qu’est -ce que ce collectif reproche à l’auteur du Voyage au centre de la Terre ?

Le communiqué du collectif ressemble à un bingo des paniques morales des antitout : Le projet n’est pas seulement toxique, il est aussi “destructeur du vivant et du lien social ». Comme si cela ne suffisait pas, le collectif en rajoute une louche :  «Difficile de trouver un seul des 82 romans de Jules Verne qui ne porte pas de traces indélébiles d'idéologie sexiste, racialiste et colonialiste”. Le Figaro cite deux membres du collectif, qui qualifient Jules Verne “d’écrivain blanc et bourgeois, aux récits problématiques, à la fois raciste et antisémite”. Je vous l’avais dit, on coche toutes les cases du loto de l’indignation.

Mais cela va au-delà.

On a l'habitude maintenant de la mauvaise manie de relire les œuvres du passé avec les lunettes du présent, même Shakespeare et les auteurs grecs n’y échappent pas. Mais il y a plus sournois. Le collectif écrit : « La métropole nantaise ne peut fermer les yeux sur la place et le rôle de l’imaginaire vernien dans la crise écologique contemporaine. Car Jules Verne “vénérait les machines et le “progrès” du capitalisme prédateur au XIXe siècle.”

Jules Verne ? A l’origine de la crise écologique ?

Jules Verne a fait rêver des générations d’enfants, avec la mise en scène littéraire d’inventions qui les projetait dans de nouveaux possibles. Il a fait un travail de vulgarisation des techniques et de la connaissance... En cela, il a été un héritier des lumières : il a suscité des vocations d’inventeur, d’ingénieur, d’entrepreneurs. Il a insuflé l’idée que l’Homme pouvait aller plus loin, faire mieux, avec la technologie. Et ça, dans les milieux écolo anticapitalistes et décroissants, c’est l’origine de la crise écologique. L’homme s’est affranchi d’une nature totalement fantasmée, il en paie le prix.

Et donc, Il faut nettoyer l’imagination des enfants, récurer ce qui les incite à trop d’imagination,  lessiver ce qui les pousse à questionner le monde, à prendre le goût du voyage et de l’inconnu.  Sous les habits du progressisme sociétal antiraciste, anticolonialiste, bienveillant et moral, un délire de pureté et un besoin très réactionnaire de contrôle et de bridage des cerveaux.