Chaque matin, Marion Sauveur nous parle d'alimentation, de "mieux manger", de solutions concrètes pour changer ce qu'il y a dans notre assiette.
Ce jeudi, on regarde l’étiquette des pots de miel.
Depuis cette semaine, indiquer les pays de provenance pour les miels d’assemblage est obligatoire. Les députés ont voté un amendement du gouvernement au Projet de loi agriculture et alimentation en ce sens et les producteurs ont jusqu’au 1er septembre 2019 pour s’y conformer.
Jusqu’à aujourd’hui, l’étiquetage de ces miels (principalement vendus en grande surface) était assez vague. Il était mentionné “mélange de miels originaires de l’UE” pour Union Européenne ou “mélange de miels non-originaires de l’UE”.
Avec cette décision, la France suit ainsi l’exemple de l’Italie et de la Grèce. L’Union nationale de l’apiculture française et la Fédération française des apiculteurs professionnels à l’origine de cet amendement espèrent maintenant que l’ensemble de l’Europe adoptera cette mesure.
La majorité des miels vendus en France sont-ils français ?
Non, loin de là ! La plupart des Français en sont pourtant persuadés. Chacun d’entre nous consomme chaque année 600 grammes de miel, ce qui équivaut à 40.000 tonnes de miel par an. Alors que les apiculteurs français n’en produisent aujourd’hui plus que 10.000 tonnes. C’est trois fois moins qu’il y a 20 ans. Les trois quarts du miel vendu en France vient donc de l’étranger.
Parmi ces miels étrangers, il y a du miel frelaté en provenance d’Asie du Sud-Est. Il est coupé au sucre, pour réduire les coûts.
Comment explique-t-on cette rareté du miel français ?
Tout simplement parce que les abeilles disparaissent. La faute aux prédateurs et au dérèglement climatique. Mais pas seulement ! Les apiculteurs montrent principalement du doigt les pesticides, utilisés dans l’agriculture intensive.
Cependant, les choses avancent puisque l'Union européenne a voté il y a quelques semaines l'interdiction de trois pesticides accusés depuis plus de 20 ans de causer la disparition des abeilles.
Nous n’en avons pas forcément conscience mais 84% des espèces cultivées en Europe dépendent des pollinisateurs et notamment des abeilles, 75% des cultures de l’activité des abeilles. Pour s’y sensibiliser, à la mi-juin se dérouleront notamment les APIdays dans 130 villes françaises. Trois journées militantes, pédagogiques et gratuites en faveur des abeilles. Et vous pourrez notamment visiter des ruches.
Qu’est-ce qu’un miel de qualité ?
C’est avant tout un miel dont on connaît la provenance. Un miel avec une traçabilité, une appellation et qui est réalisé par un apiculteur consciencieux.
Mais ça ne suffit pas forcément. Pour Julien Henry, responsable de l’établissement centenaire La Maison du Miel à Paris, il faudrait rendre obligatoire les analyses biologiques sur les miels pour déceler toutes traces de pollution. Par exemple, si les abeilles ont ramené des résidus d’antibiotiques des élevages alentours.
Mieux vaut acheter son miel dans une épicerie fine, pour avoir des miels non pollués et réalisés avec soins. Comme ce grand classique de la Maison du miel : le miel de lavande fine, un miel blanc et crémeux originaire des montagnes du Sud-est de la France.
Même si écologiquement parlant c’est mieux de consommer local, il y a du très bon miel en provenance d’autres pays. Il y a, par exemple, un miel de thym en provenance de Crète. La structure géologique de l’île est très adaptée aux plantes aromatiques, ce qui donne un goût au miel extrêmement riche et complexe.