Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Ce week-end, dès vendredi, les opposants aux réserves d’eau emmenés par les collectifs “ bassines non merci” et “ les soulèvements de la terre” ont prévu de se réunir dans la Vienne et les Deux-Sèvres, à Mauzé sur le Mignon et Sainte Soline. Le service central du renseignement territorial classe ce deuxième week-end d’action collective des anti-bassine « à haut risque ».
Nos confrères de RTL ont eu accès à une note du service central du renseignement territorial. Selon celle-ci, de 7.000 à 10.000 personnes sont attendues à ce rassemblement. “Des opérations de sabotages sont susceptibles d’être menées par des groupes d’activistes qui viseront les retenues en cours de construction, mais aussi les entreprises liées au projet.”
Est-ce que les services de renseignements jouent à se faire peur ?
Non, et pour plusieurs raisons. D’abord, parce que fin octobre, une précédente manifestation à Sainte-Soline, qui avait rassemblé un peu plus de 4.000 et personnes avait dégénéré, en sabotage, mais aussi en affrontements. 1 500 gendarmes avaient été mobilisés, 61 gendarmes blessés et plusieurs manifestants avaient été blessés. Et il y a un an, des manifestations avaient déjà suscité de grandes tensions. La mobilisation va crescendo.
Et puis, il y a le climat social, lié à la réforme des retraites.
Il faut voir le de bouillon qui mijote son opposition aux bassines. Des associations environnementales nationales, qui ont doublé les antennes locales, souvent bien plus modérés et qui avaient participé aux processus d’élaboration des projets.
Dans un combat devenu politique, elles ont agrégé des groupes anticapitalistes. Une vitrine, comme le nouveau parti anticapitaliste, et des groupuscules pour lesquels l’irrigation n’est qu’un vague prétexte à venir faire du tapage. Des black blocks qui ont envie d’en découdre et font des tours d’Europe du coup de poing, des vétérans de Notre Dame des Landes, et puis des Syndicats, comme la CGT et Solidaires. La dernière fois, on avait aussi vu des élus, LFI, verts, sur le terrain, qui s’étaient plaints des lacrymo. On voit bien que tout ce monde a envie de parler de tout autre chose que de retenues d’eau. Les abords des bassines risquent de devenir des annexes des scènes d’affrontements urbains post 49.3. Avec le risque que ça s’enkyste.
Sur les boucles Télégram des activistes, on s’échauffe.
Il faut lire cette littérature, et notamment les livrets de conseil pour guerilleros en herbe. Ils mêlent recettes anti lacrymo et prévention du sexisme en manif, conseils pour éviter les bornages téléphoniques, et tuto sur les réponses à donner en garde à vue, point juridique sur les prises d’ADN, contact du pôle, conseils santé, alimentation, point fringues pour arriver en pleine forme aux lieux d’action, et techniques à adopter en cas de castagne. Le tout en écriture inclusive. On peine raiment à croire qu’on parle bien de protestations contre dispositifs d’irrigation.
Et les agriculteurs dans tout ça ?
Un autre monde. Il faut lire, dans la Nouvelle République , le reportage consacré aux agriculteurs qui tentent, tant bien que mal, de faire leur travail autour des bassines. Certains sont en polyculture élevages, certains en agriculture bio. Des agriculteurs écœurés d’être considérés comme des suppôts de l’agro-industrie, incrédules d’être embarqués dans ce délire. Ils décrivent la souffrance, l’épuisement, les menaces, les enfants traumatisés. Ils ont d’ailleurs porté plainte, pour les dégradation et pour harcèlement moral. Ils ne savent pas comment ils sortiront de ça. Ça ne semble plus rationnel. « On fait tout ce qu’on peut. Le dialogue, on l’a déjà amorcé mais avec un pistolet sur la tempe, c’est difficile. »