La future orientation de la plus haute institution législative des Etats-Unis dépendra du futur président.
C’est passé un peu inaperçu mais la Cour Suprême américaine a fait sa rentrée hier. Or, c'est l’un des plus grands enjeux de l’élection présidentielle, pour une simple raison : le prochain président des Etats-Unis pourrait avoir à nommer plusieurs nouveaux juges et donc donner l’orientation de la Cour Suprême pour des dizaines d’années à venir, puisqu’ils sont nommés à vie. La Cour Suprême est très importante, parce qu’elle a souvent le dernier mot sur des grandes questions de sociétés : avortement, mariage gay, port d’armes, etc.
La majorité dépend du futur président. Ils sont neuf juges d’ordinaire, pour pouvoir arriver à une décision quand ils votent. Aujourd’hui, ils ne sont que huit à avoir repris le chemin de la Cour car l'un d'entre eux est mort cette année. Egalité parfaite : quatre juges conservateurs et quatre juges progressistes. Et c’est donc le prochain président qui choisira le 9ème et donnera ainsi une majorité à un camp, sachant que la plus haute juridiction américaine est à droite depuis plus de 45 ans. Mais ce n’est pas tout : parmi ces juges, certains sont vieux, deux ont plus de de 80 ans, un autre 78 ans. Donc le prochain président pourrait se retrouver à leur choisir à eux aussi des successeurs. Et cela fait très peur aux conservateurs. Ils pourraient se retrouver avec une majorité de gauche à la Cour pour des dizaines d’années, si Hillary Clinton arrivait à la Maison Blanche. Une Cour à gauche pourrait vouloir limiter le port d’armes ou abolir la peine de mort.
Ralliements à Trump. La Cour Suprême est donc devenue un argument de campagne. Beaucoup de Républicains bon teint disent : "D’accord, Donald Trump? c’est pas notre tasse de thé. Mais au moins il choisira des juges qui nous conviennent, alors autant voter pour lui en se bouchant le nez, son mandat ne durera que 4 ans, alors que la Cour Suprême c’est pour les 40 prochaines années". C’est un argument qui fonctionne : il y a eu des ralliements à Trump juste pour cette raison, et il l’a bien compris puisqu’il a déjà sorti les noms de ses favoris pour la Cour Suprême, des magistrats très conservateurs.
Débat de vice-présidents. En attendant, la course à la Maison-Blanche passe ce soir par un nouveau débat à la télé entre Mike Pence et Tim Kaine. Qui ? Même les Américains interrogé à la télé dans des microtrottoirs ont du mal à reconnaître les colistiers respectifs de Donald Trump et Hillary Clinton, candidats pour la vice-présidence. Le premier dit lui-même qu’il est "boring", ennuyeux, l’autre avoue que "personne ne le connait". Leur débat ne changera pas le cours de l’élection. Mais il peut aider changer l’ambiance, à sortir d’une mauvaise période par exemple.
Nettoyer les erreurs de Trump. Cela veut dire que Mike Pence a du boulot ce soir, explique avec un certain sens de la métaphore, l’experte politique de NBC Nicole Wallace. "Il pourrait bien apporter une serpillière et un seau ce soir, parce qu’il va passer tout le débat sur la défensive, à nettoyer tout le bazar que Trump a mis lui-même. Trump dit quelque chose, puis il s’enfonce, puis il tweete, et c’est encore pire." Mike Pence, très discipliné, bien élevé, chrétien avant tout, est le parfait jumeau bénéfique de Trump. Cette guerre par procuration qu’il va livrer sera quand même regardée par plusieurs millions d’Américains ce soir.
Trump se glorifie de ne pas payer d'impôts. Enfin, dernier épisode du feuilleton des impôts de Trump. Jusqu'ici, les lieutenants de Trump criaient au génie parce qu’il avait réussi à ne pas payer d’impôts. C’est désormais le milliardaire lui-même qui s’envoie des fleurs. "J'ai utilisé en toute légalité les lois fiscales à mon profit. Franchement, j'ai brillamment utilisé ces lois. L'injustice des règles fiscales est incroyable, j'en parle depuis longtemps, alors que franchement j'en suis un des bénéficiaires ! Mais je travaille pour vous maintenant, je ne travaille pas pour Trump". Des experts fiscaux interrogés par les média ne sont pas tellement impressionnés : "pas besoin d’être un génie, dit l’un d’entre eux, même un chimpanzé" aurait su utiliser les niches fiscales de Donald Trump.