La fuite en avant de la dette sociale

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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

En ce moment se déroule à l’Assemblée une commission d’enquête sur l’augmentation de la dette publique depuis 2017, présidée par le LR Philippe Juvin. Et au fil des travaux, on s’aperçoit que la dette publique n’est pas notre seul problème. Notre dette sociale est en train de se creuser à vitesse grand V.. Et on ne sait pas comment y faire face

Histoire d’une fuite en avant racontée dans les colonnes de l’Opinion par mon confrère Marc Vignaud, après l’audition hier du président du Conseil d’administration de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades). La Cades, c’est un organisme né en 1996 pour  éponger la dette de la sécu... Une dette qui n’aurait jamais dû exister. Oui :  la Sécurité sociale matérialise la solidarité entre Français, ses dépenses sont des dépenses courantes, pas des dépenses d’investissements, elle ne devrait pas avoir à s’endetter pour assurer les prestations sociales.

Mais elle le fait allègrement.

Le coût de notre modèle social et de notre Etat Providence. La Sécu et ses différentes branches, maladie, famille, retraite, etc, dépensent plus que leurs recettes. Et c’est ainsi que la dette sociale s’est enkystée.

En 1996, 65 milliards de francs de dette sociale. Un tel marasme qu’Alain Juppé premier ministre avait créé un organisme pour éponger cette dette sociale, la Cades, et l’impôt qui allait avec, la CRDS, la Contribution pour le remboursement de la dette sociale. 

Ca devait être rapide. En 2009, ça devait être plié, la cades devait avoir remboursé les dettes et disparaître.  Trente ans après, la Cades et la CRDS sont toujours là. Et la dette sociale avec, mais démultipliée

Et ce qui se dessine au cours des auditions, c’est qu’on n’est pas près de s’en débarrasser.

Avant le Covid, on avait l’espoir de voir la dette sociale enfin épongée, peut-être en 2024. Espoirs qui ne sont plus que des lointains souvenirs. Et ça ne va pas s’arranger. Le déficit de la branche maladie s’aggrave avec le vieillissement de la population. L’Etat ne parvient pas à redresser la barre. Il stocke toujours plus de dette dans la Cades. À fin 2023, il lui restait 145 milliards d’euros de dette sociale à rembourser.

Selon le Haut conseil du financement de la protection sociale, 60 milliards devraient encore s’accumuler d’ici à 2027. Le remboursement de cette dette est une tâche de Sisyphe, le fardeau est toujours plus lourd... Aux dernières nouvelles, la Cades est supposée fermer ses portes définitivement en 2033. Personne n’y croit.

Les pilules vont être amères

Oui... Les spécialistes alertent. Il faut d’urgence redresser les comptes. Deux solutions qui ne s’excluent pas : prélever plus, sur les entreprises, les ménages... Ou rembourser moins. Dans les deux cas, des mesures impopulaires. Une prise de conscience s’impose : si on ne veut pas planter la Sécu, nous devons collectivement cesser d’exiger d’elle qu’elle vive au–dessus de ses moyens.

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