Un banquier anglais est jugé pour avoir torturé et tué deux domestiques en 2014. Les domestiques ont manifesté lundi pour réclamer un procès équitable.
La presse internationale se fait écho un procès retentissant qui s’est ouvert lundi et tient la ville de Hong Kong en haleine. Un banquier britannique est accusé d'avoir tué, en 2014, et sauvagement torturé deux jeunes prostituées. L'affaire avait plongé la ville dans la stupeur, en révélant les mœurs de riches expatriés. Chez Rurik Jutting travaillait pour la Bank of America, les enquêteurs ont retrouvé les corps de ces jeunes femmes, l’une presque décapitée, l’autre dans une valise. Il les avait attirées contre de l'argent dans un bar.
La première, Sumarti, 23 ans, sera torturée pendant plus de 3 jours. C’est lui qui finalement avait appelé la police, après le second meurtre, il disait halluciner à cause de la cocaïne. Il plaide aujourd'hui non coupable et ce qui électrise la presse ce sont les détails qui vont être révélés mardi, car le banquier a filmé ses crimes. Il raconte lui-même le plaisir qu’il a prit à dominer ces jeunes femmes. Et ces vidéos vont être montrées au jury.
Les outrances de la ville éclatent au grand jour. L’histoire est horrible, mais dépasse le simple fait-divers. Les pires outrances de la ville, qu’on refuse de voir d’ordinaire, sont comme cristallisées par cette affaire : les inégalités sont délirantes à Honk Kong, le fossé béant entre ces banquiers qui gagnent des salaires à six chiffres, et ces étrangères qui les servent. 300.000 travailleuses immigrées, qui viennent essentiellement d'Indonésie ou des Philippines, travaillent a Hong Kong.
Les domestiquent demandent un procès équitable. Sur le papier, elles ont des droits, un salaire minimum et 24 heures de repos par semaine, mais dans les faits elles sont trop souvent exploitées, forcées de vivre, c’est la loi, chez leur employeur. Et leur présence sur le territoire est liée à leur contrat. Un banquier peut devenir résidant au bout de sept ans, une domestique, non. Sumatra, l’une des victimes, était sous ce statut à Hong Kong, pour faire vivre son fils de cinq ans en Indonésie. C’est la misère qu’il l’a poussée à se prostituer. Et c’est pour cela que lundi, des dizaines de domestiques ont manifesté devant le tribunal. Ils réclament un procès juste, équitable, et ils espèrent surtout qu’il servira de tremplin à leurs revendications.