Chaque matin, Marion Sauveur nous parle d'alimentation, de "mieux manger", de solutions concrètes pour changer ce qu'il y a dans notre assiette.
Nous sommes en pleine semaine de la pêche durable et justement dans votre assiette Marion Sauveur, il y a du bar : un poisson en danger.
Oui Raphaëlle, le bar sauvage est un poisson pêché en mer Méditerranée, en mer Noire et dans l’Atlantique. Depuis 10 ans, il se fait de plus en plus rare dans certaines eaux. Le bar souffre de la surpêche. en particulier en pleine période de reproduction, ce qui met en danger le maintien de l'espèce.
La période de reproduction du bar, c’est en ce moment. entre janvier et mars.
Et les pêcheurs au chalut. Vous savez ces grands filets en forme d’entonnoir se postent sur les frayères. Dans ces zones de reproduction du poisson, les bars sont rassemblés, par milliers, pour se reproduire. dans des fonds de 10 à 15 mètres. D’ordinaire solitaires et combatifs. là dans les frayères, les bars sont vulnérables. C’est plus facile de les capturer en grande quantité. D’après les derniers chiffres de l’IFREMER, le stock de géniteurs est en baisse constante d’années en années.
Il n’y a pas de mesures de restrictions ?
Si, il y en a. L’Union Européenne est parvenue à un accord en décembre dernier pour interdire la pêche de ce poisson à cette période. Ça ne concerne pas toutes les zones de pêche. mais uniquement là où les stocks de bars sont le plus en déficit : au-dessus du 48e parallèle. C’est-à-dire au nord de Brest.
En dehors de février et mars, des quotas ont été institués.
Il n’y a pas que les professionnels qui sont restreints. Pour les pêcheurs plaisanciers, c'est zéro poisson, toute l'année. Seule la pêche avec remise à l’eau, que l’on appelle no-kill, est autorisée. Sous ce 48e parallèle, il n’y a aucune restriction. Et les professionnels l’ont bien compris. Ils sont donc nombreux à se déporter dans cette zone. Le bar y est pêché facilement et en abondance.
Quelle est la conséquence ?
Depuis plusieurs semaines, les étals sont envahis de bars sauvages. Les consommateurs sont persuadés que c’est la saison du bar. puisque les prix sont très bas. Le mâle est en laitance, la femelle pleine d’œufs et leur chair est molle.
Un mouvement "Le bar hors des étals de janvier à mars" a été créé pour sensibiliser les consommateurs, et une pétition lancée.
Suite à la pression du mouvement, plusieurs enseignes se sont engagées à ne pas vendre de bar sauvage pendant sa période de reproduction. c’est le cas notamment de Super U. Leclerc et Carrefour ont diffusé une consigne éco responsable à charge des magasins de la respecter.
De son côté Greenpeace comme beaucoup d’ONG demande à ce que la pêche du bar soit fermée pendant la période de reproduction.
Si on veut manger du bar. Il faut attendre le mois d’avril ?
Vous avez tout compris Roland. Comme pour les fruits et légumes, il faut respecter la saisonnalité aussi pour les poissons. Ce que je ne vous ai pas dit c’est que le bar est aussi appelé loup en Méditerranée. Loup, parce que c’est un prédateur vorace : lorsqu’il n’est pas en période de reproduction. Le bar et le loup de mer sont le même poisson !