Alors que les agriculteurs faisaient leurs semailles et élaboraient leur calendrier de travail en fonction de situations cycliques et répétitives observées depuis des générations, ça ne marche plus aujourd'hui.
Le changement climatique peut se mesurer à l’échelon local par le chamboulement de la météo du quotidien, il n' y a plus de saison mais du coup plus de dictons non plus ?
Les dictons étaient auparavant des points de repères pour travailler la terre. Ici, comme partout en campagne, les anciens faisaient leurs semailles, calculaient la montée à l’estive et articulaient le calendrier de travail en se basant sur des générations de fines observations météorologiques et de cyclicité de la nature.
Une chrono-biologie bien huilée sur 365 jours et autant de saints pour nous le rappeler.
Mais aujourd’hui le dicton serait-il devenu du bidon ? C’est ce que déplorent nos anciens qui se voient perdus sans leurs repères calendaires.
Cela signifie que plus aucun dicton ne vaut la peine d’être pris au sérieux ?
Il y a une part de vérité mais il est illusoire de s’y référer aveuglement.
Rappelons que l’hémisphère nord on a connu 10.000 ans de stabilité climatique quasi totale depuis la dernière glaciation. 10.000 ans durant lesquels a pu se développer l’agriculture. Mais ce qui évolue aujourd'hui avec cette tendance au changement climatique, c’est l’amplitude, l’ampleur des phénomènes météo, c’est cela qui vient questionner les grands principes d’autrefois. Quand un dicton annonce "Jour de l’an beau, mois d’août très chaud", en 2020 ce serait plutôt "Jour de l’an chaud, mois d’août caniculaire" ou encore "Noël au balcon, Pâques au tison", "Noël sur un transat, Pâques comme à Ouarzazat !"
On remarque que tout est exacerbé dans un monde où le climat est déréglé.
Nous pourrions alors définir de nouveaux dictons version 21e siècle ?
Pourquoi pas des dictons inspirés des bouleversements liés aux activités humaines ? Des dictons concoctés aux petits oignons version anthropocène qui nous inciteraient tout au long de l’année à adopter un comportement vertueux pour lutter contre changement climatique, comme "À la Sainte-Yvonne, réduis ton emprunte carbone!", "À la Sainte-Chantal, tout ce que tu manges sera local" ou encore "À la Saint-Matthieu, divise ta consommation en viande par deux !".