Chaque matin, Fannie Rascle nous parle d'alimentation, de "mieux manger", de solutions concrètes pour changer ce qu'il y a dans notre assiette.
Fannie Rascle remplace Marion Sauveur du 19 au 23 mars 2018.
On parle d’un tubercule qui sent bon “la nature qui se réveille” : la pomme de terre primeur !
On prend la direction de l’Île de Ré, sur ce petit bout de terre calcaire gentillement balayé par les brises marines avec un soleil généreux mais pas trop, il y a 20 ans, une petite “patate” a obtenu une prestigieuse AOP : Appellation d’origine protégée.
20 ans, ça se fête non ? Alors autour du gâteau d’anniversaire, ils seront 11 à souffler les bougies, 11 producteurs installés sur l’île de Ré, pas plus. Ils ne se partagent que 120 hectares de terre à cultiver. On est vraiment sur une AOP taille confetti.
On la reconnaît à quoi cette pomme de terre de l’Île de Ré ?
En bout de chaîne, si vous allez chez le primeur dans quelques semaines, vous verrez peut-être apparaître une cagette bleu turquoise. Mais ce qui est intéressant quand on parle d’AOP, c’est surtout de regarder le cahier des charges : c’est la bible de la pomme de terre de l’île de Ré.
Premier commandement : dans un germoir, tu grandiras. C’est ça le secret de ces primeurs : pour les réveiller plus vite après l’hiver (façon marmotte à qui on montrerait le soleil avant l’heure) les producteurs placent (pendant quatre semaines) les plants dans un espace protégé : avec la bonne température, la bonne lumière, la bonne hygrométrie. Ça dope naturellement la croissance du germe.
Et après ? On plante ! C’est ce que font les producteurs en ce moment-même, les deux pieds dans la terre.
Alors ils ont eu un peu peur il y a deux semaines : un mauvais coup de gel, de la neige, c’est pas vraiment la carte postale qu’on a l’habitude de voir. Les tout premiers plants ont “grillés”. Mais la relève est déjà prête et on devrait avoir une récolte normale à partir de la fin du mois d’avril.
On les cuisine comment vos pommes de terre de l’Île de Ré ?
C’est ultra-facile. Vous n’enlevez pas la peau, vous les faites cuire à la vapeur, vous posez dessus une noisette de beurre salé et c’est prêt.
Non le vrai défi avec cette pomme de terre “primeur”, c’est le timing. Elle doit être expédiée le jour même de sa récolte. Mais après, il ne faut pas mollir : vous n’avez que quelques jours pour la manger. Elle est fragile, la petite !
Et chère aussi, on ne va pas se mentir : en début de saison, on flirte parfois avec les 10 euros le kilo. Alors le secret, même si on a très, très envie de printemps, c’est peut-être juste d’attendre que les prix baissent un tout petit peu pour l’acheter. Si tout va bien, 2.000 tonnes de pommes de terre de l’Île de Ré devraient être produites cette année.